Rsg Production

Rumours

Rumours,

nuit blanche au sommet

 
Rumours
 

2024/2025

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Frappadingue. C’est le premier mot qui nous vienne à l’esprit pour décrire « Rumours », un long-métrage totalement chtarbé. Le point de départ de l’intrigue : à Dankerode, en Allemagne, les dirigeants du G7 se retrouvent dans les jardins d’un château, afin de discuter d’une énième crise et d’établir une énième déclaration commune sur leur énième vision du monde. Mais le dîner de travail sous un onirique kiosque vire rapidement au surnaturel, au cauchemar et à l’absurde…

Gare à celles et ceux qui s’attendraient à une leçon de diplomatie, le scénario s’en éloigne beaucoup. Les trois réalisateurs eux-mêmes (parce que oui, ils sont trois à avoir produit ce film en moins de deux semaines) affirment que si les personnages avaient été des étudiants et non des femmes et des hommes politiques, l’histoire aurait été sensiblement la même. Certes, les premières minutes sont particulièrement réalistes – avec des photos officielles de la réunion, des journalistes plus que des paparazzis et une ambiance à la fois solennelle et contenue –, mais plus le temps passe, plus la situation se dégrade et prend un tournant… inattendu.

« Rumours » est de fait difficilement classable, parce qu’il entremêle, parfois à outrance et souvent par inadvertance, plusieurs genres et sous-genres, allant de l’horreur à la tragédie en passant par le burlesque et le mélodrame – oui, oui. Le film propose ainsi des images relativement léchées dans son premier quart, tandis qu’il nous soumet plus tard des atmosphères beaucoup plus fantastiques (à l’instar de la séquence du bac), déroutantes (l’incendie), satiriques (les pelles) voire carrément kitsch et dignes d’un feuilleton à l’eau de rose (l’échappée romantique de deux personnages).

L’éclairage y est d’ailleurs clairement pour quelque chose, avec des couleurs qui marquent (le violet, le jaune, le bleu), mais les dialogues ne sont pas en reste. Écrites très majoritairement en anglais, certaines scènes sont néanmoins amusément polyglottes – avec un tordant monologue en français déclamé par Denis Ménochet et toute une séquence poilante avec la suédophone Alicia Vikander.

Le très bon casting, porté en grande partie par Cate Blanchett dans le rôle de la chancelière allemande, colle ainsi parfaitement au rôle à la fois charismatique et pompeux qu’on adosse à nos cheffes et chefs d’État – qui pourtant demeurent des êtres humains qui, lorsqu’ils sont loin du public et surtout en danger, agissent et réagissent de façon bancale voire grotesque. Qualifier « Rumours » de comédie satirique serait ainsi très réducteur tant le film multiplie les idées intelligemment stupides et les changements de registre. Il s’agit ni plus ni moins d’un délicieux ovni cinématographique appréciable et interprétable de mille et une façons.

Axel Chevalier

 

Wild. Wacky. Insane. These are the first words that come to mind to describe “Rumours”, a totally over-the-top feature film. The basic premise: in Dankerode, Germany, the G7 leaders meet in the gardens of a mansion to discuss the umpteenth crisis and draw up the umpteenth shared declaration on their umpteenth vision of the world. But the dinner meeting under a dreamlike gazebo quickly turns supernatural, nightmarish and utterly absurd…

For those expecting a lesson in diplomacy, beware: the script is far from it. The three directors themselves (yes, there are three of them who made this film in less than two weeks) claim that if the characters had been students rather than politicians, the story would have been pretty much the same. Admittedly, the first few minutes are particularly realistic – with official photos of the meeting, journalists more than paparazzi, and an atmosphere that’s both formal and composed – but the more time passes, the more the situation deteriorates and takes an… unexpected turn.

As a matter of fact, “Rumours” is quite hard to label, because it interweaves, sometimes excessively and often inadvertently, several genres and sub-genres, from horror to tragedy to burlesque and melodrama – yes, all of that. In the first part of the film, the visuals are relatively sleek, while later on we get to experience atmospheres that are much more fantastical (as in the ferry sequence), confusing (the fire), satirical (the shovels) or even outright kitschy and soap opera-like (the romantic escape of two characters).

The lighting is quite clearly part of the equation, with striking colors (violet, yellow, blue), but the dialogue is no less impressive. Most of the scenes are written in English, but some are amusingly polyglot – with a hilarious French monologue by Denis Ménochet, and a whole zany sequence with Swedish-speaking Alicia Vikander.

The excellent cast, led by Cate Blanchett in the role of the German Chancellor, fits in therefore perfectly with the charismatic, pompous role we ascribe to our heads of state – who, however, remain human beings who, when far from the public and especially in danger, act and react in a wobbly, even grotesque way. To describe “Rumours” as a satirical comedy would be to oversimplify the film’s many cleverly silly ideas and changes of register. It’s nothing less than a delightful cinematic surprise that can be enjoyed and interpreted in a million ways.

Axel Chevalier

They Cloned Tyrone
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