Rsg Production

Memory

 
Coupe Volpi du Meilleur Acteur – Venise
 

2023/2024

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Primé à la Mostra de Venise l’an dernier, ce beau drame romantique qui navigue entre tension et délicatesse met en scène une histoire de rencontre et de couple entre deux personnages brisés et réparés par l’amour. Le scénariste et réalisateur mexicain multi-primé à Cannes et Venise Michel Franco renverse ici les codes de la comédie romantique en contant l’histoire de ces deux êtres en souffrance que tout oppose en apparence : l’un s’accrochant à sa mémoire quand l’autre fait tout pour oublier le passé.

Sylvia mène ainsi une vie simple structurée par son travail, son intelligente fille, et sa routine de santé mentale quand sa rencontre avec Saul va profondément les affecter tous les deux en ouvrant les portes du passé. C’est la rencontre de deux âmes blessées par la vie dont la relation à tâtons, à leur rythme, va devenir la porte de sortie du malheur. C’est une étude de personnages mêlant des thèmes complexes comme la peur provoquée par une agression, sa généralisation progressive, la guérison qui s’ensuit ainsi que le mensonge et évidemment la mémoire, socle de notre identité au gré de nos aventures.

C’est une histoire qui aurait pu tomber dans le plus grand pathos, pourtant Michel Franco sort des conventions narratives aux parcours prévisibles et aux scènes d’exposition. Il cherche à reproduire le désordre et l’instabilité qu’est la vie où chaque instant partagé débouche sur l’inconnu. En un instant tout peut déraper. On reste alors toujours sur ses gardes par la tension que ménage le réalisateur – avec quelques scènes de suspense ou d’effroi – bien qu’il ne s’agisse vraiment pas d’un thriller.

Ce sont avant tout les performances du duo d’acteurs Jessica Chastain & Peter Sarsgaard – aux côtés notamment de Josh Charles et de la jeune Brooke Timber dans un rôle crucial très bien interprété – donnant vie à ces personnages fouillés et attachants qui portent le film. Adepte des longs plans fixes, le réalisateur leur laisse le cadre, souvent à distance, dans une mise en scène clinique aux teintes gris pastel. Mais la mise en scène aurait pu enrichir plus les scènes et rendre ce récit puissant, encore plus fort, marquant, voire bouleversant.

Raphaël Sallenave
 

Awarded at last year’s Venice Film Festival, this beautiful romantic drama hovers between tension and delicacy, portraying a story of encounter and relationship between two broken characters restored through love. Mexican writer-director Michel Franco, who won multiple awards at Cannes and Venice, subverts the codes of the romantic comedy by telling the story of two suffering beings who seem to be at odds with each other: one clings to his memory, while the other does everything in his power to forget the past.

Sylvia leads a simple life focused on her work, her intelligent daughter and her mental health routine, when her encounter with Saul deeply impacts them both, opening the door to the past. This is the coming together of two souls scarred by life, whose groping relationship, at their own pace, becomes their way out of unhappiness. This is a character study dealing with complex themes such as the fear triggered by abuse, its gradual spreading, the healing that follows, as well as deceit and, of course, memory, the very bedrock of our identity as we venture on our daily lives.

This is a story that could have fallen into pathos, but Michel Franco breaks away from the conventions of predictable storytelling and exposition scenes. He aims to capture the messiness and instability of life, where every shared moment leads to the unknown. In an instant, everything can fall apart. So we stay alert at all times, thanks to the tension the director builds up – with a few scenes of suspense or dread – even though this is definitely not a thriller.

Above all, the film is driven by the performances of the acting duo Jessica Chastain & Peter Sarsgaard – alongside Josh Charles and the young Brooke Timber in a crucial, well-acted role – who bring these earnest, endearing characters to life. The director’s fondness for long static shots means that he hands them the frame, often from a distance, in a clean, pastel-gray tone. But the direction could have enriched the scenes even more, making this powerful story even stronger, more striking, or even heartbreaking.

Raphaël Sallenave
Scenes from a Marriage
Past Lives