Rsg Production

La Planète des Singes : Le Nouveau Royaume

 
Kingdom of the Planet of the Apes
 

2024

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Alors que la trilogie des années 2010 relançait avec grand succès l’univers de « la Planète des Singes », ce nouveau film vient s’inscrire dans la continuité des trois précédents sur le parcours de César, tout en ouvrant une voie nouvelle. Il n’est donc pas indispensable d’avoir vu les films de Rupert Wyatt et Matt Reeves avec Andy Serkis dans le rôle principal pour comprendre les événements de ce nouvel opus. Dans cette nouvelle dynamique, la saga s’offre un changement de scénariste et de réalisateur avec respectivement Josh Friedman (Foundation ; La Guerre des Mondes ; Avatar IV) et Wes Ball surtout connu pour sa trilogie dystopique du « Labyrinthe ».

La trilogie précédente avait non seulement impressionné tout le monde pour son récit politique et sociétal novateur dans la saga, mais aussi – et surtout – pour la qualité de ses effets spéciaux. Ce nouvel opus est à nouveau visuellement splendide avec des environnements qui rendent extrêmement bien comme ces villes où la nature a repris avec force ses droits en mêlant tournages en extérieur et effets spéciaux de grande qualité. Mais bien évidemment, ce qui reste la marque de fabrique de cette saga, ce sont les singes avec ici en tête le chimpanzé Noa joué par Owen Teague (Ça). Les artistes de chez Wētā (Le Seigneur des Anneaux ; Avatar) ont encore fait des merveilles avec l’animation en performance capture où chaque singe est doté de sa propre identité traduisant le jeu des acteurs et les émotions des personnages.

Plusieurs générations après la guerre de César les singes règnent désormais sur la planète, les humains ayant été relégués à l’état sauvage, sans don du langage et vivant en retrait au point de n’être plus que des échos de cette nouvelle société. Une société divisée en communautés dont les us et coutumes varient, comme le clan des aigles de Noa à travers lequel l’on découvre ce nouveau monde dans le premier tiers du film – un début très immersif nous présentant habilement les personnages et le contexte. Le destin de Noa va alors croiser la route d’un chef bonobo se la jouant empereur romain, et d’une humaine – interprétée par Freya Allen (The Witcher) – pas comme ses semblables, qui peut parler, raisonner et cherche à nuire aux oppresseurs simiesques.

Bien après César et les siens, leur révolution est devenue une légende et il a été immortalisé en figure messianique. Ses enseignements ont perduré tout ce temps mais à un prix : la récupération. Le principal sujet de ce nouveau film est ainsi la falsification de la foi, ou le détournement d’un héritage à ses propres fins. A cette époque, plus personne ne se souvient réellement de César, mais tous brandissent son nom. Certains comme Raka suivent ses paroles telle une vénération divine d’un culte ou d’un Ordre, d’autres comme Proximus les reprennent et les détournent pour leur propre pouvoir, quand d’autres enfin n’en ont à ce stade même pas entendu parler. Les enjeux de pouvoir des précédents opus ont donc abouti à la création d’un prophète et à un jeu de déformation et de désinformation. Chacun poursuit ainsi son but au nom d’un César disparu, ce que l’on voit encore beaucoup dans notre réalité aujourd’hui. Derrière le film d’aventure se cache donc une fable politique.

« Le Nouveau Royaume » aurait cependant pu aller plus loin dans le développement de cette nouvelle société simiesque et ses divergences de points de vue, de culture et de pratiques avec un méchant principal qui reste très simple et primitif. Bien que son aspect primitif dans sa quête de puissance, de contrôle et d’esclavage au nom du peuple singe serve le propos du film sur les réutilisations politiques des légendes et des valeurs. Il n’est d’ailleurs pas le vrai méchant du film, ou en tout cas pas celui que la saga introduit comme la véritable (future) menace dans une dynamique qui cette fois devrait se concentrer sur la question de la cohabitation des singes et des humains comme deux espèces dominantes.

Les enjeux entourant les humains reprennent probablement un peu trop ceux des précédents films – à l’image de l’intrigue générale assez prévisible ou de certains décors qui ressemblent par moments au dernier de 2017. Mais dans l’ensemble, même si la fin aurait gagné – tout comme l’ensemble des personnages – à être plus nuancée, « Le Nouveau Royaume » reste un blockbuster américain de qualité introduisant une bonne base pour les suites à venir. Moins dramatique et émouvant, ce nouvel opus s’inscrit néanmoins dans la continuité de la trilogie précédente et d’une saga commencée en 1968 riche de 10 films maintenant et qui a clairement un bel avenir devant elle.

Raphaël Sallenave
 

While the 2010 trilogy successfully rebooted the “Planet of the Apes” franchise, this new film follows the three previous films on Caesar’s journey, while opening up a new chapter. You don’t need to have seen the films directed by Rupert Wyatt and Matt Reeves, starring Andy Serkis, to understand the events of this new installment. With this fresh start, the saga undergoes a change of screenwriter and director, respectively Josh Friedman (Foundation; War of the Worlds; Avatar IV) and Wes Ball, best known for his dystopian “The Maze Runner” trilogy.

The previous trilogy not only blew everyone away with its innovative political and societal storytelling, but also – and above all – with the sheer quality of its special effects. This latest addition is once again visually stunning, with environments that look fantastic, such as the cities where nature has forcefully reclaimed its rights through a combination of location shooting and top-quality special effects. But of course, the hallmark of this saga are the apes, led here by chimpanzee Noa played by Owen Teague (Ça). The artists at Wētā (Lord of the Rings; Avatar) once again worked wonders with performance capture animation where each ape is given its own identity conveying the actors’ performance and the characters’ emotions.

Several generations after Caesar’s war, apes now rule the planet, humans having been reduced to the wild, lacking the ability to speak and living in seclusion to the point of being mere echoes of this new society. A society divided into communities with varying habits and customs, such as Noa’s clan of eagles, through whom we discover this new world in the first third of the film – a highly immersive opening that deftly introduces us to the characters and setting. Noa’s destiny then crosses paths with a bonobo overlord who fancies himself a Roman emperor, and a human – played by Freya Allen (The Witcher) – unlike any of her kind, who can speak, reason and seeks to undermine the ape oppressors.

Long after Caesar and his crew, their revolution became a legend and he was turned into an immortal messianic figure. His teachings have endured all this time, but at a cost: reclamation. The main theme of this new film is therefore the distortion of faith, or the twisting of a legacy to one’s own ends. By this time, no one really remembers Caesar, but everyone is brandishing his name. Some, like Raka, follow his words like the divine worship of a cult, others, like Proximus, co-opt and divert them for their own power, while others haven’t even heard of them. The power struggles of the previous installments have thus led to the birth of a prophet and a battle of distortion and disinformation. Everyone pursues their own goals in the name of a vanished Caesar, something we still see a lot of in our reality nowadays. Behind the adventure film hence lies a political fable.

However, “Kingdom” could have gone further in developing this new ape society and its divergent viewpoints, cultures and traditions, with the main villain left very simple and primitive. Although his primitive aspect in his quest for power, control and slavery in the name of the ape nation supports the film’s argument about the political repurposing of legends and values. He is not in fact the real villain of the film, or at least not the one the saga introduces as the true (future) threat in a process that this time should focus on the issue of the coexistence of apes and humans as two dominant species.

The stakes surrounding the humans are probably a little too similar to those of the previous films – just like the rather predictable overall plot as well as some of the settings, which at times remind us of 2017’s latest movie. But overall, even if the ending could have used a little more nuance – as much as all the characters – “Kingdom” remains a strong American blockbuster, providing a good foundation for future sequels. Less dramatic and moving, this newest addition nonetheless follows in the footsteps of the previous trilogy, and of a saga now 10 films strong that began in 1968 and clearly still has a bright future ahead of it.

Raphaël Sallenave
Hunger Games : The Ballad of Songbirds
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