Le Problème à Trois Corps
3 Body Problem
[TV]
Limited series
2024
FR EN
Un professeur qui s’attire les foudres des révolutionnaires culturels chinois pour avoir enseigné les principes scientifiques dits ‘occidentaux’. Un compte à rebours qui apparaît continuellement telle une hallucination ou une prémonition mortelle. Un casque de réalité virtuelle avancée pour un jeu de rôle aux énigmes physiques impossibles. Des vidéos de surveillance trafiquées. Une vague de suicides ou de morts suspectes de scientifiques. Et un dysfonctionnement généralisé des accélérateurs de particules de par le monde remettant en question les lois fondamentales de la physique. Existe-il un lien entre tous ces événements répartis entre la Chine et l’Angleterre entre 1970 et notre époque, et quel est-il ?
Voilà les premiers enjeux introduits par cette série de science-fiction adaptée du cycle littéraire de Liu Cixin. Habitué aux adaptations dites impossibles, le duo David Benioff & D.B. Weiss – auquel s’est joint Alexander Woo – réussit cette ambitieuse adaptation d’un monument de la SF chinoise de plus de 1600 pages en une première saison de seulement huit épisodes. Ils parviennent à rendre le mélange de polar et de fable cosmique de cette véritable intrigue de ‘science’-fiction centrée autour d’un groupe de brillants scientifiques confrontés à des questions mettant dans la balance nul autre que le destin de l’humanité. L’essence de l’histoire est finalement un classique du genre mais revisité sous un angle novateur et que les scénaristes américains actualisent également avec des parallèles à la crise climatique ou aux dangers de l’IA par exemple. Ils transposent en revanche la majorité de l’intrigue en Grande-Bretagne après un début très fidèle aux romans, avec une intrigue plus mondialisée, à l’image du casting.
La science nous sauvera-t-elle ? Dans la mesure où l’intrigue est avant tout portée par une énigme astrophysique – d’où une certaine crédibilité scientifique – et des enjeux que l’humanité ne rencontrera pas avant 400 ans, la série crée un monde à la fois fantastique et vraisemblable qui navigue l’incommensurable et questionne le divin, (littéralement) l’au-delà, et la société humaine.
Netflix a-t-elle alors trouvé la prochaine série TV incontournable ? Car en signant un contrat mirobolant avec les créateurs de « Game of Thrones » c’était clairement le but affiché. Et sous cet angle, « Le Problème à trois corps » n’est pas nécessairement la réussite planétaire attendue. La série bénéficie d’une écriture fine et parfois très subtile (comme avec un certain PNJ très révélateur) où les hypothèses et les solutions ne sont pas nécessairement servies sur un plateau et créent un vrai suspense scientifique qui maintient captivé jusqu’au bout. Mais la série n’a pas de personnage principal (ce qui n’est pas en soi un problème) et nous plonge au cœur d’un groupe de personnages pas spécialement attachants. Il est assez étonnant en effet, qu’elle ne prenne pas plus le temps de développer leurs relations personnelles dès le départ pour que quand survienne un dilemme professionnel, celui-ci suspende réellement le spectateur à son fil. Or, la série ne décolle réellement qu’à l’épisode cinq où un changement de direction dans l’intrigue accélère les enjeux pour toutes et tous.
Par ailleurs la stratégie de diffusion de Netflix, privilégiant le binge-watching, en sortant tous les épisodes le même jour ne facilite par l’enracinement de la série dans les mémoires. Le dernier épisode serait sorti cette semaine si elle avait bénéficié d’une sortie hebdomadaire, et on en parlerait encore. D’autant plus quand il s’agit d’une intrigue à suspense et d’aussi grande ampleur que celle-ci, elle aurait pu générer du débat entre chaque épisode. En outre, au vu de son important budget, la série ne s’avère pas aussi impressionnante que ce à quoi l’on pouvait s’attendre. Il va maintenant être difficile voire impossible de la rendre aussi culte que l’étalon « Game of Thrones ». Cela n’enlève cependant rien à la qualité intrinsèque du projet, qui a d’une part conquis suffisamment d’abonnés pour garantir au moins une seconde saison prochainement, et d’autre part prouvé que le trio Woo, Benioff & Weiss a une nouvelle fois réussi une excellente adaptation.
A professor who draws the wrath of China’s cultural revolutionaries for teaching so-called ‘Western’ scientific principles. A countdown clock that flashes continuously like a hallucination or a deadly premonition. A highly advanced virtual reality headset for a role-playing game with impossible physical conundrums. Altered surveillance footage. A sudden surge of suicides or suspicious deaths of scientists. And widespread failure of particle accelerators around the world, throwing the basic laws of physics into question. Could there be a connection between all these events, spread between China and England between 1970 and the present day, and if so, what could it be?
These are the first questions introduced by this science-fiction series adapted from Liu Cixin’s book cycle. Familiar with so-called impossible adaptations, the duo David Benioff & D.B. Weiss – joined here by Alexander Woo – pull off this ambitious adaptation of a 1,600-page Chinese sci-fi classic in a first season of only eight episodes. They manage to capture the mix of detective story and cosmic fable of this true ‘science’-fiction plot centered around a group of brilliant scientists facing questions weighing in the balance none other than the fate of humanity. The essence of the story is ultimately a true classic of the genre, but revisited from an original perspective and updated by the American writers with parallels to the climate crisis or the threats posed by AI, for example. Following a very faithful start to the novels, they instead set the majority of the plot in Great Britain, with a more global storyline, just like the cast.
Will science really save us? Given that the plot is above all driven by an astrophysical enigma – hence a certain scientific credibility – and challenges that humanity will not face for another 400 years, the series creates a whimsical yet believable world that navigates the incommensurable and questions the divine, (literally) the beyond, and human society.
So, has Netflix come up with the next must-watch TV show? After all, by signing a huge contract with the creators of “Game of Thrones”, this was clearly the goal. And in this respect, “3 Body Problem” isn’t necessarily the global hit one might have hoped for. The show does deliver some clever and sometimes very subtle writing (as with a particular, highly revealing NPC), in which the theories and solutions are not necessarily handed out straight away, building up a genuine scientific suspense that keeps viewers gripped right to the end. But the series has no main character (which isn’t in itself an issue) and takes us into the heart of a group of characters who aren’t particularly endearing. Indeed, it’s rather surprising that it doesn’t take more time to develop their personal relationships from the outset, so that when a professional dilemma arises, it really does keep viewers on the edge of their seats. Yet the show doesn’t really take off until episode five, when a change of course in the storyline speeds up the stakes for everyone involved.
Moreover, Netflix‘s binge-watching release strategy, with all episodes coming out on the same day, doesn’t make it any easier for audiences to hold on to the series. The last episode would have been released this week, if it had been released weekly, and people would still be talking about it. Especially when the plot is as suspenseful and far-reaching as this one, it could have generated debate between episodes. What’s more, given its substantial budget, the series doesn’t turn out to be as impressive as we might have expected. It will now be hard, if not impossible, to make it as iconic as “Game of Thrones”. However, this in no way diminishes the inherent qualities of the project, which on the one hand has won over enough subscribers to warrant at least a second season in the near future, and on the other proves that the trio of Woo, Benioff & Weiss have once again pulled off a brilliant adaptation.