Rsg Production

Shōgun

 
[TV]
Limited series

2024

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Voilà une série de très grande qualité, audacieuse et soignée alliant épique et délicatesse dans une fine intrigue. Une série de cinéma à ne pas manquer !

« Shōgun » nous plonge en 1600 dans un Japon au bord de la guerre civile où un navire hollandais commandé par l’Anglais John Blackthorne débarque sur les côtes de ces nouvelles terres pour y trouver non seulement un peuple civilisé, mais aussi les Portugais en affaires avec celui-ci. Après la mort du leader impérial, le seigneur Yoshi Toranaga se retrouve menacé de mort par ses rivaux du Conseil des Régents. Le destin de ces deux figures sera alors inextricablement lié à celui de Toda Mariko, leur traductrice et mystérieuse chrétienne d’une lignée tombée en disgrâce. Tout en servant son seigneur et la mémoire de sa lignée, elle va devoir concilier sa relation avec l’Anglais et son engagement envers la foi.

Cette série limitée adapte le best-seller de James Clavell de 1975 et réussit à condenser son récit fleuve de près de 1300 pages en 10 épisodes. Plutôt que de se focaliser sur l’expérience de l’Anglais (ce qui aurait été très proche de l’intrigue du « Dernier Samouraï »), les co-créateurs Rachel Kondo et Justin Marks adoptent une approche globale autour de ces trois figures principales tout en développant une galerie de personnages secondaires nuancés. Chaque personnage y porte ses propres buts dans un contexte de tension et d’allégeances aussi bien entre clans japonais pour le pouvoir que dans l’exportation du conflit européen entre Protestants et Catholiques. C’est un véritable jeu d’échecs, une fresque politique, un récit tourné en légende autour de la foi, du sacrifice et de l’ambition.

Les personnages de Clavell sont inspirés de réelles figures historiques dans un cadre romancé où les noms ont été modifiés pour plus de liberté narrative. Blackthorne renvoie ainsi à William Adams, premier Anglais arrivé au Japon peu avant la bataille de Sekigahara et l’avènement du shogunat d’Edo. Présenté comme un héros de guerre et maître stratège, Toranaga est quant à lui inspiré de Tokugawa Ieyasu dernier unificateur féodal ; et Mariko d’Akechi Tama, alias Hosokawa Gracia pour l’Église et ‘fille du traître’ pour la nation.

« Shōgun » joue d’un rythme lent pour se concentrer sur son scénario et le développement de ses personnages qui se servent chacun des autres. Blackthorne est ainsi la cible de tous mais aussi l’objet de convoitise pour ce qu’il représente. C’est un sauvage étranger, certes, mais c’est aussi un navigateur d’expérience et un hérétique aux yeux de l’Église catholique avec qui certains seigneurs cultivent plus ou moins de relations. La victoire revient alors, non pas aux meilleurs combattants ou archers, mais à ceux qui auront le mieux anticipé et évalué leurs ennemis. L’intrigue dense, mais pas si compliquée pour autant, mêle respect, tradition et amour dans un jeu politique faits de subtils dialogues empreints d’élans poétiques.

Avec des séries telles que « Archer », « Atlanta », « The Bear », « Fargo », « Sons of Anarchy » ou encore « Sur Ordre de Dieu », bref un palmarès prestigieux, la chaîne FX peut s’apparenter à la petite sœur de HBO en gage de qualité dans le paysage télévisuel américain. Pour son nouveau gros projet, en cours depuis 2018, la chaîne (passée sous propriété Disney depuis, d’où la diffusion de la série sur Disney+ en France) n’a pas lésiné sur les moyens. Fresque historique ambitieuse, « Shōgun » est en effet portée par un budget plus que conséquent pour ressusciter une époque ancestrale disparue, avec un impressionnant souci du détail et d’authenticité dans les décors, les costumes, les postures, ou le vocabulaire. L’immersion est alors immédiate, facilitée par le choix de dialogues bilingues en grande majorité en japonais (ce qui paraît logique mais n’est pas si courant pour une série américaine) ainsi qu’en anglais (qui étonnamment remplace le portugais). Outre la beauté des costumes et décors, le rythme de la série lui laisse le temps pour de belles compositions de cadre savamment éclairées aussi bien dans les scènes paisibles de dialogues ou de réflexion que dans celles de combats parfois brutales et sanglantes. Dans l’ensemble, c’est une somptueuse et exigeante série également servie par un casting japonais excellent porté par un Hiroyuki Sanada tout en force tranquille, une fascinante Anna Sawai (Monarch) en Dame d’Acier, et l’Anglais Cosmo Jarvis dans une interprétation rappelant les débuts de Tom Hardy.

Raphaël Sallenave
 

What a daring, carefully crafted, top-quality series, combining epic and delicacy in a subtle plot. A must-see cinematic show!

“Shōgun” takes us back to 1600, in a Japan on the brink of civil war, where a Dutch ship commanded by the Englishman John Blackthorne lands on the shores of these new lands to find not only a civilized people, but also the Portuguese in business with them. After the death of the imperial leader, Lord Yoshi Toranaga finds himself under threat of death from his rivals on the Council of Regents. The fate of these two leaders will then be irrevocably sealed with that of Toda Mariko, their translator and a mysterious Christian from a disgraced bloodline. While serving her lord and the memory of her lineage, she will have to reconcile her relationship with the Englishman with her commitment to the faith.

This limited series adapts James Clavell’s 1975 bestseller and manages to boil down its nearly 1,300-page tale into 10 episodes. Rather than focusing on the Englishman’s experience (which would have been very similar to “The Last Samurai” plot), co-creators Rachel Kondo and Justin Marks take a holistic approach around these three main players, while developing an array of nuanced supporting characters. Each character is driven by their own goals, against a backdrop of tension and allegiances, whether between Japanese clans competing for power, or in the export of the European conflict between Protestants and Catholics. This is a real chess game, a political epic, a legendary tale about faith, sacrifice and ambition.

Clavell’s characters are inspired by real historical figures in a fictionalized setting where names have been changed for greater narrative freedom. Blackthorne thus refers to William Adams, the first Englishman to arrive in Japan shortly before the Battle of Sekigahara and the rise of the Edo shogunate. Toranaga, presented as a war hero and master strategist, is inspired by Tokugawa Ieyasu, the last feudal unifier; and Mariko by Akechi Tama, aka Hosokawa Gracia for the Church and « the traitor’s daughter » for the nation.

“Shōgun” makes the most of its slow pace to focus on its storyline and the development of its characters, each of whom takes advantage of the others. As such, Blackthorne is everyone’s target, but also the object of covetousness for what he represents. He’s a foreign savage, yes, but he’s also an experienced sailor and a heretic in the eyes of the Catholic Church, with whom certain lords foster more or less close connections. Victory then belongs, not to the best swordsmen or archers, but to those who best anticipate and assess their enemies. The dense but not overly complicated plot blends respect, tradition and love in a political game made up of subtle dialogues infused with poetic flair.

With shows such as “Archer”, “Atlanta”, “The Bear”, “Fargo”, “Sons of Anarchy” and “Under the banner of Heaven” – in other words, a prestigious track record – the FX network can be considered HBO‘s little sister when it comes to guaranteeing quality in the American TV landscape. For its latest big production, underway since 2018, the channel (which has since come under Disney ownership, hence the series’ broadcast on Hulu in the US and Disney+ worldwide) has spared no expense. As an ambitious historical drama, “Shōgun” is driven by a massive budget to bring back to life a vanished ancestral era, with an impressive attention to detail and authenticity in sets, costumes, stance and vocabulary. Immersion then comes straight away, thanks to the choice of bilingual dialogue, the vast majority of which is in Japanese (which seems logical, but isn’t so common for an American series) as well as English (which surprisingly stands in for Portuguese). In addition to the beauty of the costumes and sets, the pace of the series leaves plenty of time for beautiful frame compositions, skillfully lit both in the peaceful scenes of dialogue or contemplation and in the sometimes brutal and bloody combat scenes. All in all, this is a lavish and demanding show, also supported by an excellent Japanese cast featuring the quiet force of Hiroyuki Sanada, the riveting Anna Sawai (Monarch) as the Lady of Steel, and Englishman Cosmo Jarvis in a portrayal reminiscent of Tom Hardy’s early days.

Raphaël Sallenave
Masters of the Air
Monarch : Legacy of Monsters