Fallout
[TV]
Saison/Season 1
2024
FR EN
Alors que les adaptations de jeux vidéo au cinéma ou en série semblaient impossibles, ces dernières années ont prouvé que les studios américains avaient enfin trouvé la formule dans certains cas comme Sonic, Mario, Pokémon, ou l’an dernier avec la très acclamée série « The Last of Us » de HBO. Amazon y a désormais droit avec cette adaptation de l’univers « Fallout » qui ne nécessite aucunement de connaître l’histoire ou d’avoir joué aux jeux de rôle uchroniques développés par le studio Bethesda. La série produite par le duo Jonathan Nolan & Lisa Joy (Westworld) nous plonge donc dans cet univers rétrofuturiste post-apocalyptique deux siècles après une terrible catastrophe nucléaire en plein contexte de guerre froide et d’anti-communisme aux USA, ayant poussé les privilégiés de ce monde à se réfugier dans des bunkers souterrains pour y conserver les valeurs de l’humanité. A la surface, les descendants des plus démunis vivent dans un monde dévasté, violent et des plus étranges.
Entre science-fiction et western, la série marie le sérieux à l’humour et l’épique au grotesque. Les cocréateurs Geneva Robertson-Dworet et Graham Wagner ont en effet réussi à conjuguer les thématiques traditionnelles de l’apocalypse postnucléaire avec une interprétation ironique des années 1950, et un style sanglant et léger – tout en disséminant de nombreuses références pour le plaisir des fans du jeu. Se déroulant dans la chronologie canon des jeux, cette série reste pourtant une histoire originale qui n’adapte pas l’intrigue de l’un des jeux « Fallout » mais plutôt son cadre, pour être appréciée par tous. C’est une nouvelle histoire qui développe cet univers à travers un nouveau médium et apparaît donc comme une extension des jeux tout en y restant fidèle (ce que n’a pas réussi à faire par exemple « Halo », une autre série SF adaptée d’une licence vidéoludique). C’est indéniablement une adaptation extrêmement bien pensée … mais pas nécessairement une excellente série en soi.
Le scénario suit trois personnages principaux, une fille issue de la belle vie naïve, collective, modeste et toute en politesse souterraine des bunkers ; un jeune aspirant soldat d’une Confrérie moyenâgeuse quelque part entre une armée et une religion ; et une goule, à savoir un humain irradié, mutant et survivant des années 1950. Le tout entrecoupé de flashbacks explorant l’avènement de la catastrophe nucléaire tel une énigme au contexte anti-communiste souligné mais finalement peu développé. Conçue quelque peu comme une aventure de RPG, la série embarque ses trois protagonistes dans une intrigue qui introduit toujours plus de questions (un processus qui fonctionnait très bien dans « Westworld ») mais malheureusement sans que les réponses glanées sur la route ne développent réellement les personnages. Le fait est que tout s’enchaîne de manière mécanique pour aboutir à de grosses révélations ou des retournements de situation. Les personnages manquent alors de profondeur pour réellement s’en tenir à leurs motivations propres au gré de dialogues souvent assez creux.
Si « Fallout » n’excelle pas tout à fait sur le plan narratif – bien que certains mystères soient plus passionnants que d’autres, et que l’ensemble réussisse à nous mener au bout, avec une fin très réussie –, la série s’avère cependant irréprochable d’un point de vue plus technique. L’impressionnant budget d’Amazon lui permet en effet d’accomplir un gros travail soigné sur les costumes – avec une armure T-60 crédible et cohérente en combat par exemple –, les designs, les maquillages, et les visuels créant une apocalypse tangible. Un environnement qui paraît donc authentique, aussi grâce au casting avec notamment Walton Goggins qui tient parfaitement son double rôle aux côtés d’Ella Purnell, Aaron Moten et Moisés Arias.
Une série très bien faite, pas entièrement captivante à mon humble avis, mais qui aura su conquérir un public suffisamment important dès ses deux premières semaines pour valider une seconde saison très prochainement …
While video game adaptations for film or series seemed virtually impossible, over the last few years American studios seem to have finally found the right approach in some cases, such as Sonic, Mario, Pokémon, or last year with the highly acclaimed HBO series “The Last of Us”. Amazon has now got it right too, with this adaptation of the “Fallout” universe, which in no way requires prior familiarity with the story or experience of the uchronic role-playing games developed by the Bethesda studio. Produced by the duo Jonathan Nolan & Lisa Joy (Westworld), the series takes us into a retro-futuristic, post-apocalyptic universe two centuries after a catastrophic nuclear disaster, in the midst of the Cold War and anti-communism in the US, which drove the world’s most fortunate to take shelter in underground vaults to safeguard humanity’s values. On the surface, the descendants of the less fortunate live in a devastated, violent and utterly weird world.
Part sci-fi, part western, the series combines the serious with the humorous, and the epic with the grotesque. Co-creators Geneva Robertson-Dworet and Graham Wagner have successfully combined the traditional themes of the post-nuclear apocalypse with an ironic take on the 1950s, and a bloody yet light-hearted style – while at the same time spreading plenty of easter eggs for game fans. Set in the canonical timeline of the games, this series remains an original story that doesn’t lean on any preexisting story of the “Fallout” games, but rather its setting, so that it may appeal to all. It’s a new story that enriches this universe through a new medium, and thus feels like an extension of the games while remaining true to them (something that “Halo”, another SF series adapted from a videogame license, failed to do). This is undeniably an extremely well-conceived adaptation… but not necessarily an outstanding series in its own right.
The script follows three main characters: a girl from the naïve, communal, modest and polite underground life of the vaults; a young aspiring soldier from a medieval Brotherhood somewhere between an army and a religion; and a ghoul, i.e. an irradiated, mutated human survivor from the 1950s. All this is set against a backdrop of flashbacks exploring the advent of the nuclear disaster as an enigma with an underlined but ultimately underdeveloped anti-communist theme. Designed somewhat like an RPG adventure, the series takes its three protagonists through a plot that introduces ever more questions (a structure that worked very well in “Westworld”), but unfortunately without any real character development in the answers found along the way. In fact, everything just clicks together a bit too much like a clockwork, leading to big revelations or plot twists. As a result, the characters lack the depth to really stick to their own motivations, often in the midst of rather hollow dialogue.
So, “Fallout” doesn’t quite excel on the narrative side – although some mysteries are more exciting than others, and the series manages to take us through to the end, with a very good ending. However, from a more technical point of view, the series proves immaculate. Amazon‘s huge budget allows it to deliver outstanding work on costumes – with credible, combat-coherent T-60 armor, for example – designs, make-up and visuals creating a tangible apocalypse. The environment therefore feels authentic, thanks also to the cast, featuring Walton Goggins perfect in his dual role alongside Ella Purnell, Aaron Moten and Moisés Arias.
This is a very well-crafted series, not entirely captivating in my humble opinion, but which has won over a substantial enough audience in its first two weeks to warrant a second season coming very soon…