Monarch : Legacy of Monsters
[TV] Saison/Season 1
2023-2024
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À l’occasion de la (re)sortie de « Godzilla : Minus One » dans nos salles françaises, revenons sur la première série de l’univers connecté américain inspiré de la mythologie japonaise des kaijū (littéralement ‘bêtes mystérieuses’ puis devenues des monstres géants). Bienvenue donc dans le MonsterVerse développé par le studio Legendary Pictures et distribué par Warner sur le grand écran, avec déjà quatre films et un cinquième prévu pour cette année, et Apple côté TV donc, avec cette série créée par Chris Black et Matt Fraction.
Alors que le film japonais actuellement en salles nous embarque dans un ton plus dramatique, plus sombre et plus métaphorique des ravages de la seconde guerre mondiale notamment sur le plan nucléaire, l’univers américain de ces dernières années s’attache plus à développer un univers fantastique, un ton léger, et proposer surtout un grand spectacle divertissant. C’est donc dans ce contexte que la série « Monarch » s’inscrit et s’impose comme meilleure histoire du MonsterVerse de très loin. Elle s’avère assez économe en termes de monstres – bien qu’elle ne lésine pas sur les moyens et propose au moins une grosse scène de kaijū dans chacun de ses 10 épisodes – et se concentre finalement plus sur son intrigue et ses personnages humains. Elle réussit ainsi à faire cohabiter action grand spectacle et dimension plus intimiste grâce à un scénario particulièrement bien écrit où il n’y a pas fondamentalement de méchants, où même les scènes d’exposition sont intégrées à l’histoire de manière cohérente et où l’univers du monstre ne sert plus qu’à refléter les horreurs de la guerre, la paranoïa, ou la crise climatique mais où viennent s’ajouter les répercussions traumatiques, les questions de filiation et du bien-fondé de chaque lutte, sans oublier l’évolution de nos sociétés post-pandémie entre confinement et conspirationnisme. Bref, un scénario intelligent qui introduit des personnages captivants dans une riche toile de fond.
« Monarch » joue sur le parallèle entre deux époques avec une intrigue divisée entre 2015 (un an après la destruction de San Francisco dans « Godzilla » de 2014) et les années 1950-60 (encore avant le film « Kong Skull Island »). Mais si la série parcours l’univers des films à travers sa double chronologie, elle crée sa propre intrigue ne nécessitant donc pas de les avoir vus. Sa double chronologie met donc en scène à chaque époque un trio de personnages réuni par une prouesse de casting avec Kurt Russell et son fils Wyatt Russell interprétant chacun le personnage dans les deux époques. L’intrigue est alors au départ divisée entre une enquête familiale avec deux frère et sœur sur les traces de leur père, et une enquête scientifique auprès des futurs fondateurs de Monarch – cette organisation secrète dans la veine d’une CIA anti-monstres – sur les traces de mystérieuses radiations. Cette dualité temporelle se reflète également dans la dimension bilingue de la série qui met autant en scène la culture japonaise et américaine et réunit ainsi admirablement bien dans une même histoire, celle de l’univers qu’elle adapte, à savoir une mythologie nippone adaptée et exploitée par Hollywood.
« Monarch » n’évite néanmoins pas certaines conventions schématiques, certains plans sont, de plus, moins flamboyants que dans les films (les scènes en Alaska et au Sahara font assez ‘studio’), et la série s’avère profondément moins intéressante et palpitante quand elle ne joue pas sur sa double chronologie. Mais elle nous offre de la SF-fantasy, du suspense, de l’émotion, de l’action avec des personnages développés, une intrigue captivante et des monstres en plus dans tout cela. En somme, une excellente série à la fois spectaculaire et bien construite, qui réussit une magnifique première saison.
With the (re)release of “Godzilla: Minus One” in our French cinemas, let’s take a look back at the first series in the American cinematic universe inspired by the Japanese mythology of the kaijū (literally ‘mysterious beasts’ and now giant monsters). Welcome to the MonsterVerse developed by Legendary Pictures and distributed by Warner on the big screen, with already four movies and a fifth one set to release this year, and then on Apple TV, with this series created by Chris Black and Matt Fraction.
While the Japanese film currently in cinemas takes us on a more dramatic, darker and more metaphorical journey through the aftermath of the Second World War, particularly in terms of nuclear power, the American MonsterVerse of recent years has focused more on developing a fantasy universe, a light-hearted tone and, above all, a great, entertaining spectacle. It’s in this context that the “Monarch” series stands out by far as the best story in the MonsterVerse. It proves quite parsimonious in terms of monsters – although it doesn’t cut corners and offers at least one big kaijū scene in each of its 10 episodes – and ultimately focuses more on its plot and its human characters. As a result, it succeeds in blending grand spectacle action with a more intimate dimension, thanks to a particularly well-written script in which there are no real villains, where even the exposition scenes are coherently integrated into the story, and where the monster universe not only mirrors the horrors of war, paranoia or the climate crisis, but also the traumatic repercussions, issues of parentage and the rightness of each struggle, not to mention the evolution of our post-pandemic societies from lockdown to conspiracy. In short, this is a clever script that introduces captivating characters against a rich backdrop.
“Monarch” plays on the parallel between two eras, with a plot divided between 2015 (a year after San Francisco’s destruction in 2014’s “Godzilla”) and the 1950s-60s (prior to the film “Kong Skull Island”). But while the series explores the universe of the movies through its double timeline, it also creates its own plot, with no need to have seen any of the movies before. The double chronology features a trio of characters in each era, united by a unique casting trick, with Kurt Russell and his son Wyatt Russell each playing the character in both eras. The plot is thus initially divided between a family investigation with two siblings on the trail of their father, and a scientific investigation with the future founders of Monarch – this secret organization in the vein of an anti-monster CIA – on the trail of mysterious radiations. This temporal duality is also reflected in the bilingual dimension of the series, which showcases both Japanese and American culture and thus admirably brings together in the same story the universe it adapts, namely a Japanese mythology adapted and explored by Hollywood.
Yet “Monarch” doesn’t avoid certain conventional tropes, some shots are also less stunning than in the films (the Alaska and Sahara scenes look rather studio-like), and the series proves far less interesting and thrilling when it’s not relying on its double timeline. But it does offer Scifi-fantasy, suspense, emotion and action, with well-developed characters, a captivating plot and monsters to add to it all. Ultimately, this is an excellent series, both spectacular and well crafted, which manages a brilliant first season.