Borgo
Meilleure Actrice – Césars
Prix du Jury – Festival du Polar de Reims
2024
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Qui est Mélissa ? La nouvelle matonne de l’unité 2, droite comme un i, droite dans ses bottes, ni antipathique, ni sympathique ? Une femme partie en Corse pour un nouveau départ en famille, tentant de reconstruire son équilibre familial et professionnel entre le HLM et Borgo ? Borgo, du nom de la petite ville près de Bastia abritant une prison à caractère humain, où les prisonniers peuvent être en semi-liberté. Il y est dit qu’ici “ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens, et pas l’inverse” …
Pour son quatrième long-métrage, Stéphane Demoustier signe un polar carcéral centré sur un personnage féminin et qui comme souvent dans sa filmographie navigue entre le thriller et l’étude du protagoniste – « La Fille au Bracelet » explorait déjà un personnage féminin complexe qu’on avait du mal à juger. Portée par une nouvelle excellente performance d’Hafsia Herzi qui cultive habilement le mystère autour de son personnage, Mélissa devient une femme indéchiffrable, pleine de dilemmes moraux, et dont les motivations laissent planer le doute. A l’image du personnage qu’elle interprétait l’an dernier dans le magnifique « Le Ravissement », l’actrice retrouve un personnage énigmatique (bien que dans une moindre mesure) et incarne à nouveau une femme insondable. A force de la voir sous un jour différent, de la voir mentir, et de la voir prendre de nouvelles directions, on ne cesse d’envisager ce personnage différemment.
Basée sur un vrai fait divers – qui sera d’ailleurs jugé dans les prochains mois – l’histoire fictive de « Borgo » mêle en parallèle le récit carcéral et intime de Mélissa propulsée dans un engrenage mafieux et une dépendance pernicieuse sous la coupe d’un jeune gangster au visage d’ange, à une enquête policière (aux efforts poussifs, presque drôles) menée par un commissaire savoureusement joué par Michel Fau. Le scénario joue alors sur les chronologies, pour créer une intrigue captivante, touchante et haletante.
Malgré quelques rares dialogues inégaux, l’ensemble fonctionne très bien grâce à une mise en scène sobre et soignée, faite notamment d’une série de longs plans maîtrisés renforçant l’immersion dans ce milieu singulier. Les scènes carcérales sont ainsi fascinantes de justesse notamment grâce à d’excellents seconds rôles rendant chaque protagoniste crédible.
Who is Melissa? The new prison officer of Unit 2, straight as a line, straight in her boots, neither dislikeable nor likeable? A woman who’s gone to Corsica to make a fresh start with her family, trying to rebuild her balance at home and at work between the low-income housing estate and Borgo? The name Borgo comes from the small town near Bastia, which is home to a prison with a humane atmosphere, where prisoners can be granted partial freedom. It’s said that here ‘the prisoners keep an eye on the guards, not the other way round’ …
Stéphane Demoustier’s fourth feature is a prison drama centered on a female protagonist and, as is often the case in his filmography, treads a fine line between thriller and character study – “The Girl with the Bracelet” already explored a complex female protagonist who was hard to read. Driven by another excellent performance from Hafsia Herzi, who skilfully builds mystery around her character, Mélissa becomes an indecipherable woman, fraught with moral dilemmas, whose motivations remain in doubt. Like the character she played in last year’s brilliant “The Rapture”, the actress once again takes on an enigmatic role (albeit to a lesser extent), and once again plays an unfathomable woman. As we see her in a different light, as we watch her lie, and as we see her move in new directions, we keep seeing this character afresh.
Based on a true crime story – soon to be put on trial – the fictional story of “Borgo” combines the intimate prison tale of Mélissa, propelled into a mafia spiral and a poisonous dependency under the thumb of a young angel-faced gangster, with a police investigation (with its ponderous, almost amusing endeavors) led by a commissioner delightfully played by Michel Fau. The script then plays with timelines to create a captivating, touching and gripping plot.
Despite the occasional bit of uneven dialogue, the whole thing works very well, thanks to the precise, careful direction, with a number of long, masterful shots that add to the sense of immersion in this singular environment. The prison scenes are also fascinatingly spot-on, thanks in particular to the excellent supporting cast, who make each character believable.