Rsg Production

Rosalie

 

2024

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“Je vous en supplie, faites qu’il m’aime.” Ainsi la jeune Rosalie prie-t-elle Sainte Wilgeforte afin que son vœu le plus cher soit exaucé : être enfin regardée par des yeux amoureux. À la fin du XIXe siècle, dans une Bretagne rurale et en voie d’industrialisation, cette femme cache un terrible secret qu’elle ne peut plus garder pour elle. En épousant Abel grâce à un mariage arrangé, Rosalie désire plus que tout au monde assumer son hirsutisme : elle est une femme à barbe qui ne demande qu’à être appréciée à sa juste valeur.

D’une douceur infinie, le dernier long-métrage de Stéphanie Di Giusto nous présente un personnage profondément touchant et rayonnant. Interprétée par la sublime Nadia Tereszkiewicz, Rosalie, d’une beauté interdite, entreprend pour la première fois de sa vie d’affirmer son amour pour la vie et son amour pour les autres – en particulier pour Abel (incarné par l’illustre Benoît Magimel). En choisissant d’arborer sa pilosité, elle décide en réalité de se révéler elle, dans toute sa splendeur et toute sa chaleur. Avec des scènes véritablement picturales, qu’elles soient bucoliques ou naturalistes, le film nous transporte dans le rêve doux-amer de cet être irradiant.

Mais tout n’est pas rose. D’abord rejetée violemment par Abel, Rosalie s’efforce avec un dévouement sans pareil de lui prouver son envie de bâtir une relation sincère et solide. C’est elle qui propose de ne plus se raser afin d’attirer du monde dans le bar de son mari endetté, malgré le dégoût de ce dernier. C’est aussi elle qui tient tête à l’influent et pudibond patron de la manufacture voisine. Enfin, c’est elle qui prend le risque d’être perçue comme un phénomène de foire – et qui peut-être y prend goût, un temps. Jusqu’à ce que cela aille trop loin pour certains locaux dévots – et sans doute jaloux.

Jamais réellement heureuse, l’histoire de Rosalie nous touche de par sa recherche vaine et illusoire de plaire à une société qui constamment la juge malgré ses efforts monstrueux. À la fois tendre et dur, le film parvient à nous transporter rien qu’avec des regards puissants, des sourires signifiants et une musique envoûtante – et écrite par Hania Rani. (Dés)enchanté et bouleversant, « Rosalie » interroge notre besoin d’affection face à une solitude infinie, face à un monde qui n’a d’yeux que pour notre apparence extérieure et non notre apparence intérieure, pourtant immensément plus scintillante. À voir absolument.

Axel Chevalier
 

« I beg you, make him love me. » This is how young Rosalie prays to Saint Wilgefortis to grant her dearest wish: to be seen at last by loving eyes. At the end of the 19th century, in a rural and industrializing Brittany, this woman hides a terrible secret that she can no longer keep to herself. By marrying Abel through an arranged marriage, Rosalie wants more than anything else to come to terms with her hirsutism: she’s a bearded woman who just wants to be valued for what she is.

Infinitely gentle, Stéphanie Di Giusto’s latest feature unveils a deeply touching and beaming character. Played by the brilliant Nadia Tereszkiewicz, the forbiddingly beautiful Rosalie sets out for the first time in her life to assert her love for life and her love for others – especially Abel (played by the outstanding Benoît Magimel). In choosing to show off her body hair, she is in fact revealing herself, in all her splendor and warmth. With scenes that are truly painterly, whether bucolic or naturalistic, the film draws us into the bittersweet dream of this glowing being.

But not everything is wonderful. Initially violently rejected by Abel, Rosalie strives with unparalleled dedication to prove to him her desire to build a sincere and solid relationship. She’s the one who offers to stop shaving in order to attract customers to her indebted husband’s bar, despite his revulsion. She’s also the one who stands up to the influential, prudish owner of the neighboring factory. Finally, she takes the risk of being seen as a freak – and perhaps enjoys it for a while. Until it goes too far for some devout and no doubt jealous locals.

Never truly happy, Rosalie’s story moves us with her vain and illusory quest to appeal to a society that constantly judges her despite her monstrous efforts. At once tender and harsh, the film manages to take us along just with its powerful glances, meaningful smiles and spellbinding music – composed by Hania Rani. (Dis)enchanting and deeply moving, “Rosalie” questions our need for affection in the face of infinite loneliness, in the face of a world that only has eyes for our outward appearance and not our inner, yet immensely more sparkling, appearance. A must-see.

Axel Chevalier
May December
Bonnard, Pierre et Marthe