Rsg Production

Pas de vagues

 
(The Good Teacher)
 

2024

FR                   EN

 

Après le léger « Un métier sérieux » de Thomas Lilti et le stressant « La salle des profs » d’İlker Çatak, le cinéma européen nous propose un troisième regard sur le monde de l’éducation, cette fois-ci plus dramatique, avec « Pas de vagues » de Teddy Lussi-Modeste. Inspiré de l’histoire personnelle du réalisateur, le long-métrage nous immisce dans la vie de Julien, jeune professeur de français accusé à tort de harcèlement par l’une de ses élèves.

Incarné par le prodigieux François Civil, Julien encaisse les surenchérissements d’idées, d’opinions, de rumeurs de tout un collège et qui ternissent son image, sa dignité, son intégrité. Personne ou presque ne le soutient, que ce soient ses élèves, ses collègues ou sa hiérarchie, alors même que sa condition se détériore et qu’il craint même pour sa vie. Toutes ces allusions, menaces et angoisses débordent inéluctablement dans sa vie personnelle, lui qui pourtant jusque-là parvenait à cloisonner travail et famille/amis.

Peut-être parce que Julien était trop investi, peut-être parce qu’il pensait naïvement pouvoir transmettre à toutes et tous ce qu’on lui avait transmis. Le professeur subit à la fois une féroce désillusion du monde de l’éducation et un cauchemar qu’il ne peut estomper simplement en se raccrochant à ses rêves et à ses convictions. « Pas de vagues » dénonce en effet une institution – autant composée d’adultes que d’ados – capable passivement de noyer celles et ceux pour laquelle elles et ils travaillent.

Cependant, si le long-métrage dresse un tableau relativement sombre de l’enseignement, il met de surcroît en lumière les dérives que peut engendrer l’interprétation erronée d’une ou plusieurs situations. Leslie, l’adolescente qui accuse initialement Julien, comprend ainsi bien trop tard que tout un macrocosme s’est retourné contre lui mais l’a aussi piégée elle. « Pas de vagues » souligne en somme toute la complexité du système de l’éducation, à la jonction entre l’intime et le social, entre le personnel et le sociétal. La fin du film, abrupte, nous pousse ainsi à réfléchir sur cette notion de fragile équilibre qu’essaye d’instaurer chaque professeur·e entre ces univers.

Axel Chevalier
 

After Thomas Lilti’s light-hearted “A Real Job” and İlker Çatak’s stressful “The Teachers’ Lounge”, European cinema brings us another look at the world of teaching, this time more dramatic, with Teddy Lussi-Modeste’s “The Good Teacher”. Inspired by the director’s personal story, the feature takes us into the life of Julien, a young French teacher wrongly accused of harassment by one of his pupils.

Played by the outstanding François Civil, Julien takes the brunt of the ideas, opinions and rumors of an entire school, which tarnish his image, his dignity and his integrity. Almost no one supports him, whether students, colleagues or management, even as his condition deteriorates and he fears for his life. All these comments, threats and anxieties inevitably spill over into his personal life, despite the fact that until now he has managed to keep work and family/friends apart.

Perhaps because Julien was too invested, perhaps because he naively thought he could pass on to everyone what he had been taught. The teacher suffers both a ferocious disillusionment with the world of education and a nightmare he can’t fade simply by clinging to his dreams and convictions. “The Good Teacher” denounces an institution – of adults and teenagers alike – passively capable of drowning those they work for.

However, while the film depicts a relatively bleak picture of teaching, it also highlights the risks involved in misinterpreting one or more situations. Leslie, the teenager who initially accuses Julien, understands far too late that an entire macrocosm has not only turned against him, but also trapped her. In short, “The Good Teacher” underlines the complexity of the education system, at the crossroads between the intimate and the social, the personal and the societal. The film’s abrupt ending prompts us to reflect on the fragile balance each teacher tries to strike between these worlds.

Axel Chevalier
Un Métier Sérieux
La Salle des Profs