Rsg Production

Le Jeu de la Reine

 
Firebrand
 
Best Costume Design – BIFA

2024

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Dans une relecture aussi profonde qu’inspirée Karim Aïnouz nous livre un très beau film qui exploite avec une contemporanéité folle le jeu du point de vue. En choisissant celui de Catherine Parr, dernière femme de Henri VIII, les scénaristes Jessica Ashworth et Henrietta Ashworth détournent les grandes lignes de l’Histoire qui ne parlent que trop souvent des hommes et de leurs guerres. Loin des deux, c’est à la cour sombre d’Angleterre que le cinéaste brésilien pose sa caméra. Un choix audacieux qui parvient dans l’exiguïté de son décor à narrer les mouvances politiques et religieuses d’une époque et la survie d’une femme.

Sixième femme du roi Henri VIII dont la folie excentrique du pouvoir et de la religion ont poussé ses cinq précédentes à la potence ou à l’exil, Catherine Parr essaie avec les absences de son mari de porter ses idées au sein même du pouvoir britannique. Menacée par son devoir matrimonial qui a couté la vie à ses prédécesseures et par son discours de tolérance, seul la protège l’enfant qu’elle s’apprête à porter.

Dans un choix de mise en scène audacieux, Karim Aïnouz déplace le regard historique et porte le regard sur les jours d’une reine et l’asphyxie d’une cour. Dans ces couloirs sans lumière et ses chambres aussi sombres que le cœur d’une forêt, « Le jeu de la Reine » parvient à mêler jeux politiques et discours féministes en un film aussi beau que terrifiant. Incarnée par Alicia Vikander, Catherine Parr se dévoile en une force politique intrigante dont le combat politico-religieux délivre une lecture féministe aux enjeux de survie haletants. En redonnant à l’histoire toute sa terreur et sa crasse, « Le jeu de la Reine » convoque le théâtre de Shakespeare sans jamais oublier l’époque actuelle dans laquelle il s’inscrit. « Le jeu de la Reine » est un film puissant sur la tyrannie des bruits et des chuchotements inquisiteurs.

Sacha Garcia
 

In a retelling as profound as it is inspired, Karim Aïnouz delivers a beautiful film that explores the interplay of points of view with a contemporary flair. By choosing the point of view of Catherine Parr, Henry VIII’s last wife, screenwriters Jessica Ashworth and Henrietta Ashworth turn the historical focus away from men and their wars. Far from both, the Brazilian filmmaker sets his camera in the dark Court of England. An audacious choice that manages, in its cramped setting, to narrate the political and religious upheavals of an era and the survival of a woman.

Sixth wife of King Henry VIII, whose eccentric madness for power and religion drove his five previous wives to the gallows or into exile, Catherine Parr tries, during her husband’s absences, to bring her ideas to the very heart of British power. Threatened by her matrimonial duty, which cost her predecessors their lives, and by her talk of tolerance, only the child she is about to bear can protect her.

Karim Aïnouz’s bold staging shifts the historical focus to the days of a queen and the suffocation of a court. With its lightless corridors and chambers as dark as the heart of a forest, “Firebrand” manages to blend political games and feminist discourse in a film as beautiful as it is terrifying. Played by Alicia Vikander, Catherine Parr reveals herself as an intriguing political force whose politico-religious struggle delivers a feminist reading with breathtaking survival stakes. By restoring history to all its terror and grime, “Firebrand” summons up Shakespeare’s theater without ever forgetting the modern times in which it is set. This is a powerful film about the tyranny of sound and inquisitional whispers.

Sacha Garcia
Blue Bayou
La Dernière Reine