Banel & Adama
Banel e Adama
2023
FR EN
Récité comme un poème sans fin ou telle une sorte d’invocation, « Banel e Adama » se chuchote et nous trouble, imprégnant l’image avec une force redoutable.
Banel et Adama vivent dans un village du nord du Sénégal. Amoureux depuis leur plus jeune enfance, ils décident de déterrer les maisons ensevelies en dehors du village et vivre selon leurs propres règles. Pour cela, Adama doit refuser de devenir le chef du village. Mais face à la sécheresse et au manque d’eau, leur amour et la forme qu’il doit prendre sont remis en question.
Porté par un fantastique subtil et une poésie vibrante, « Banel e Adama » est un de ces contes cinématographiques dont le chemin narratif se poursuit jusqu’en dehors de la salle. C’est en poétesse et conteuse que Ramata-Toulaye Sy nous emporte dans son histoire qu’elle met en scène avec une précision et une liberté rare. Elle esquisse en Banel un personnage complexe et torturé, assailli par les diktats d’un village et le mysticisme d’une force invisible.
La folie ne prend à aucun moment sa place dans le film ; Banel évolue avec nous, avec notre regard. Au-delà de son écriture narrative, « Banel e Adama » révèle une écriture de mise en scène juste et efficace qui nous happent par le son de Benjamin Silvestre, Olivier Voisin et Jean-Pierre Laforce et l’image d’Amine Berrada au cœur d’un film à la fois précis et terriblement vivant.
Après le sublime « Atlantique », le cinéma sénégalais poursuit avec Mati Diop et Ramata-Toulaye Sy une force et un engagement qui évoquent sans conteste les imaginaires de Sembéné et l’approche documentaire de Safi Faye.
Recited like an endless poem or a kind of invocation, “Banel & Adama” whispers and unsettles us, pervading the picture with a powerful intensity.
Banel and Adama live in a village in Northern Senegal. In love since childhood, they decide to dig up the houses buried outside the village and live by their own rules. To do this, Adama must refuse to become the village chief. But in the face of drought and water shortages, their love and the nature it needs to take is put to the test.
Driven by subtle fantasy and vibrant poetry, “Banel & Adama” is one of those cinematic tales whose narrative flow goes on beyond the theater. As a poet and storyteller, Ramata-Toulaye Sy draws us into her story, which she stages with rare precision and freedom. In Banel, she sketches a complex, tortured character, beset by the dictates of a village and the mysticism of an invisible force.
At no point does madness take its place in the film; Banel evolves with us, with our gaze. Beyond its narrative structure, “Banel e Adama” displays a precise and powerful directorial style that draws us into the heart of a film that is both sharp and terribly alive, thanks to the sound of Benjamin Silvestre, Olivier Voisin and Jean-Pierre Laforce, and the visuals from Amine Berrada.
After the wonderful “Atlantics”, the Senegalese cinema carries on with Mati Diop and Ramata-Toulaye Sy with a strength and commitment that unquestionably brings to mind the imaginary world of Sembéné and the documentary approach of Safi Faye.
