Les Chambres Rouges
(Red Rooms)
Meilleure Actrice (rôle de soutien) – Iris
Révélation de l’année – Iris
Chevalier Noir – FanTasia
Best Screenplay, Score & Actress – FanTasia
2023/2024
FR EN
Si vous désirez être perturbé·es, décontenancé·es, troublé·es par un long-métrage sorti en ce début d’année, allez voir « Les Chambres rouges » réalisé par Pascal Plante ; vous n’en sortirez pas totalement indemnes. Mais pourquoi ? Justement, c’est cette question qui va vous tourmenter tout au long du film, et même après…
Nous voilà donc à Montréal, où l’on suit le personnage énigmatique de Kelly-Anne. Une femme taciturne et hypnotique, vivant perchée dans les hauteurs d’un gratte-ciel, et développant une macabre obsession pour une affaire judiciaire des plus sordides. Kelly-Anne a en effet une fascination morbide pour le très médiatisé cas Ludovic Chevalier, accusé des pires atrocités sur trois victimes…
Nous happant dès le début dans le côté sinistre et du procès et de la passion de Kelly-Anne – notamment avec un long plan-séquence dans le tribunal –, « Les Chambres rouges » réussit à nous étouffer par son ambiance particulièrement malsaine. La musique indubitablement oppressante, les couleurs souvent terriblement grisonnantes et parfois effroyablement rougeoyantes, les regards puissamment perçants contribuent à un malaise évident. L’histoire, déjà glaçante, est d’autant plus dérangeante qu’elle reste sobre visuellement : il n’y a pas de voyeurisme. Au contraire, les contre-champs et surtout les hors-champs deviennent ainsi tout aussi importants que les focus sur les différents protagonistes.
La performance de Juliette Gariépy relève d’ailleurs littéralement du sublime : la froideur, la beauté et l’intelligence de Kelly-Anne la font paraître bien plus vicieuse que folle, ce qui désarçonne autant le public que la déroutante anti-héroïne Clémentine (Laurie Babin), elle aussi captivée par le cas Chevalier.
Toutefois, ce qui nous choque le plus dans « Les Chambres rouges », ce n’est pas tant Kelly-Anne, cette Lady of Shalott moderne enfermée dans une tour avec une Guenièvre virtuelle, mais plutôt la possibilité que ce genre de personne aux intérêts ténébreux (et non systématiquement immoraux, par ailleurs) existe réellement dans notre monde farci de violence et d’insanité… Un film renversant, cauchemardesque, traumatisant.
Axel Chevalier
If you want to be unsettled, baffled, confused by a feature film released early this year, go watch “Red Rooms” directed by Pascal Plante; you won’t leave completely unscathed. But why? That’s the question that will torment you throughout the film, and even afterwards…
So here we are in Montreal, following the enigmatic character of Kelly-Anne. A taciturn, hypnotic woman living high up in a skyscraper, she develops a gruesome obsession with a sinister court case. Kelly-Anne has a morbid fascination for the high-profile Ludovic Chevalier case, accused of the worst atrocities against three victims…
From the outset, “Red Rooms” draws us into the sinister side of both the trial and Kelly-Anne’s passion – particularly with a long uncut shot in the courtroom – and succeeds in keeping us gripped by its particularly unhealthy atmosphere. The unmistakably oppressive music, the often terribly graying and sometimes frighteningly glowing colors and the powerfully piercing glances all contribute to an obvious sense of unease. The story, already chilling, is all the more disturbing for its visual restraint: there’s no voyeurism. On the contrary, counter-shots and, above all, off-screen elements become just as important as the focus on the various protagonists.
Juliette Gariépy’s performance is literally sublime: Kelly-Anne’s coldness, beauty and intelligence make her seem far more vicious than mad, which is just as disconcerting to the audience as the puzzling anti-heroine Clémentine (Laurie Babin), who is also captivated by the Chevalier case.
However, what shocks us most about “Red Rooms” is not so much Kelly-Anne, this modern Lady of Shalott locked in a tower with a virtual Guinevere, but rather the possibility that this kind of person with dark interests (and not systematically immoral, by the way) actually exists in our world stuffed with violence and insanity… A stunning, nightmarish, traumatizing film.
Axel Chevalier