Making Of
2024
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Un réalisateur commence à peine à tourner son film quand l’affaire prend l’eau : c’est l’histoire de « Making of », un film sur un film au tournage chaotique dont on suit les coulisses comme son titre l’indique. Servi par un très bon casting avec Denis Podalydès en capitaine de navire en pleine dérive, Jonathan Cohen à la limite de l’autodérision, l’excellente Souheila Yacoub et Emmanuelle Bercot toujours aussi crédible dans un rôle encore bien différent, le nouveau film de Cédric Kahn (moins de quatre mois après la sortie de son « Procès Goldman ») saisit le cinéma tel qu’il est, une drogue dure …
Très réaliste, « Making of » s’inscrit dans la lignée des films nous plongeant dans l’envers du décor et dans une tendance récente vraiment appuyée avec de nombreux réalisateurs décidant de nous donner leur vision de l’industrie ou des tournages. Il interroge les structures économiques de l’industrie cinématographique et livre une critique fine d’un secteur où la création et la rentabilité doivent inexorablement cohabiter dans une opposition (binaire) entre réalité sociale et ‘happy end’.
Et pour renforcer ce réalisme, Cédric Kahn va plus loin dans sa mise en abîme qu’un simple film sur un film puisqu’il fait un film sur un ‘making of’ de tournage ou autrement dit : un film sur un film d’un film ! En plus de cela, ce n’est pas une pure fiction que met en scène le film dont on suit le tournage, il s’attache à retracer le parcours de vrais ouvriers qui cherchent à reprendre leur usine en auto-gestion. Un parcours parallèle à la fois au film où la frontière entre réalité et fiction est justement remise en question par un changement de résolution finale, mais aussi au tournage où à l’image de ses personnages, le réalisateur se bat pour sauver lui aussi son usine. Au-delà d’un film de coulisses, c’est donc une double mise en abîme que nous propose ici Cédric Kahn.
Mais le film s’avère bien plus sérieux et moins comique qu’il n’y paraît et peine finalement à trouver son sujet et son ton dans une histoire certes instructive mais avec des personnages plutôt inintéressants qui ont du mal à être attachants ou captivants. Oui le film est bien fait et ne ressemble en effet pas aux autres du même style, mais il ne crée rien de bien nouveau non plus et au bout du compte le résultat n’est tout simplement pas transcendant.
Raphaël Sallenave
A director has just started shooting his film when the whole thing goes haywire: that’s the story of “Making of”, a film about a chaotic production whose behind-the-scenes story unfolds as the title suggests. With an excellent cast including Denis Podalydès as a drifting ship’s captain, Jonathan Cohen on the verge of self-mockery, the excellent Souheila Yacoub and Emmanuelle Bercot as convincing as ever in a very different role, Cédric Kahn’s latest film (less than four months after the release of “The Goldman Case”) captures cinema as it is, a hard drug…
“Making of” is a highly realistic, behind-the-scenes film, in line with a recent trend for directors to give us their vision of the industry and film shoots. It takes a close look at the economic structures of the film industry, and delivers a sharp critique of a sector where creation and profitability must inexorably coexist in a (binary) opposition between social reality and the happy endings.
And to add to this realism, Cédric Kahn goes even further in his mise en abîme than a straightforward film about a film: he makes a film about a ‘making of’ shoot, or in other words: a film about a film of a film! What’s more, the movie we follow is not pure fiction, but follows the journey of real workers who are trying to take over their factory under self-management. It’s a journey that parallels both the film, in which the boundary between fact and fiction is called into question by a change in the final resolution, and the shooting, in which the director, like his characters, fights to save his own production. So, beyond a behind-the-scenes movie, Cédric Kahn takes us into a double mise en abîme.
But the film turns out to be far more serious and less funny than it seems, and ultimately struggles to find its point and tone in a story that’s certainly enlightening, but with rather uninteresting characters who fail to be endearing or captivating. Yes, the movie is well-made and indeed unlike any other of its kind, but it doesn’t really create anything new either, and in the end the whole thing is simply not exciting.
Raphaël Sallenave