Pauvres Créatures
Poor Things
Lion d’Or – Venise
Best Actress – Oscars
Best Costume, Production Design, Makeup – Oscars
Best Actress, Costume, Production design, Makeup & Hair, Special Visual Effects – BAFTA
Best Picture(Musical or Comedy) – Golden Globe
Best Actress (Musical or Comedy) – Golden Globe
2023/2024
FR EN
À mi-chemin entre le cinéma de Jodorowsky et les peintures de Leonora Carrington, « Pauvres Créatures » navigue entre surréalisme et épopée féministe. Dans son nouveau film, Yórgos Lánthimos affirme un style plus comique déjà présent dans « The Lobster » ou « La Favorite ». Il inspecte ici les méandres de la condition féminine à travers le regard d’une femme lavée de toutes formes d’injonctions. En jouant avant tout sur sa mise en scène et sur son image, qu’il déforme d’ailleurs un peu plus à chaque film, le réalisateur de « Canine » nous invite dans sa relecture du livre de Alasdair Gray.
Issue de l’expérience du génie et troublant docteur Dr Godwin Baxter, Bella Baxter a vu le jour dans le corps d’une femme. Assoiffée de connaissance et une envie folle de découvrir le monde et franchir les portes du manoir de son père créateur. Elle décide donc de fuir avec Duncan Wedderburn, un avocat dandy et goulument névrosé. Dans ce périple, la jeune Bella va découvrir un monde et sa propre identité.
Forme hybride entre le conte merveilleux et le surnaturel morbide, Yórgos Lánthimos signe une œuvre visuelle puissante, plaçant son héroïne en une version contemporaine du monstre de Frankenstein. Une relecture abordée avec une intelligence rare, une odyssée féminine sur la femme, sur son corps et son esprit avec toute la violence et la beauté qui en ressortent. Une expérience d’autant plus puissante que l’image sert le propos aussi bien que l’interprétation de sa comédienne principale. Le film repose d’ailleurs en grande partie sur la composition de son actrice principale Emma Stone, qui par ses propositions de jeu nous offre un personnage déroutant et à la mutation affolante.
Continuellement empreint d’une cynique hystérie, « Pauvres Créatures » interroge aussi bien le cinéma de Fellini que celui de Visconti et enchaîne les personnages secondaires au cœur d’une fresque visuelle qui dégorge de couleur. « Pauvres Créatures » est un Jules Vernes sous exta, c’est l’Odyssée qui relègue les hommes et instaure Pénélope comme figure centrale d’un récit. Un récit qui scrute les mécanismes de reproduction des plus étouffantes injonctions et qui s’amuse, humour noir à l’épaule, à les briser un à un.
Halfway between the cinema of Jodorowsky and the paintings of Leonora Carrington, “Poor Things” meanders between surrealism and feminist epic. In his new film, Yórgos Lánthimos establishes a more comic style already seen in “The Lobster” and “The Favorite”. Here, he examines the intricacies of the female condition through the eyes of a woman cleansed of all constraints. The director of “Dogtooth” invites us into his adaptation of Alasdair Gray’s book, playing above all with his mise en scène and his picture, which he distorts a little more with each film.
The brainchild of the troubled genius Dr. Godwin Baxter, Bella Baxter was born in a woman’s body. With a thirst for knowledge and an insatiable desire to discover the world and break through the gates of her creator father’s mansion. So, she decides to go on the run with Duncan Wedderburn, a dandyish, neurotic lawyer. On this journey, young Bella discovers a world and her own identity.
Yórgos Lánthimos has created a powerful visual work of art as a hybrid between a marvelous tale and the morbidly supernatural, turning his heroine into a contemporary version of Frankenstein’s monster. A retelling approached with rare intelligence, a feminine odyssey on women, their bodies and their minds, with all the violence and beauty that comes with it. An experience made all the more powerful by the fact that the image serves the subject as well as the performance of its lead actress. In fact, the film relies heavily on the performance of its lead actress, Emma Stone, who offers us a disconcerting and frighteningly mutable character.
Continually imbued with cynical hysteria, “Poor Things” questions the cinema of Fellini and Visconti alike, and strings together secondary characters at the heart of a visual mosaic bursting with color. “Poor Things” is a Jules Vernes on ecstasy, an Odyssey that relegates men to the background and establishes Penelope as the central figure of the narrative. It’s a story that scrutinizes the mechanisms by which the most stifling injunctions are reproduced, and has fun breaking them down one by one, with a touch of dark humor.
Sacha Garcia