Kinds of Kindness
Prix d’interprétation masculine – Cannes
2024
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Un homme dont la vie est totalement contrôlée découvre à son insu la liberté suite à son refus de provoquer la mort d’une personne consentante. (La mort de R.M.F. – 1) / Un policier suspecte que la femme qu’il retrouve après une disparition mystérieuse n’est pas son épouse, mais une imposteuse. (R.M.F. vole – 2) / Une membre d’une secte est à la recherche effrénée de leur Élue, même après qu’elle soit exclue car « contaminée ». (R.M.F. mange un sandwich – 3)
Voilà les trois synopsis des trois fables contemporaines qui composent « Kinds of Kindness », la dernière comédie noire de Yórgos Lánthimos – qui nous avait déjà marqué en ce début d’année avec « Pauvres Créatures ». Primé comme son prédécesseur, cette fois-ci avec le Prix cannois d’interprétation masculine décerné à Jesse Plemons, le long-métrage réunit à nouveau une panoplie d’excellents acteurs dont Emma Stone, Willem Dafoe et Hong Chau, dans les décors bien plus réalistes – quoique parfois surréels – de La Nouvelle-Orléans.
Toujours dans la veine de l’humour absurde, cocasse et souvent poussé à l’extrême de son réalisateur, « Kinds of Kindness » paraît d’abord difficile à cerner, avec trois histoires d’apparence sans aucun lien, hormis leurs acteurs et l’apparition de ce R.M.F., ce qui génère une certaine confusion mais aussi une curiosité déplacée, voire morbide. Néanmoins, le triptyque présente bel et bien quelques fils directeurs.
La triple intrigue traite avant tout de la nature humaine, de notre rapport aux autres souvent conditionné par les « formes de gentillesse » (titre du film) que nous accordons ou non, dont nous nous efforçons de faire preuve ou non. Cela peut aller de la simple obéissance (1) au besoin de reconnaissance (3) en passant par la tolérance (2). Le long-métrage reprend aussi la notion de contrôle de soi et des autres, sa quête pouvant nous rendre totalement fous et violents (2), ou à l’inverse déconnectés et désespérés (3), parce que cette emprise, lorsqu’elle est absolue et aveugle, est rassurante (1). Non sans cynisme, le film nous rappelle ainsi que c’est justement notre lutte contre la vanité qui rend nos existences absurdes, donc comiques.
A man whose life is totally controlled unwittingly discovers freedom after refusing to cause the death of a willing person. (The Death of R.M.F. – 1) / A policeman suspects that the woman he finds after a mysterious disappearance is not his wife, but an imposter. (R.M.F. is flting – 2) / A member of a sect is frantically searching for their Chosen One, even after she has been rejected as « infected ». (R.M.F. eats a sandwich –3)
These are the three plotlines of the three modern-day fables that make up “Kinds of Kindness”, the latest dark comedy from Yórgos Lánthimos – who already won us over earlier this year with “Poor Things”. Just like his previous one, his latest film was rewarded at the Cannes Film Festival, this time winning the Best Actor Prize for Jesse Plemons. It once again brings together a whole slew of excellent actors, including Emma Stone, Willem Dafoe and Hong Chau, in the much more realistic – although sometimes surreal – setting of New Orleans.
True to its director’s absurdist, comical and often over-the-top sense of humor, “Kinds of Kindness” initially seems hard to grasp, with three seemingly unrelated stories – apart from their protagonists and the appearance of this R.M.F. – generating a certain amount of confusion and misplaced, even morbid curiosity. Nevertheless, the triptych does have a few threads running through it.
The triple plot deals above all with human nature, with our relationship with others often conditioned by the “Kinds of kindness” (the film’s title) that we do or do not grant, that we do or do not strive to show. This can range from simple obedience (1) to tolerance (2) to the need for recognition (3). The film also takes up the notion of control over ourselves and others, the quest for which can drive us totally mad and violent (2), or conversely, disconnected and desperate (3), because this control, when absolute and blind, is comforting (1). Not without cynicism, the film reminds us that it’s precisely our struggle against vanity that makes our lives absurd, and therefore comic.