Loveable
Elskling
Jury Prize & Best Actress – Karlovy Vary
Jury Prize – Miskolc
Best Film, Director, Actress, Screenplay – BJIFF
Best Film – Norway
Best Director & Best Screenplay – Norway
Best Lead Performance – Norway
Best Foreign Film – Iceland
2024/2025
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Maria, jeune femme active, élève seule ses deux enfants. Un soir de fête, elle croise le regard de Sigmund. Pour elle, c’est le coup de foudre. Elle va tout faire pour le retrouver et le séduire. Dans un taxi, un long regard et c’est le début d’une passion. Voilà Maria, quelques années plus tard, mariée, mère de quatre enfants et un mari régulièrement en déplacement pour son travail. Il semble que sa vie lui échappe. Elle ne comprend plus l’attitude de ce mari musicien, happé par son métier. Et elle dans tout ça ! A-t-elle trop donné, trop attendu de l’autre ?
Toutes ces questions, elle n’est pas en mesure de se les poser. Ce qu’elle vit l’engloutit. Elle s’est complètement oubliée. Épuisée, elle n’arrive plus à s’investir dans son travail. C’est lors d’un retour professionnel de Sigmund qu’une dispute ultime va tout remettre en question. Sigmund, lui, ne comprend pas son attitude. Il semble sincère.
La réalisatrice souligne les non-dits d’un couple, les contradictions, les reproches, les rancœurs, l’impossibilité de communiquer. Mais ce qui fait l’intensité de ce film c’est la prise de conscience de nos faiblesses, de nos héritages familiaux et comment nous nous construisons avec.
Avec sa sensibilité à fleur de peau, Maria est anéantie. Elle n’est pas en mesure d’analyser ce qui se passe dans son couple lorsque Sigmund demande le divorce. Elle va vivre cette séparation comme une longue et douloureuse descente aux enfers. Elle en veut au monde entier. C’est surtout son auto-destruction qui va la consumer. Vulnérable, fragile, elle va devoir se confronter à ses démons et à ses responsabilités. L’importance des séances de thérapie, permettent à Maria et Sigmund de se libérer et d’exprimer leur mal être. Ces séances sont primordiales pour la construction du film et l’évolution des personnages. Elles sont incontournables, d’une grande justesse.
Sujet simple et complexe à la fois, traité avec finesse, sans pathos d’une vérité criante. Comment vit-on l’amour, la maternité avec notre propre héritage, nos traumatismes. Qu’attendons-nous de l’autre ? Qu’est-ce qu’aimer ?
Et avant tout, malgré tout, l’important est de se (re)trouver, de s’accepter avec nos failles et de s’aimer. S’aimer, c’est justement la grande question qui se pose pour Maria et qu’elle va comprendre lors de la visite chez sa mère. Sa détresse affective va lui sauter aux yeux. Les mots prononcés par cette mère vont être pour elle un déclic. Devant son miroir, scène particulièrement éprouvante, elle va oser se confronter à elle-même avec les mots nécessaires, douloureux comme une rédemption.
« Je suis une personne bien. Je m’aime, je peux m’aimer.
C’est dangereux de t’aimer.
Quand tu me prends dans tes bras, j’ai si peur que tu me lâches »
Maria va alors pouvoir se reconstruire, certes dans la douleur de la perte de son amour, Sigmund. Un premier film d’une grande délicatesse traité avec sensibilité. L’actrice, Helga Guren, joue une Maria époustouflante de vérité.
Pascale Carrere
Maria, a young working woman, is raising her two children alone. One evening at a party, she catches Sigmund’s eye. For her, it’s love at first sight. She will do everything she can to find him and charm him. In a taxi, one long glance and it’s the beginning of a passionate affair. Fast forward a few years, and Maria is now married with four children and a husband who is regularly away on business. She feels like her life is slipping away from her. She no longer understands the attitude of her musician husband, who is caught up in his career. And what about her in all this? Has she given too much, expected too much from the other person?
She is unable to ask herself all these questions. What she is going through is overwhelming her. She has completely forgotten herself. Exhausted, she can no longer devote herself to her work. It is during one of Sigmund’s homecomings that a final argument will call everything into question. Sigmund, on the other hand, does not understand her attitude. He seems sincere.
The director brings to light the unspoken issues within a couple, the contradictions, the blame, the resentment, and the inability to communicate. But what makes this film so intense is the realization of our weaknesses, our family legacies, and how we build ourselves around them.
With her sensitivity on edge, Maria is devastated. She is unable to analyze what is happening in her relationship when Sigmund asks for a divorce. She experiences this separation as a long and painful descent into hell. She resents the whole world. Above all, it is her self-destruction that consumes her. Vulnerable and fragile, she will have to confront her demons and her responsibilities. The importance of the therapy sessions allows Maria and Sigmund to free themselves and express their discomfort. These sessions are essential to the development of the film and the evolution of the characters. They are unavoidable and very accurate.
This is a simple yet complex subject, handled with finesse and without the pathos of stark truth. How do we experience love and motherhood with our own heritage and traumas? What do we expect from others? What is ultimately love?
Above all, despite everything, the important thing is to find ourselves, to accept ourselves with our flaws and to love ourselves. Loving oneself is precisely the big question that Maria faces and that she will understand during her visit to her mother. Her emotional distress will be brought into sharp focus. The words spoken by her mother will be a turning point for her. In front of her mirror, in a particularly intense scene, she dares to confront herself with the necessary words, painful as redemption.
« I am a good person. I love myself; I can love myself.
It’s dangerous to love you.
When you take me in your arms, I’m so afraid you’ll let me go. »
Maria will then be able to rebuild herself, albeit in the pain of losing her love, Sigmund. This is a debut film of great sensitivity and delicacy where the actress, Helga Guren, portrays Maria with breathtaking authenticity.
Pascale Carrere