Other
2025
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Suite au décès de sa mère dont elle s’était éloignée, Alice doit se rendre dans sa maison d’enfance, isolée de tout. Mais ce retour, qui ravive déjà des mauvais souvenirs qu’elle croyait enfouis à jamais, va s’avérer encore plus troublant… Réalisé par David Moreau, « Other » est un thriller horrifique indépendant franco-belge dont l’intrigue se passe au fin fond du Minnesota. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il fourmille d’idées.
Visuellement, d’abord, le film marque de par sa focalisation unique sur le personnage d’Alice (incarnée par l’actrice franco-ukrainienne Olga Kurylenko) qui, en plus d’être la seule véritable protagoniste, est la seule personne dont on voit le visage – les rares autres étant toujours de dos, coupés, ombrés, cachés, suggérés ou même masqués (enfin, il y a deux toutes petites mais cruciales exceptions). Cette solitude « faciale » renforce ainsi notre attention sur Alice dont on suit le voyage nostalgique, métaphysique et traumatique aux détours des pièces et extérieurs de cette grande maison-cloître au terrain immense délimité par un inquiétant grillage. Proposant une série de beaux plans (en particulier durant la séquence nocturne dans la piscine désaffectée), « Other » joue en parallèle sur des images bien moins nettes ou bien moins cadrées (caméras de surveillance, vieilles cassettes VHS, téléphones portables) qui multiplient les sources d’angoisse chez l’héroïne comme pour le public.
Thématiquement, ensuite, de nombreux sujets s’entremêlent et instaurent une atmosphère spécifique. La révélation progressive des traumatismes d’enfance d’Alice nous rappelle non seulement les difficultés d’insertion des immigrés dans la société états-unienne mais nous plonge de surcroît dans les affres des violences physiques et verbales qu’une mère peut commettre à l’encontre de sa fille. L’assimilation, le refoulement puis l’éclatement de cette oppression est ainsi en grande partie symbolisée par ce monstre furtif qui hante et effraye les parages : celui de la maternité destructrice car sans amour.
Cependant, malgré une fin qui fonctionne vraiment très bien, « Other » peine à nous accrocher en raison de son côté assez inégal, tant dans les dialogues/monologues, le jeu des actrices et acteurs et les différentes ambiances du film – les moyennes scènes de nostalgie qui tranchent par exemple beaucoup trop avec les excellentes scènes stressantes où clignotent de façon assourdissante les alarmes d’extérieur. Le tout forme malheureusement un patchwork d’idées certes intéressantes sur le papier mais qui réunies s’assemblent parfois assez mal. Si le bât blesse donc un peu sur la forme, « Other » demeure un film étonnant et plaisant sur le fond.
Axel Chevalier
Following the death of her estranged mother, Alice must return to her isolated childhood home. But this return, which is already stirring up bad memories she thought had been buried forever, is about to prove even more disturbing… Directed by David Moreau, “Other” is a French-Belgian independent horror thriller set deep in Minnesota. And it’s full of ideas, to say the least.
Visually, first of all, the film is striking for its unique focus on the character of Alice (played by French-Ukrainian actress Olga Kurylenko) who, in addition to being the only real protagonist, is the only person whose face we see – the few others are always from behind, cut off, shaded, hidden, suggested or even masked (although there are two tiny but key exceptions). This “facial” isolation reinforces our focus on Alice, whose nostalgic, metaphysical and traumatic journey we follow through the rooms and exteriors of this large cloistered house, with its immense grounds bordered by an ominous fence. Offering a series of beautiful shots (particularly during the nighttime sequence in the abandoned swimming pool), “Other” plays in parallel with far less focused or carefully framed footage (surveillance cameras, old VHS tapes, cell phones), increasing the amount of anxiety for both the heroine and the audience.
Thematically, then, a number of themes intertwine to create a specific atmosphere. The gradual revelation of Alice’s childhood traumas not only reminds us of the difficulties of integrating immigrants into American society, but also brings us face to face with the physical and verbal violence a mother can inflict on her daughter. The assimilation, repression and eventual breakdown of this oppression is symbolized in large part by the stealthy monster that haunts and frightens around us: the destructive, loveless monster of motherhood.
However, despite an ending that works really well, “Other” struggles to keep us hooked because of its unevenness, both in the dialogues/monologues, the acting and the different moods of the film – the average scenes of nostalgia, for example, contrast far too much with the excellent stressful scenes where outdoor alarms flash deafeningly. Unfortunately, the whole thing is a patchwork of ideas which, while interesting on paper, sometimes don’t quite fit together. While the film’s form might be a little flawed, “Other” remains a surprising and enjoyable movie in its own right.
Axel Chevalier