F1
2025
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Trois ans après le stratosphérique succès de « Top Gun : Maverick », le scénariste, le chef-opérateur, le producteur, et le réalisateur de cet époustouflant film d’aviation avec Tom Cruise, réappliquent la même recette visuelle et narrative au monde de l’automobile avec cette fois Brad Pitt dans le rôle principal. Là où Tony Scott avait fait son « Days of Thunder » sur la NASCAR après « Top Gun », Joseph Kosinski s’attaque donc après « Maverick » au monde de la F1 !
Le film met ainsi en scène littéralement un maverick, un ancien pilote prodige que son ami maintenant propriétaire d’écurie appelle à la rescousse. Le vieux roublard va alors devoir montrer qu’il en a toujours sous le capot, et qu’il est prêt à collaborer avec son jeune coéquipier plein de fougue (Damson Idris). Avec une petite dose de suspense, et une grosse d’adrénaline entre deux virages romantiques et dramatiques, c’est un scénario balisé qui joue du charme vieillissant de sa star et assume son statut de dinosaure (un brin moralisateur). Alors oui le développement du personnage de Brad Pitt est au point mort, mais ce n’est pas une étude de personnage, c’est clairement un film sur son environnement, sur son sport, sur des machines, un film de sensations, de frissons, un pur divertissement fun.
« F1 » privilégie donc clairement le grand spectacle au scénario en mettant la gomme en termes visuels et sonores dans un format IMAX tout du long et une bande-son à combustion toujours signée Hans Zimmer au gré de chansons pop du moment. C’est un blockbuster onéreux dont le méga-budget ($200-300M) se retrouve à l’écran dans douze séquences de courses magnifiquement filmées avec fluidité, élégance, et énergie pour une immersion bluffante aussi bien à la place du pilote (plans dans le cockpit, sensations de vitesse) qu’à la place du spectateur (plans larges, points de vue extérieurs avec les commentateurs). Les effets spéciaux sont très subtils mais particulièrement réussis pour intégrer les monoplaces de nos deux personnages dans le véritable peloton, y compris lors de magnifiques dépassements où le bolide de Brad Pitt en remplace d’autres (Hamilton sur Leclerc à Mexico).
Néanmoins, bien que les visuels soient très impressionnants, ils apparaissent moins époustouflants que ceux de « Maverick » qui étaient, il faut le dire, inédits alors que le film « F1 » reproduit de nombreux angles des diffusions télévisées de grands-prix. Evidemment, la résolution 4k et certains angles de prises de vues (notamment les plans panoramiques fixés à la monoplace) apportent une vraie valeur ajoutée pour l’immersion dans les manœuvres de course. Mais sinon, en termes de spectacle, ce n’est pas nécessairement plus vertigineux qu’une vraie course.
Se rapprocher le plus possible d’une vraie course est justement l’objectif d’un tel film qui a placé le réalisme au cœur de son processus de tournage lors de neuf vrais week-ends de grand-prix, donc sur les vrais circuits, avec les vraies écuries, les vrais pilotes, dans de vraies situations avec de vraies monoplaces (F2 remodelées par Mercedes), dans de vrais locaux (ceux de Mclaren), ainsi qu’une vraie soufflerie (celle de Williams). En somme, c’est un film qui épouse véritablement son environnement professionnel, en le simplifiant certes mais en représentant bel et bien l’essence du métier et des différents rôles de ce ‘sport d’équipe’ en incluant même des séquences au simulateur, ou encore des réunions de stratégies de courses ou de développement de la voiture.
Après il y a effectivement quelques faits peu crédibles dans les courses, mais ces petits détails ont souvent une explication dans le déroulement de la course ou les choix de l’écurie. Car si le scénario n’est clairement pas le moteur d’un tel film, avec une trame très simple (voire simplette) sur les relations de personnages et les enjeux sportifs, les scénarios de course sont eux en revanche assez surprenants et ingénieux, bien que très roublards et à la limite de la ‘course automobile’ – c’est un peu du Flavio Briatore
Mais le problème fondamental du film réside dans son choix de se concentrer exclusivement sur les courses qui s’enchaînent sans la moindre séance de qualifications. Or, si la direction de développement aérodynamique choisie par l’écurie est bien expliquée et devrait effectivement améliorer considérablement la voiture comparativement aux adversaires en courses et donc permettre aux pilotes d’obtenir de meilleurs résultats, elle devrait aussi compromettre leurs qualifications, ce qui ne rend donc pas la progression de l’équipe durant la saison parfaitement crédible.
« F1 » s’impose donc comme un film dans un drôle d’entre-deux, qui devrait à la fois ravir aussi bien certains fans de course que certains profanes, tout en décevant aussi (légèrement) d’autres adeptes de la discipline ou néophytes. Mais dans l’ensemble, ce film notamment co-produit par Sir Lewis Hamilton réussit haut la main sa mission avec une intrigue didactique et précise sur ce sport dans une mise en scène saisissante. C’est un grand divertissement et un pur plaisir de salles !
Raphaël Sallenave
Three years after the stratospheric success of “Top Gun: Maverick”, the screenwriter, cinematographer, producer and director of this breathtaking aviation epic starring Tom Cruise, reapply the same visual and narrative formula to the world of motor racing, this time with Brad Pitt in the lead role. Just as Tony Scott made his “Days of Thunder” about NASCAR after “Top Gun”, Joseph Kosinski now tackles the world of F1 after “Maverick”!
The film literally features a maverick, a former racing talent whose friend, now team owner, calls him to the rescue. The old hotshot then has to show that he’s still got it, and that he’s ready to work with his spirited young teammate (Damson Idris). With a bit of suspense and a lot of adrenaline in between the romantic and dramatic turns, this is a formulaic script that capitalizes on its star’s aging charm and embraces his (slightly preachy) dinosaur status. So, yes, Brad Pitt’s character development is stuck in neutral, but this isn’t a character study, it’s clearly a film about its environment, its sport, its machines, a film of thrills and chills, a pure, fun entertainment.
“F1” therefore clearly favors the big spectacle over the storyline, going all out in terms of visuals and sound, with an IMAX aspect ratio throughout and an explosive soundtrack by Hans Zimmer, featuring the latest pop songs. It’s an expensive blockbuster whose mega-budget ($200-300M) is shown on screen in twelve racing sequences beautifully filmed with fluidity, elegance and energy, for a stunning immersion both in the driver’s seat (shots in the cockpit, feeling of speed) and in the spectator’s seat (wide shots, exterior viewpoints with commentators). The special effects are very subtle, but particularly convincing in integrating the cars of our two characters into the real pack, including during some wonderful overtaking maneuvers in which Brad Pitt’s car replaces others (Hamilton on Leclerc in Mexico).
Nevertheless, while the visuals are very impressive, they appear less breathtaking than those of “Maverick”, which were, it must be said, unprecedented, whereas the “F1” film reproduces many of the angles of grand-prix TV broadcasts. Obviously, the 4k resolution and some of the camera angles ( especially the panning shots fixed to the car) provide real added value in terms of immersion in the race maneuvers. But otherwise, in terms of spectacle, it’s not necessarily any more thrilling than a real race.
Getting as close as possible to a real race is precisely the aim of such a film, which put realism at the heart of its shooting process during nine real grand-prix weekends, i.e. on real circuits, with real teams, real drivers, in real situations with real single-seaters (F2s redesigned by Mercedes), in real facilities (Mclaren’s), as well as a real wind tunnel (Williams’). In short, this is a film that truly embraces its professional environment, simplifying it of course, but representing the essence of the profession and the different roles in this ‘team sport’, even including simulator sequences, race strategy meetings and car development discussions.
After all, there are a few things that may not be very believable in the races, but these little details often have an explanation in the unfolding of the race or in the choices made by the team. While the screenplay is clearly not the driving force behind such a film, with a very simple (if not simplistic) plot about character relationships and sporting stakes, the race scenarios are on the other hand quite surprising and ingenious, albeit very cunning and at the very limit of ‘motor racing’ – somewhat akin to Flavio Briatore.
But the core issue with the film lies in its choice to focus exclusively on the races, which follow one another without a single qualifying session. While the aerodynamic development direction chosen by the team is well explained and should indeed considerably improve the car compared to its rivals in the races, and thus enable the drivers to achieve better results, it should also compromise their qualifications, which doesn’t make the team’s progress during the season entirely convincing.
So, “F1” stands out as a film in a strange in-between position, which should delight both some racing fans and newcomers, while also (slightly) disappointing other devotees of the discipline or laymen. Overall, however, this film, which Sir Lewis Hamilton co-produced, very much succeeds in its mission, with a didactic and accurate plot about this sport in a strikingly shot visual style. This is great entertainment and a pure cinema experience!
Raphaël Sallenave