Rsg Production

Tori et Lokita

Tori & Lokita

 
Prix spécial du 75e anniversaire – Cannes

2022

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Prix du 75e au festival de Cannes, le dernier film de Luc et Jean-Pierre Dardenne met en scène deux jeunes immigrés vivant dans un centre d’accueil et tentant de faire le nécessaire pour survivre, transférer de l’argent à leur famille, et aspirer à un avenir meilleur.

Lokita et Tori se retrouvent ainsi confrontés aux réseaux de l’économie souterraine dans un thriller où l’argent est au cœur du drame entre enjeux de famille, de voyages, de travail et d’identité. Le film montre comment des êtres disqualifiés par une société qui préfère oublier qu’ils existent, doivent tirer des bords pour faire preuve de débrouillardise, d’ingéniosité et de courage. Le propos est clair et le récit très épuré, de ces 90 minutes chrono sans détours à la simplicité des plans qui nous fait construire le récit nous-même, en passant par les non-dits du scénario avec un karaoké en italien tel un héritage de leur périple migratoire. Le sort de ces enfants nous touche profondément dans la continuité d’un cinéma très humain dont les frères Dardenne sont coutumiers. Si la démonstration sociale reste moins forte qu’un Ken Loach, ils sont toujours aussi bons dans leur cinéma plein de sensibilité, de charme et d’affections au milieu de situations sociales révoltantes.

Avec « Tori et Lokita », les réalisateurs donnent un visage à une problématique sociale en s’attelant à bien opposer la singularité et la complexité aux discours simplistes. Ne serait-ce qu’avec le titre composé du nom des deux protagonistes, ils remettant un peu de vie derrière des enjeux trop souvent considérés à la loupe géopolitique. Les frères Dardenne choisissent par ailleurs de faire durer chaque scène en conservant toujours un unique point de vue amplifiant ainsi le suspense et le sentiment d’isolement de ces jeunes mineurs non accompagnés et par là même leurs efforts. Néanmoins, si le jeu des jeunes acteurs non professionnels (Pablo Schils et Joely Mbundu) rend Tori & Lokita particulièrement attachants, il s’avère également peu convaincant dans certaines scènes. De même les dialogues peinent parfois en n’étant par exemple pas toujours cohérents avec leur situation ou leur jeune âge.

« Tori et Lokita » est donc un film très émouvant, assez âpre et plutôt sombre, à la fois concis et haletant. Son histoire brute et particulièrement pertinente est absolument importante à transmettre et vaut définitivement un petit passage à la frontière de votre cinéma local !

Raphaël Sallenave

 

Luc and Jean-Pierre Dardenne’s latest film, which won the 75th prize at the Cannes Film Festival, depicts two young immigrants living in a shelter and trying to do what is necessary to survive, send money to their families, and aspire to a better future.

Lokita and Tori find themselves confronted with the networks of the underground economy in a thriller where money is at the heart of the drama between issues of family, travel, work and identity. The film shows how people discredited by a society that would rather forget they exist, have to be resourceful, ingenious and brave. The message is clear and the story is very pure, from the 90 minutes without any detours to the simplicity of the shots that make us build the story ourselves, as well as the unspoken words of the script with a karaoke in Italian as a legacy of their migration journey. The fate of these children touches us deeply in the continuity of a very human cinema that the Dardenne brothers are used to. If the social statement remains less strong than a Ken Loach, they are still as good in their cinema full of sensitivity, charm and affection in the middle of revolting social situations.

With “Tori and Lokita”, the filmmakers give a face to a social issue by opposing singularity and complexity to simplistic speeches. Just with the title made of the names of the two protagonists, they inject a bit of life behind issues that are too often seen through a geopolitical lens. The Dardenne brothers also choose to make each scene last by always keeping a single perspective, thus amplifying the suspense and the feeling of isolation of these young unaccompanied minors and thereby their efforts. Nevertheless, if the acting of the young non-professional actors (Pablo Schils and Joely Mbundu) makes Tori & Lokita particularly endearing, it also proves to be unconvincing in some scenes. Similarly, the dialogues sometimes fail to be consistent with their situation or their young age.

“Tori and Lokita” is therefore a very moving film, quite harsh and rather dark, both succinct and breathtaking. Its raw and particularly relevant story is absolutely important to share and is definitely worth a brief smuggle to your local theater’s border!

Raphaël Sallenave

The Old Oak
Jeunes Mères