Les Linceuls
The Shrouds
2025
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Et si l’on pouvait voir le corps de nos proches même après leur mort ? C’est l’idée révolutionnaire que développe Karsh, riche entrepreneur qui ne se remet pas de la disparition de sa femme. Usant d’une technologie perfectionnée, l’homme d’affaires met au point des linceuls capables de retransmettre avec une précision troublante les images de la lente décomposition des personnes défuntes et enterrées. Mais la société de Karsh ne fait pas l’unanimité, de sorte que plusieurs de ses tombes sont un jour profanées, y compris celle de feu son épouse Becca.
Thriller déroutant, lugubre et à la limite du sordide, « Les Linceuls » s’inscrit dans la veine du cinéma de David Cronenberg, troublant de par la froide précision de son style, l’interrogation extrême d’angoisses viscéralement humaines et l’aspect très intellectuel de sa trame. Composé de nombreuses scènes et séquences nocturnes où la lumière est tamisée, atténuée voire faiblarde, le film paraît noctambule, aussi parce que son ton et son fond sont crépusculaires.
Avec un titre aussi évocateur, « Les Linceuls » traite évidemment de la question du deuil à travers le personnage tourmenté de Karsh (Vincent Cassel) qui cauchemarde de la déliquescence charnelle de Becca (Diane Kruger) avant et après la mort de cette dernière. Ne parvenant pas à sortir de ce mauvais rêve qui déteint sur sa vie, Karsh sombre dans une enquête qui le rend paranoïaque vis-à-vis de ses relations comme vis-à-vis du monde. Et si les fauteurs de trouble étaient à la solde d’une organisation radicale ou d’un gouvernement ? Et si Terry (sœur de Becca, aussi incarnée par Diane Kruger) et Maury (ex-beau-frère de Karsh, interprété par Guy Pearce) étaient dans le coup ? Et si Becca avait encore un message à transmettre ?
Mais les investigations abstraites et métaphysiques de Karsh se mêlent à son espoir jaloux et inassouvi de retrouver l’amour et le corps parfaits de Becca, alors même que ses entourages – y compris à travers une IA – déboussolent fondamentalement l’entrepreneur. De fait, « Les Linceuls » est donc un film complexe, par moments difficile à suivre mais qui ne manquera pas de vous questionner.
Axel Chevalier
What if we could see the bodies of our loved ones even after their death? That’s the revolutionary idea of Karsh, a wealthy entrepreneur who can’t get over the disappearance of his wife. Using sophisticated technology, the businessman is developing shrouds capable of transmitting images of the slow decomposition of deceased and buried people with disturbing precision. But Karsh’s company does not meet with unanimous approval, and several of his graves are desecrated one day, including that of his late wife Becca.
“The Shrouds” is a disturbing, gloomy thriller bordering on the downright sordid, right in line with David Cronenberg’s cinema, unsettling for the cold precision of its style, the extreme questioning of viscerally human anxieties and the highly intellectual aspect of its plot. With its many nocturnal scenes and sequences, in which the light is subdued, dimmed or even faint, the film seems nocturnal, also because its tone and background are all twilight.
With such a telling title, “The Shrouds” obviously deals with the question of mourning through the tormented character of Karsh (Vincent Cassel), who has nightmares of Becca’s (Diane Kruger) carnal decay before and after her death. Unable to shake off this bad dream, which rubs off on his life, Karsh sinks into an investigation that makes him paranoid about his relationships and the world. What if the troublemakers were working for a radical organization or a government? What if Terry (Becca’s sister, also played by Diane Kruger) and Maury (Karsh’s ex-brother-in-law, played by Guy Pearce) were in on it? What if Becca still had a message to deliver?
But Karsh’s abstract, metaphysical investigations are intertwined with his jealous, unfulfilled hope of regaining Becca’s perfect love and body, even as his surroundings – including through an AI – fundamentally unsettle the entrepreneur. In short, “The Shrouds” is a complex movie, difficult to follow at times, but bound to raise a few questions.
Axel Chevalier