Dans son dernier film tant attendu à l’intrigue minutieusement tenue secrète, le réalisateur de « Crash » nous délivre un film intimiste et brûlant où se mêlent la peur de la mort et l’extinction d’un monde. Un monde fragile au sein d’un décor apocalyptique et underground, schéma nihiliste et vorace d’un parfait Cronenberg.

Dès ses premières séquences, le cinéaste canadien nous installe dans un lieu étrange et non défini entre l’épave d’un bateau échoué et un appartement de bord de mer en piteux état. Cette indéfinition géographique et temporelle apporte au film une dimension bien plus forte qui propulse ses protagonistes dans un futur proche, archaïque et futuriste.

Caprice et Saul, interprétés respectivement par Léa Seydoux et Viggo Mortensen, sont deux artistes contemporains de performances. Leur dernière performance repose sur le tatouage d’organes vivants au moyen d’une machine aux apparences organiques. Une machine dont le rôle premier servait à la réalisation d’autopsie. Face à leur art, les deux protagonistes vont être confrontés à la naissance de nouveaux êtres capables de digérer toute forme de plastique. Une apparition aussi salvatrice que terrifiante.

Dans cette préoccupation constante du corps et de sa décomposition, « Les Crimes du Futur » dévoile une réalisation extrêmement cohérente, qui nous embarque par ses décors, ses costumes, et sa bande son dans les arcanes d’un récit primitif aux technologies organiques.

Cette ambiguïté des formes qu’elle soit narratives ou visuelles accompagnées par un casting exceptionnel et un humour grinçant interroge cette sacralité du corps, matière charnelle obsolescente.

Sacha Garcia