Aimer Perdre
(Heads or Fails)
2025
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Tranche de vie d’une galérienne. À Bruxelles, Armande, totalement fauchée, trime dans la ville à la recherche de quelques euros. Problème : elle a une forte tendance à parier, sur tout et sur n’importe quoi, y compris sur ses relations carrément bancales.
Déjantée, « Aimer perdre » est une sympathique comédie franco-belge qui n’hésite pas à verser dans le décalé voire le bizarre. Armande est en effet une héroïne marginale et incernable qui vit littéralement au jour le jour (ou plutôt, devrait-on dire, « à l’heure l’heure »), qu’elle soit seule ou en compagnie de personnes tout aussi ‘space’ qu’elle. La jeune femme erre et improvise dans la ville, et se retrouve ainsi souvent dans des milieux improbables – un concours d’aéromodélisme, le taudis d’une femme étrange ou encore l’appartement d’un joueur compulsif. Au gré de ses rencontres et de ses différents jeux de manipulation dont elle est experte, elle parvient toujours à se débrouiller pour dégoter de quoi manger, un endroit où dormir ou même une baignoire où se laver. Et paradoxalement, bien qu’elle parvienne presque toujours à ses fins, on dirait qu’elle adore prendre le risque de tout faire capoter.
Le style du film va aussi avec le genre de personnes qu’incarnent Armande et ses fréquentations. Le montage se veut par exemple assez saccadé et clippesque – ce qui peut faire penser notamment à des spots musicaux des années 1990 et 2000. L’image, aussi, se compose de beaucoup de zooms et de contre-zooms, ainsi que d’une pléthore d’allers-retours amusants et mémesques entre des plans larges et des gros voire très gros plans – parfois avec des filtres déformants. Par ailleurs, le choix d’utiliser différentes caméras et donc de porter à l’écran différents grains et formats d’images renforce le côté patchwork étonnant de l’ensemble – et cela enrichit le penchant barge et comique de l’intrigue.
Ce qui est d’autant plus surprenant, dans « Aimer perdre », c’est que le fond du film traite d’une certaine et réelle misère. Mais Armande est si dégourdie et si fantasque qu’elle nous fait oublier tout cet aspect dramatique. Un gros point fort pour ce film, donc, qui est en somme un drôle d’ovni.
Axel Chevalier
In Brussels, Armande, totally broke, toils around the city in search of a few bucks. Problem: she has a strong tendency to gamble, on anything and everything, including her own troubled relationships.
“Heads or Fails” is a wacky Franco-Belgian comedy that doesn’t shy away from the offbeat and even the bizarre. Armande is a maverick heroine who literally lives from day to day (or should we say, “hour to hour”), whether alone or with others who are just as weird as she is. The young woman wanders and improvises around the city, often finding herself in the most unlikely of settings – an aeromodelling competition, a strange woman’s hovel or a compulsive gambler’s apartment. Through her encounters and the various manipulative games she’s expert at, she always manages to find something to eat, a place to sleep or even a bathtub to wash in. And paradoxically, although she almost always gets her way, she seems to love taking the risk of screwing things up.
The film’s style is also in line with the kind of people Armande and her entourage embody. The editing, for example, is quite jerky and clip-like – reminiscent of music videos from the 1990s and 2000s. The shots, too, feature a lot of zooms and counter-zooms, as well as a plethora of amusing and meme-like back-and-forth between wide shots and close-ups or very close-ups – sometimes with distorting filters. In addition, the choice of using different cameras and thus bringing different image grains and formats to the screen adds to the astonishing patchwork aspect of the whole thing – and this enriches the crazy, comic side of the plot.
What’s all the more surprising about “Heads or Fails” is that the film’s substance deals with a very real kind of misery. But Armande is so playful and whimsical that she makes us forget all about this dramatic aspect. This is a real strong point for this film, which is, in a nutshell, a quite unique experience.
Axel Chevalier