Rsg Production

Men

 
Best Effects – BIFA
 

2022

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« Putain mais vous êtes quoi ?! — Un signe. » Citation hautement symbolique tirée de « Men », le dernier film d’horreur folklorique écrit et réalisé par Alex Garland (Ex Machina ; Annihilation). Dans un village pittoresque au beau milieu de la campagne anglaise, la Londonienne Harper (incarnée par Jessie Buckley), récemment veuve, désire prendre un congé sabbatique en occupant une maison datant de l’époque shakespearienne. Mais, à peine arrivée dans ce petit coin de paradis, Harper est tourmentée par la présence d’un étrange homme nu qui la suit jusque chez elle, puis par d’autres rencontres inopinées…

Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs du dernier Festival de Cannes, « Men » met l’accent sur une esthétique particulièrement contemplative, capturant des paysages, des lieux et des instants avec une poésie envoûtante. Ainsi de la sublime scène du tunnel, où Harper joue avec les échos de la structure sombre et abandonnée, entremêlant merveilleux et onirique. Cette atmosphère flottante renforce d’une part la profondeur finement travaillée du personnage de Harper et, d’autre part, l’univers singulier dans lequel l’histoire nous emporte. Car progressivement, merveilleux et onirique se transforment en effroyable et cauchemardesque, où se confondent rêves et réalité, ce qui nous pousse à nous suspendre uniquement aux perceptions et émotions de Harper. Cette fantasmagorie est par ailleurs appuyée par les nombreuses et très diverses apparitions de Rory Kinnear tout au long de l’intrigue.

« Men » n’est pas qu’un simple film d’épouvante : la place accordée à la photographie, à la psychologie et aux symboliques nous enivre et nous trouble face au monde auquel est confrontée Harper. Les scènes de souvenirs, avec un orange dominant, contrastent ainsi nettement avec celles de rêverie qui tirent vers le vert et celles d’angoisse aux couleurs bien plus obscures. Sans oublier non plus la charge du deuil que porte l’héroïne, dont les aventures peuvent être interprétées comme une allégorie de la lente et éprouvante acceptation de son veuvage. En somme, toute cette atmosphère enchanteresse fascinera tant les amateurs d’étrangeté que les simples curieux.

Axel Chevalier

 

« What the fuck are you?! – A sign. » A highly symbolic quote from “Men”, the latest folk horror film written and directed by Alex Garland (Ex Machina; Annihilation). In a picturesque village in the middle of the English countryside, recently widowed Londoner Harper (played by Jessie Buckley) wants to take a sabbatical by staying in a Shakespearean era house. But as soon as she arrives in this little piece of paradise, Harper is tormented by the presence of a strange naked man who follows her home, and then by other unexpected encounters…

Screened in the Directors’ Fortnight at the last Cannes Film Festival, “Men” emphasizes a particularly contemplative aesthetic, capturing landscapes, places and moments with a spellbinding poetry. Such is the case in the sublime tunnel scene, where Harper plays with the echoes of the dark, abandoned structure, intertwining the marvelous and the dreamlike. This floating atmosphere reinforces on the one hand the finely worked depth of Harper’s character and, on the other hand, the singular universe in which the story carries us away. For gradually, wonderful and dreamlike become frightening and nightmarish, where dreams and reality are confused, which makes us suspend ourselves only to the perceptions and emotions of Harper. This phantasmagoria is further supported by the numerous and very diverse appearances of Rory Kinnear throughout the plot.

“Men” is not just a simple horror film: the focus on photography, psychology and symbolism intoxicates and confuses us about the world Harper faces. The scenes of memories, with a dominant orange, contrast sharply with those of reverie which tend towards green and those of anguish with much darker colors. Not to mention the burden of grief that the heroine carries, whose adventures can be interpreted as an allegory of the slow and painful acceptance of her widowhood. Overall, this enchanting atmosphere will fascinate both lovers of strangeness and the merely curious.

Axel Chevalier

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