Rsg Production

La Pie Voleuse

 

2025

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Avec « La Pie Voleuse », Robert Guédiguian, signe un film tout en nuance où l’humain est au cœur de cette chronique sociale. Quel bonheur de retrouver l’Estaque et ses fidèles acteurs !

Maria (Ariane Ascaride toujours aussi lumineuse) n’est plus toute jeune et travaille auprès de personnes âgées en difficulté. Elle est très dévouée et à l’écoute. Cependant sa vie est bien difficile. Une précarité auprès d’un mari qui joue régulièrement sa pension au jeu. Maria a un petit-fils qu’elle adore. Elle espère pour lui un avenir de musicien brillant. Pour cela, elle n’hésite pas à voler quelques euros à ses patients, notamment à Monsieur Moreau, Jean-Pierre Darroussin, délicieux en homme voué à la solitude, à qui elle vole et signe de faux chèques afin de payer la location du piano et des cours à son petit-fils. Maria aspire à une vie meilleure. Chaque jour, elle pointe. Sa vie est ponctuée de gestes répétitifs. Elle ne culpabilise absolument pas, car le bonheur de son petit-fils passe avant tout. Et surtout, elle ne mesure pas la portée de ses actes.

Où est son bonheur ? Avec son mari, ils se sont endettés pour cette maison avec piscine. Une piscine vide à l’eau verdâtre. A-t-elle un jour servi ? Une vie de couple aux silences qui en dit long où les reproches résonnent.

Sa fille, Jennifer vit avec son mari, Kévin, touchant Robinson Stévenin, une vie sans prétention où l’argent manque. Jennifer, lumineuse Marilou Aussilloux, est rayonnante, simple, sans prétention et tente de vivre au mieux ses difficultés quotidiennes. Elle va succomber au charme de Laurent. Son personnage prend alors une tout autre dimension.

Monsieur Moreau attend chaque jour avec impatience la venue de Maria, seule personne qui illumine son quotidien. Son fils, Laurent, magistral Grégoire Leprince-Ringuet, ne pense qu’à hériter de la maison de son père et souhaite le mettre en maison de retraite. Il nous apparaît, au début, bien antipathique, voire détestable. Laurent tient avec sa femme une petite agence immobilière. C’est un homme d’affaires aigri qui ne pardonne pas à son père d’être parti. Il nous apparaît vil, intéressé, hautain, mais cet homme est avant tout très malheureux et dans l’impossibilité de communiquer. Son comportement va complètement changer lors de sa rencontre avec Jennifer à qui il va réclamer l’argent volé par sa mère. Choc de culture, de niveau social. Cette rencontre improbable, nouveau chez Robert Guédiguian, ouvre une porte à l’espoir. On ne peut être que sensible et délicieusement touché par la scène au sein de l’agence. Un moment de poésie, d’amour, une parenthèse sincère. Le charme opère. L’amour pourrait-il effacer les différences sociales ? Grégoire Leprince-Ringuet, nouvel acteur dans ce cercle d’amis, est bouleversant de vérité, de justesse.

Ariane Ascaride est filmée avec amour. Elle illumine l’écran. C’est le soleil pour toutes ces « petites gens » et pour nous spectateurs. Elle déborde d’énergie, de bienveillance, elle rassure. Certes elle déborde du cadre de sa mission. Comment ne pas lui pardonner ses écarts. Comment ne pas les comprendre. C’est impossible. Pourquoi ces gens n’auraient-ils pas droit à la culture, aux voyages, aux loisirs ?

Fable sociale, peut-être plus légère, qui reste toutefois bien ancrée dans le social, le politique.

Film doux, tendre et audacieux où la fraternité, la solidarité, l’empathie permettent aux hommes de rester dignes ! Ces « Pauvres Gens » ces « gens de peu », titre d’un poème de Victor Hugo lu en partie par Maria.

Quel joli titre « La Pie Voleuse » que l’on ne peut blâmer et qui nous touche tant !

Pascale Carrere

 

With his latest film, Robert Guédiguian delivers a subtle film in which the human element is at the heart of the social commentary. And what a delight to be back in l’Estaque with its familiar actors!

Maria (Ariane Ascaride, as brilliant as ever) is no longer young, and works with elderly people in need. She’s very dedicated and a good listener. But her life is hard. She lives a precarious life with a husband who regularly gambles away his pension. Maria has a grandson whom she dearly loves. She hopes he will become a brilliant musician. To achieve this, she doesn’t hesitate to steal money from her patients, including Monsieur Moreau (Jean-Pierre Darroussin), a delightful man doomed to loneliness, from whom she steals and forges checks to pay for her grandson’s piano rental and lessons. Maria longs for a better life. Every day, she clocks in. Her life is marked by repetitive gestures. She feels absolutely no guilt, because her grandson’s happiness comes first. Above all, she doesn’t realize the consequences of her actions.

Where’s her happiness? With her husband, they got into debt for this house with a swimming pool. An empty pool with greenish water. Has it ever been used at all? A couple’s life of silences that speak volumes, where blame resonates.

Her daughter, Jennifer, lives with her husband, Kévin (played by a touching Robinson Stévenin) an unpretentious life where money is scarce. Jennifer, played by the luminous Marilou Aussilloux, is radiant, simple and unpretentious, and tries to make the best of her daily struggles. She succumbs to Laurent’s charm. Her character takes on a whole new dimension.

Monsieur Moreau waits impatiently every day for Maria, the only person to brighten his day. His son, Laurent, masterfully played by Grégoire Leprince-Ringuet, is only interested in inheriting his father’s house, and wants to put him in a retirement home. At first, we find him unsympathetic, even loathsome. Laurent runs a small real estate agency with his wife. He’s a bitter businessman who can’t forgive his father for leaving him. He comes across as vile, self-interested and haughty, but above all this man is very unhappy and unable to communicate. His behavior changes completely when he meets Jennifer, from whom he claims the money stolen by his mother. A clash of cultures and social backgrounds. This unlikely encounter, something new in Robert Guédiguian’s work, opens the door to hope. The scene in the agency is both sensitive and delightfully touching. A moment of poetry, of love, a sincere interlude. The charm works. Could love erase social differences? Grégoire Leprince-Ringuet, a new actor in this circle of friends, is deeply moving in his truth and authenticity.

Ariane Ascaride is filmed with love. She lights up the screen. She’s the sunshine for all these “little people” and for us, the viewers. She’s full of energy, kindness and reassurance. Of course, she goes beyond the scope of her mission. How can we not forgive her for her excesses? How can we not understand them? It’s just not possible. Why shouldn’t these people have the right to culture, travel and leisure?

This is a social fable, perhaps a lighter one, but one that remains firmly rooted in social and political issues.

This is a gentle, tender and daring film in which fraternity, solidarity and empathy help people to remain dignified! These “poor people”, these “people of little means”, the title of a poem by Victor Hugo read in part by Maria.

What a lovely title, “La Pie Voleuse” (lit. ‘The Thieving Magpie’), that we can’t blame and that affects us so much!

Pascale Carrere

Quand vient l'automne
Et la fête continue