Rsg Production

Barbès, little Algérie

 
 

2024/2025

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Barbès, printemps 2020. Alors en plein (premier) confinement dû à la pandémie de Covid-19, la vie de Malek et de tout son quartier emblématique et animé semble suspendue tout en continuant. Malek, récemment installé ici, vit seul et travaille dans l’informatique. Il est assez solitaire et ne connaît pas grand monde. Puis débarque d’Algérie Riyad, son neveu, un peu à l’improviste, et tous les deux vont, en plus de réapprendre à se connaître, apprendre à connaître Barbès et sa communauté.

Tout premier film de Hassan Guerrar – lui qui au départ est un attaché de presse dans le cinéma depuis plus de trente ans –, « Barbès, little Algérie » est un long-métrage intime, souvent autobiographique, porté par des personnages travaillés car inspirés de personnes réelles. Malek, c’est un bon morceau de Hassan ; interprété par Sofiane Zermani – rappeur et comédien qui jusqu’ici avait tenu des rôles plus musclés –, le héros du film, Algérien de naissance mais Français d’adoption, renoue avec ses origines grâce à la (re)création de liens communautaires et familiaux à Barbès – là où vit le réalisateur. Assez évasif quant à ses brouilles avec ses frères et sa mère restés en Algérie, Malek interroge et réapprivoise sa double identité franco-algérienne à travers ses retrouvailles avec Riyad (joué par Khalil Ben Gherbia) – ce dernier qui lui découvre Paris et les réalités françaises.

Outre un (auto)portrait puissant de par la présence à l’écran de Sofiane Zermani, « Barbès, little Algérie » dessine une chronique de la vie du XVIIIème dans un quartier (mal) connu de la capitale. L’on y découvre avec joie les dynamiques propres et colorées de la communauté franco-algérienne, qu’elles soient heureuses (les commerçants et bénévoles qui restent solidaires) ou inquiétantes (les bagarres et trafics en tous genres), le tout dans un contexte particulier voire saugrenu pour Barbès : le confinement. Avec une lumière presque incandescente, les images nous rappellent par ailleurs la météo exceptionnelle de cette drôle de période, surtout dans ce drôle d’endroit.

Drôle, le film l’est aussi, du fait de situations et surtout de personnages comiques et attachants, tels que l’iconique Préfecture (Khaled Benaïssa), la bienveillante Hadria (Adila Bendimerad) et la douce Eya (Eye Haïdara). Dramatique, le film le demeure en filigrane – il l’est notamment lors du dernier quart. Parce que, d’une part, « Barbès, little Algérie » raconte les déchirements familiaux et identitaires de Malek – dont on comprend qu’il en veut à sa mère (et peut-être à tous ses proches d’Algérie) de l’avoir rejeté toute sa vie. Et parce que, d’autre part, le film décrit la misère de nombre d’habitants de Barbès, contraints de se rendre à l’église Saint-Bernard pour bénéficier de paniers-repas – Hassan Guerrar lui-même est bénévole dans une association qu’il a décidé de filmer et de mettre en avant, et certains comédiens ont même fini par devenir eux aussi bénévoles dans la vraie vie.

En somme, « Barbès, little Algérie » est un premier film réussi car complet : à la fois personnel, immersif et émouvant, jouant avec les tons comme avec la fine frontière entre fiction et réalité, entre documentaire et tranche de vie. Une petite pépite dédiée aux binationaux comme aux autres et qui rappelle que l’humanité, tant à l’échelle individuelle que collective, bien que souvent tristement divisée, peut être faite de communions illuminées.

Axel Chevalier

 

Barbès, spring 2020. In the midst of (the first) lockdown due to the Covid-19 pandemic, life for Malek and his entire iconic, bustling neighborhood seems suspended, yet still going on. Malek, who recently moved here, lives alone and works in IT. He’s quite a loner and doesn’t know many people. Then Riyad, his nephew, arrives unexpectedly from Algeria, and the two of them, in addition to getting to know each other again, get to know Barbès and its community.

The very first film by Hassan Guerrar – who started out as a press agent in the film industry over thirty years ago – “Barbès, little Algérie” is an intimate, often autobiographical feature film, featuring characters who are well-crafted because they are inspired by real people. Malek, played by Sofiane Zermani (a rapper and actor who until now had taken on more muscular roles), the film’s hero, is Algerian by birth but French by adoption, and reconnects with his origins thanks to the (re)creation of community and family ties in Barbès – where the director lives. Rather evasive about his quarrels with his brothers and mother who remained in Algeria, Malek questions and reacquaints himself with his dual French-Algerian identity through his reunion with Riyad (played by Khalil Ben Gherbia) – the latter discovering Paris and French realities for himself.

In addition to a powerful (self-)portrait thanks to Sofiane Zermani’s screen presence, “Barbès, little Algérie” chronicles life in the 18th district of Paris. The film explores the colorful dynamics of the Franco-Algerian community, from the happy (solidarity between shopkeepers and volunteers) to the disturbing (brawls and trafficking of all kinds), all in a context that is peculiar and even bizarre for Barbès: lockdown. With an almost incandescent light, the images also remind us of the exceptional weather of this strange period, especially in this strange place.

The film is also funny, thanks to the situations and, above all, the comic, endearing characters, such as the iconic Najib aka Préfecture (Khaled Benaïssa), the benevolent Hadria (Adila Bendimerad) and the sweet Eya (Eye Haïdara). Dramatic as it is, the film remains so in the background – especially in the last quarter. This is because, on the one hand, “Barbès, little Algérie” tells the story of Malek’s family upheaval and identity crisis – and we understand that he resents his mother (and perhaps all his Algerian relatives) for having rejected him all his life. And because, on the other hand, the film describes the misery of many Barbès residents, forced to go to the Saint-Bernard church to receive packed lunches – Hassan Guerrar himself is a volunteer in an association he decided to film and highlight, and some of the actors have even ended up becoming volunteers in real life too.

All in all, “Barbès, little Algérie” is a film debut that succeeds because it’s all-encompassing: personal, immersive and moving, playing with tone and the fine line between fiction and reality, documentary and piece of life. A little gem dedicated to binational people and others alike, it reminds us that humanity, on both an individual and collective scale, although often sadly divided, can be built on enlightened bonds.

Axel Chevalier

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