La chambre d’à côté
La habitación de al lado
(The Room Next Door)
Lion d’Or – Venise
Best Adapted Screenplay – Goya
Best Cinematography – Goya
Best Original Score – Goya
2024/2025
FR EN
Comment mourir dignement lorsque l’on sait que la fin approche inexorablement ? C’est à cette question existentielle que fait face Martha, atteinte d’un cancer du col de l’utérus qui s’est métastasé. Ancienne reporter de guerre, elle doit désormais en affronter une toute dernière, plus personnelle. Et Martha sera accompagnée : Ingrid sera à ses côtés.
Lion d’or à la Mostra de Venise, « La chambre d’à côté » de Pedro Almodóvar est un film touchant d’actualité, reprenant avec force et douceur le thème de la fin de vie et du suicide assisté. Adapté du roman « Quel est donc ton tourment ? » de Sigrid Nunez, le premier long-métrage en anglais du réalisateur espagnol se déroule quasi exclusivement à New York et dans une maison d’architecte près de Woodstock dans l’État éponyme.
Le film est essentiellement une suite de dialogues entre deux amies qui se retrouvent par hasard après des années et qui retissent des liens extrêmement forts. L’heure est au bilan pour les deux femmes : Martha compte les jours avant sa disparition tandis qu’Ingrid s’interroge sur sa peur viscérale de la mort ; mais les deux partagent de vrais et bons moments de tendresse, à se raconter des souvenirs (bons comme mauvais) et à exposer leurs philosophies.
« La chambre d’à côté » est aussi un film d’intérieur, où presque toute l’intrigue se concentre dans une chambre d’hôpital anonyme et les pièces d’une maison perdue au milieu des fleurs et de la nature. Comme si une bulle de rêverie devait se former pour mieux accepter les dernières heures de Martha. Focalisé principalement sur ses deux actrices principales – Tilda Swinton et Julianne Moore –, le long-métrage effleure enfin (sans trop approfondir) les enjeux plus sociaux et politiques que soulève le choix de sa propre mort dans une société où le suicide (assisté ou non) reste toujours incompris, mal vu, voire considéré comme un crime. L’histoire nous invite ainsi, avec une certaine poésie mais aussi parfois une réelle mélancolie, à réfléchir à notre finitude et à notre héritage, parce que si infime soit-elle, nous laisserons toujours une trace auprès de nos relations les plus chères.
Axel Chevalier
How do you die with dignity when you know the end is approaching relentlessly? This is the existential question Martha faces when her cervical cancer has metastasized. The former war reporter now faces a new war, a more personal one, where she’ll be accompanied by Ingrid.
Pedro Almodóvar’s Golden Lion winner at the Venice Film Festival, “The Room Next Door” is a touchingly topical film, taking up the theme of the end of life and assisted suicide with both strength and tenderness. Adapted from Sigrid Nunez’s novel “What Are You Going Through”, the Spanish director’s first English-language feature is set almost exclusively in New York and an architect’s house near Woodstock in the namesake state.
The film is essentially a series of dialogues between two friends who meet up again by chance after many years, and rebuild extremely strong ties. It’s a time of reckoning for both women: Martha counts the days until her death, while Ingrid ponders her deep-seated fear of death; but the two share genuine moments of warmth, sharing memories (good and bad) and philosophical outlooks.
“The Next Room” is also an indoor film, where almost the entire plot is set in an anonymous hospital room and the rooms of a house lost amid flowers and nature. It’s as if a bubble of reverie had to be formed in order to come to terms with Martha’s final days. Focusing mainly on its two lead actresses – Tilda Swinton and Julianne Moore – the film finally addresses (without delving too deeply) the more social and political issues raised by the choice of one’s own death in a society where suicide (assisted or not) is still misunderstood, frowned upon and even considered a crime. The story thus invites us, with a certain poetry but also at times a real melancholy, to reflect on our own demise and legacy, because however small, we will always leave something behind with our beloved relations.
Axel Chevalier