Rsg Production

Nosferatu

 
 

2024

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Comme à son habitude, Robert Eggers explore avec une minutie redoutable le genre et l’univers dans lequel il se plonge. Une réalisation qui sous son aspect morne et parfois insipide parvient tout de même à inscrire dans nos mémoires quelques images marquantes. Un cinéma léché, évocateur de mythologies mainstream.

Tirée des écrits de Bram Stoker et imagée aux yeux du monde par le réalisateur allemand Friedrich Wilhelm Murnau, le récit de Nosferatu et du vampire généralement est aussi bien intergénérationnel qu’universel. Eggers profite alors de cette image collective du vampire et de la figure intemporelle de Nosferatu pour livrer une nouvelle adaptation du plus célèbre vampire du cinéma.

Si « The Northman » s’enfonçait dans une bestialité masculine quelque peu risible, « Nosferatu » s’avance avec plus de délicatesse dans le genre qu’il arpente. Émotionnellement, « Nosferatu » creuse avec efficacité la thématique gothique, conjuguant avec brio, noirceur et poésie. En bon élève, Eggers multiplie les clins d’œil et parvient à offrir une œuvre qui sous son air emprunté lègue une touchante contemporanéité. Lily-Rose Depp campe une Hellen Hutter bougrement théâtrale, et dont le surjeu épouse parfaitement le genre dans lequel elle compose. Une interprétation remarquable qui donne au film toute sa profondeur émotionnelle.

Si le film déçoit par moment, c’est que son réalisateur refuse tout du long de nous montrer sa bête. Nosferatu n’est qu’une ombre, une figure que l’on distingue dans l’obscurité, un choix de mise en scène audacieux, ou bien le désaveu esthétique de son réalisateur, difficile de trancher. En refusant de nous montrer son vampire, Eggers ne nous offre donc qu’une moustache proéminente et un accent factice insupportable dans un film poussif, mais à l’esthétique débordante et nécessaire. Il abuse en effet de mouvements de caméra inexplicables que l’on accepte tant bien que mal face à la beauté des décors qu’il met en scène grâce à une équipe décoration dont on salue le travail tant elle parvient à recréer l’immensité d’un mythe et la précision d’un imaginaire commun.

Sacha Garcia

 

Robert Eggers explores the genre and the world in which he delves with frightening precision, as he usually does. Underneath its dull and sometimes lifeless appearance, the film nevertheless manages to capture a few striking pictures in our memories. It’s a slick piece of cinema, evocative of mainstream mythologies.

Drawn from the writings of Bram Stoker and brought to life for the world by German director Friedrich Wilhelm Murnau, the tale of Nosferatu and the vampire in general is both intergenerational and universal. Eggers then uses this collective image of the vampire and the timeless figure of Nosferatu to deliver a new adaptation of cinema’s most famous vampire.

Whereas “The Northman” sank into a somewhat laughable male bestiality, “Nosferatu” takes a more delicate approach to the genre it explores. Emotionally, “Nosferatu” effectively explores the Gothic theme, brilliantly combining darkness and poetry. As a good student, Eggers makes numerous nods and manages to offer a work that, despite its seemingly overdone style, conveys a touching modernity. Lily-Rose Depp portrays Hellen Hutter as a highly theatrical character whose overacting is perfectly in tune with the genre in which she plays. A remarkable performance that gives the film all its emotional depth.

If the film disappoints at times, it’s because its director refuses to show us his beast throughout. Nosferatu is nothing more than a shadow, a figure we can barely make out in the dark, a bold directorial choice, or the aesthetic disavowal of its director, it’s hard to decide. By refusing to show us his vampire, Eggers offers us only a prominent moustache and an unbearable fake accent in a film that’s overdone, but aesthetically overwhelming and essential. He overuses inexplicable camera movements, which we find hard to accept in the face of the beauty of the sets he stages, thanks to a decorating team whose work is to be commended for its ability to recreate the immensity of a myth and the precision of a shared imagination.

Sacha Garcia

El Conde
Juré N°2