Dune : Prophecy
[TV]
Saison/Season 1
2024
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Alors que Denis Villeneuve a clôturé son adaptation du roman « Dune » de Frank Herbert sur grand écran cette année – et s’apprête à s’attaquer à sa suite directe pour 2026 – une nouvelle série produite par Legendary et diffusée sur HBO/Max vient enrichir cet univers multi-millénaire de science-fiction politico-religieuse. Située dix mille ans avant la naissance de Paul Atréides (Timothée Chalamet dans les films), « Dune : Prophecy » se concentre sur les Bene Gesserit, cet Ordre exclusivement féminin conseillant les différentes familles régnantes et tirant ainsi les ficelles de toute l’organisation de l’Imperium. La série nous plonge ici à la naissance de cette Congrégation aux puissants pouvoirs d’observation, de préscience et d’influence. C’est en somme une véritable lutte de pouvoirs et de manipulations à la « Game of Thrones » dans un cadre de space-opera.
Cette première saison nous embarque dans une intrigue riche en personnages et intrigues variées sur différentes planètes et deux chronologies parallèles. La trame globale est très intéressante et intrigante, et développe un scénario plein de rebondissements qui sont vraiment inattendus et bien amenés avec différents revers pour des personnages évoluant aux frontières de l’anti-héroïsme. C’est une histoire captivante qui introduit de nouveaux concepts pour les fans de l’univers cinématographique de « Dune » avec notamment le Djihad Butlérien et ses répercussions sur la disparition des machines pensantes. Mais elle revient aussi sur la formation des ‘sœurs’ Bene Gesserit, des luttes internes à la Congrégation, des oppositions entre les familles Harkonnen et Atréides ou encore Corrino, ainsi que sur une menace émergente d’Arrakis …
Cela fait beaucoup pour un seul récit, et d’autant plus quand la série ne contient que six épisodes – certes de plus d’une heure chacun – dans lequel il semble bien à l’étroit. Par conséquent, le scénario de chaque épisode semble surchargé d’intrigues et de péripéties et ne prend clairement pas assez le temps de souffler (d’une part, par rapport au volume d’intrigues que contient une série de cette ampleur, et d’autre part, par rapport au style « Dune » établi précédemment par les films de Villeneuve). En fait, la série développe une intrigue de très grande ampleur sur plusieurs planètes, plusieurs générations, et plusieurs groupes de personnages différents dans un format qui ne lui en donne pas la possibilité.
Il s’agit donc d’un problème principalement de structure qui pèse sur l’intégralité de la saison. Résultat, non seulement l’intrigue est surchargée et avance trop vite, mais elle crée aussi des déséquilibres dans la progression de ses différents arcs narratifs, et se retrouve avec la résolution ou l’échec d’une trame au beau milieu d’un épisode quand ce cliffhanger aurait dû en être la conclusion (dans un format à 8-12 épisodes). L’ensemble est donc assez inégal avec certains personnages qui peinent ainsi à convaincre quand d’autres sont fascinants, ou certaines scènes trop lourdes en exposition quand d’autres mériteraient d’être plus développées.
Et cette inégalité se retrouve dans le style de la série avec de magnifiques costumes et décors qui ne sont malheureusement pas suffisamment bien mis en valeur par la photographie et l’éclairage – sans compter les quelques fonds verts qui laissent parfois à désirer. On a ainsi droit à quelques très beaux plans disséminés dans une mise en scène plutôt fade alors qu’elle nous emmène dans des environnements impressionnants, c’est bien dommage. De la même manière, les acteurs & actrices et leurs dialogues sont assez inégaux bien que portés par d’excellentes Emily Watson et Olivia Williams dans les rôles principaux.
Mais malgré ces nombreuses critiques frustrantes, la série reste captivante et nous donne toujours envie de voir la suite à chaque fin d’épisode, y compris dans sa conclusion remplie (pour ne pas dire trop) de péripéties et de rebondissements, qui réussit néanmoins à suffisamment nous intriguer pour attendre une seconde saison … qui, on l’espère, corrigera ces faiblesses principalement dues à la structure de la saison car la série en elle-même possède bel et bien un fort potentiel !
While Denis Villeneuve brought his adaptation of Frank Herbert’s novel “Dune” to a close on the big screen this year – and is about to tackle its follow-up “Messiah” in 2026 – a new series produced by Legendary and airing on HBO/Max has been added to this multi-millennial universe of politico-religious science fiction. Set ten thousand years before the birth of Paul Atreides (Timothée Chalamet in the films), “Dune: Prophecy” focuses on the Bene Gesserit, this all-female Order advising the various ruling families and thus pulling the strings of the Imperium’s entire organization. The series delves into the birth of this Sisterhood, with its mighty powers of observation, prescience and influence. All in all, it’s a true “Game of Thrones”-style struggle for power and manipulation in a space-opera setting.
This first season takes us into a plot full of diverse characters and plots on different planets and two parallel timelines. The overall plot is very interesting and intriguing, and unfolds a story full of twists and turns that are truly unexpected and cleverly designed, with different setbacks for characters evolving at the very edge of anti-heroism. It’s a captivating plot that introduces new concepts for fans of the “Dune” cinematic universe, especially the Butlerian Jihad and its aftermath in the disappearance of thinking machines. But it also explores the training of the Bene Gesserit ‘sisters’, internal struggles within the Sisterhood, oppositions between the Harkonnen and Atreides as well as Corrino families, and a looming threat from Arrakis…
That’s a lot for a single story, and even more so when the series only features six episodes – admittedly each over an hour long – in which it feels very much squeezed. As a result, each episode’s script seems overloaded with plots and twists, and clearly doesn’t take enough time to breathe (firstly, in relation to the sheer amount of intrigue a series of this scale includes, and secondly, in relation to the “Dune” style previously set by Villeneuve’s films). In fact, the series builds up a very large-scale plot over several planets, several generations, and several different groups of characters in a format that doesn’t allow it to do so.
So, it’s mainly a problem of structure that weighs on the entire season. Consequently, not only is the plot overloaded and moving too fast, but it also creates unbalanced progression in its various story arcs, and ends up with the resolution or failure of a plot in the middle of an episode when this cliffhanger should have been its conclusion (in an 8–12 episode format). The whole show is therefore rather uneven, with some characters struggling to be compelling while others are fascinating, or some scenes too exposition-heavy while others deserved more development.
And this inconsistency is reflected in the style of the series too, with gorgeous costumes and sets that are unfortunately not well enough brought out by the cinematography and lighting – not to mention the few green screens that sometimes fall a bit short of the mark. It’s a pity, then, that there are some beautiful shots scattered throughout the rather bland mise-en-scène, even though it takes us to some impressive environments. Similarly, the actors and actresses and their dialogue are rather uneven, although they are led by the excellent Emily Watson and Olivia Williams in the lead roles.
But despite these many frustrating points, the series remains captivating and always leaves us eager to see what’s next at the end of each episode, even in its conclusion, which is full (not to say overly so) of twists and turns, but still manages to intrigue us enough to wait for a second season … which, we hope, will address these flaws, mainly due to the season’s structure, as the series itself does indeed have great potential!