Rsg Production

Dune : Partie II

 
Dune: Part Two
 
Best Visual Effects – Oscars
Best Sound – Oscars
Best Sound – BAFTA
Best Visual Effects – BAFTA
4 Visual Effects Awards – VESA
Best Score Soundtrack – Grammy

2024

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Après un premier film repoussé pour pandémie de COVID, puis un second repoussé par la grève des acteurs (par quoi sera donc repoussé le troisième volet ?), le tant attendu « Dune : Partie II » est enfin là ; et autant dire que le pari est réussi ! Dans la continuité directe de la première partie, cette seconde poursuit la destinée de Paul Atréides dans l’univers imaginé par Frank Herbert dans les années 1960. Si la première était plus contemplative, cette seconde s’adonne plus à la dimension épique tout en conservant la recette du premier film : un scénario complexe, subtil et riche dans un cadre technique spectaculaire, des visuels époustouflants, et des performances fantastiques.

Véritable blockbuster de luxe, ce deuxième volet voit le retour de Rebecca Ferguson, Javier Bardem, Josh Brolin, Stellan Skarsgård, Dave Bautista, Charlotte Rampling, et évidemment du duo au cœur de l’intrigue : Zendaya et Timothée Chalamet dont le personnage principal gagne en maturité, en nuances, et en zones d’ombres. Ils sont dorénavant rejoints par Christopher Walken dans le rôle de l’Empereur, de Florence Pugh dans celui de sa fille, de Souheila Yacoub dans le rôle d’une Fremen, de Léa Seydoux dans celui d’une Bene Gesserit, et enfin de l’hypnotisant Austin Butler en héritier concurrent de Paul.

Pour son quatrième film de science-fiction (après « Premier Contact », « Blade Runner 2049 », et « Dune ») Denis Villeneuve réussit une nouvelle fois à nous plonger dans un autre monde, un imaginaire, un univers riche en détails et en couleurs. C’est un cinéma esthétique doté d’une direction artistique monumentale avec de magnifiques nouveaux décors, maquillages, et effets spéciaux. L’échelle a beau être massive, la vérisimilitude est maintenue avec un monde qui n’apparaît jamais artificiel. Le sentiment de puissance et d’immensité est toujours présent avec les choix de cadre, le mixage son et une musique à faire frémir, mais la relation de l’humain avec la nature évolue. Là où le premier film nous écrasait sous ses paysages et son horizon, cette fois le cadre se rapproche des personnages, et le rapport de force s’équilibre peu à peu.

Mais si « Dune : Partie II » se distingue par sa beauté, ses sons et sa mise en scène spectaculaire (à noter une esthétisation en noir et blanc de la violence), Villeneuve ne sacrifie jamais le fond. Fidèle à l’idée et aux thèmes de l’œuvre originale, son scénario co-écrit avec Jon Spaihts est dense avec de nombreuses péripéties clôturant l’intrigue initiée dans la première partie tout en laissant la porte grande ouverte pour une dernière. Les changements et ellipses apportés à l’œuvre originale réussissent à créer des relations intéressantes, une exposition fluide, et rendre accessible la rencontre des conflits intérieurs et extérieurs. Toute la constellation de personnages est habilement développée et œuvre vers une finalité globale : l’ascension de Paul. Mais est-il réellement l’élu promis ou seulement un pion du pouvoir dans l’ombre ?

Si « Dune » est une histoire de batailles de pouvoir et un récit d’influences, c’est avant tout une remise en question de la figure messianique à travers un anti-héros qui doit vaincre le scepticisme et assouvir sa vengeance. Les enjeux religieux sont ainsi au cœur du conflit politique du film. On parle ici de guerre sainte, de fanatisme, d’endoctrinement, et de prophétie. Des enjeux qui font écho à notre monde et résonne ainsi aux cris de guerre des Fedeykin (alias mujahidin). Mais c’est ici la femme qui porte la vision, et l’homme leur sert de mythe. La religion agit alors comme véritable contre-pouvoir au sein d’un Empire qui apparaît comme un théâtre de marionnettes joué par une congrégation féminine, les Bene Gesserit, dont l’influence œuvre dans l’ombre (à l’image de leur code vestimentaire) pour favoriser la continuité du système ou plutôt sa chute.

Même avec ses presque trois heures, l’intrigue avance assez vite au point de ne plus laisser beaucoup de temps aux moments calmes, de silence et de paix du premier volet. Cela peut se comprendre, car ce volet est celui de la guerre, mais automatiquement il laisse un certain charme et quelques enjeux politico-économiques de côté pour se concentrer plus sur la destinée de Paul et sa figure de leader assombrie par celle de prophète. C’est pourquoi la série « Dune : Prophétie » (se concentrant sur l’émergence de l’Ordre des Bene Gesserit) aura toute la latitude de développer ces jeux d’influence au sein de l’Empire dès sa diffusion en fin d’année.

Denis Villeneuve et son équipe avec Patrice Vermette, Joe Walker, Paul Lambert, l’emblématique chef-opérateur Greig Fraser et évidemment le compositeur Hans Zimmer ont réussi à rendre l’univers de « Dune » palpable, riche, grandiose, et dangereux, tout ça à la fois. Ce diptyque représente certainement l’un des paris les plus audacieux du cinéma contemporain et restera dans les annales comme l’une des nouvelles grandes sagas. Si en 2001, Peter Jackson avait adapté la bible de la fantasy « Le Seigneur des Anneaux », vingt ans plus tard, le cinéaste québécois fait de même pour la SF.

« Dune : Partie II » offre un grand spectacle digne du blockbuster hollywoodien à gros budget – bien qu’il soit inférieur aux $200M dont sont coutumiers les grosses productions actuelles – en y ajoutant des figures nuancées, un scénario riche, et une immersion sensationnelle. C’est une véritable expérience de cinéma, à découvrir sur (très) grand écran, un space-opera ambitieux qui donne un nouveau souffle à la science-fiction, aux blockbusters, et au VIIe art dans son ensemble en ramenant le public en salles (en particulier aux USA après un début d’année historiquement bas) avec un week-end d’ouverture à $82,5M au box-office nord-américain (exactement le même démarrage que « Oppenheimer » l’été dernier) et $182,5M dans le monde … Nolan et Villeneuve, deux auteurs qui pensent le blockbuster autrement !

Raphaël Sallenave

 

After a first film postponed due to the COVID pandemic, then a second delayed by the actors’ strike (what else could possibly postpone the third installment then?), the long-awaited “Dune: Part II” is finally here, and let’s just say that the challenge has been met! In direct continuity with the first part, this second follows the destiny of Paul Atreides in the universe imagined by Frank Herbert in the 1960s. While the first was more contemplative, the second delves more into the epic dimension, while sticking to the formula of the first film: a complex, subtle and rich script set against a spectacular technical backdrop, breathtaking visuals and fantastic performances.

Truly a prestige blockbuster, this second installment sees the return of Rebecca Ferguson, Javier Bardem, Josh Brolin, Stellan Skarsgård, Dave Bautista, Charlotte Rampling, and of course the duo at the heart of the plot: Zendaya and Timothée Chalamet, whose main character gains in maturity, nuance and grey areas. They are now joined by Christopher Walken as the Emperor, Florence Pugh as his daughter, Souheila Yacoub as a Fremen, Léa Seydoux as a Bene Gesserit, and the mesmerizing Austin Butler as Paul’s rival heir.

For his fourth science-fiction film (after “Arrival”, “Blade Runner 2049” and “Dune”), Denis Villeneuve once again succeeds in transporting us into another world, an imagination, a universe rich in detail and color. This is highly esthetic cinema, with monumental artistic direction and stunning new sets, make-up and special effects. The scale may be massive, but the verisimilitude is upheld, with a world that never feels fake. The sense of power and vastness is still present in the framing choices, sound mixing and bone-chilling music, but the relationship between humans and nature is shifting. Where the first film overwhelmed us with its landscapes and horizon, this time the frame moves closer to the characters, and the balance of power gradually evens out.

But while “Dune: Part II” stands out for its beauty, sound and spectacular staging (notably the black-and-white rendering of violence), Villeneuve never sacrifices depth. Faithful to the idea and themes of the original novel, his screenplay, co-written with Jon Spaihts, has a lot to cover with several twists and turns, bringing the plot of the first part to a close while leaving the door wide open for a final one. The changes and ellipses made to the original story manage to create interesting relationships, fluid exposition, and make the interweaving of inner and outer conflicts easily accessible. The whole constellation of characters is cleverly developed and works towards an overall goal: Paul’s rise. But is he really the prophesied chosen one, or just a pawn of the power lurking in the shadows?

If “Dune” is a story of power struggles and influences, it is above all a reflection on the messianic figure through an anti-hero who must overcome skepticism and fulfill his vengeance. Religious issues are therefore at the heart of the film’s political conflict. This is a film about holy war, fanaticism, indoctrination and prophecy. Issues that echo our own world and resonate with the war cries of the Fedeykin (aka mujahidin). But here it’s the woman who bears the vision, and the man who serves as their myth. Religion then acts as a real counter-power within an Empire that appears like a puppet theater played out by a female congregation, the Bene Gesserit, whose influence operates in the shadows (just like their dress code) to favor the continuity of the regime or, rather, its downfall.

Even at almost three hours, the plot moves pretty fast, to the point of leaving little time for the quiet, peaceful moments of the first part. That’s understandable, since this chapter is one of war, but it automatically leaves a certain charm and some political-economic stakes aside to focus more on Paul’s destiny and his figure as a leader darkened by that of a prophet. This is why the “Dune: Prophecy” TV show (focusing on the emergence of the Bene Gesserit Order) will have every opportunity to develop these influence dynamics within the Empire when it airs at the end of the year.

Denis Villeneuve and his team featuring Patrice Vermette, Joe Walker, Paul Lambert, iconic cinematographer Greig Fraser and, of course, composer Hans Zimmer have succeeded in making the world of “Dune” tangible, rich, magnificent and dangerous, all at the same time. This diptych certainly represents one of the boldest gambles in modern cinema, and will go down in history as one of the great new sagas. In 2001, Peter Jackson adapted the bible of fantasy, The Lord of the Rings, and twenty years later, the Quebec filmmaker is doing the same for sci-fi.

“Dune: Part II” offers a grand spectacle worthy of a big-budget Hollywood blockbuster – albeit below the $200M mark customary of today’s big productions – with the addition of nuanced characters, a rich plot and thrilling immersion. It’s a true cinematic experience, to be seen on the (very) big screen, an ambitious space-opera that revitalizes sci-fi, the blockbusters, and the cinema as a whole by bringing audiences back to theaters (especially in the U.S. after a historically low start to the year) with an opening weekend of $82.5M at the domestic box-office (exactly the same as last summer’s “Oppenheimer”) and $182.5M worldwide… Nolan and Villeneuve, two auteurs who see the blockbuster differently!

Raphaël Sallenave

Dune : Partie I
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