Vingt Dieux
(Holy Cow)
Valois de Diamant – Angoulême
Meilleur Premier Film – Césars
Meilleure Révélation Féminine – Césars
2024
FR EN
Dans le pays du comté, Anthony, dit Totone, à peine majeur, perd son père alors qu’il est désœuvré et sans ressources. Désormais orphelin avec sa petite sœur, il cherche à s’en sortir pour ne pas sombrer dans la misère, mais difficile de trouver un travail dans le Jura, vingt dieux. C’est d’ailleurs ce juron moult fois prononcé qui a donné son nom au premier long-métrage de Louise Courvoisier, récompensé du Prix de la Jeunesse dans la catégorie cannoise « Un certain regard ».
Petite symphonie pastorale, le film raconte une histoire bien rurale au milieu des montagnes franc-comtoises, avec des personnages à l’accent bien local joués pour la majorité par des comédiens non professionnels et attachants. Ainsi de Clément Faveau dans le rôle du désabusé mais un peu rêveur Totone, de Maïwène Barthelemy dans celui de la travailleuse et amoureuse Marie-Lise, et de Luna Garret dans celui de la réconfortante et aimante Claire. « Vingt Dieux » présente un monde agricole (en particulier laitier et fruitier) où la vie comme les gens peuvent être durs, notamment dans une région productrice de l’un des fromages les plus consommés en France.
S’il dresse un tableau berçant souvent dans le naturalisme teinté de ruralisme, le long-métrage demeure un drame dans lequel Totone n’hésite pas à faire les quatre cents coups afin d’élever convenablement sa sœur, quitte à construire une relation amoureuse avec Marie-Lise dans le mensonge voire à trahir ses plus proches amis. Le héros en fait littéralement tout un fromage (de la discorde) pour se faire un peu d’argent après avoir tout perdu, mais l’illusion est de courte durée malgré le soutien de Claire. La fin de « Vingt Dieux » reste plutôt heureuse, mais à l’instar des courses boueuses de stock-cars, elle reflète le côté cahoteux de la vie campagnarde qui semble bien loin des préoccupations politiques et gouvernementales.
Axel Chevalier
In the country of Comté cheese, Anthony, known as Totone, barely of age, loses his father while idle and destitute. Now orphaned with his little sister, he tries to find a way out of poverty, but it’s hard to find a job in the Jura, holy cow (in French ‘Vingt Dieux’ literally means ‘twenty gods’). It’s in fact this often-uttered swearword that gave its name to Louise Courvoisier’s first feature film, which was awarded the Youth Prize in Cannes’ “Un certain regard” category.
This pastoral symphony tells a very rural story set in the mountains of the Franche-Comté region, with characters with very local accents, played for the most part by engaging non-professional actors. These include Clément Faveau as the disillusioned but slightly dreamy Totone, Maïwène Barthelemy as the hard-working and loving Marie-Lise, and Luna Garret as the comforting and caring Claire. “Holy Cow” depicts a farming world (particularly dairy and fruit) where life and people can be tough, especially in a region that produces one of France’s most widely consumed cheeses.
Although the picture is often naturalistic with a hint of ruralism, it’s still a drama in which Totone doesn’t hesitate to pull out all kinds of tricks in order to bring up his sister properly, even if it means building a love story with Marie-Lise based on lies, and even betraying his closest friends. The hero literally makes a big deal of it to make a bit of money after losing everything, but the illusion is short-lived despite Claire’s support. The ending of “Holy Cow” remains rather happy, but like the muddy stock-car races, it reflects the bumpy side of country life, which seems far removed from political and governmental concerns.
Axel Chevalier