Suzume
すずめの戸締まり- Suzume No Tojimari
Outstanding Achievement in Music – Japan Awards
2022
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C’est à partir de ruines que l’on peut tout reconstruire. Voici l’une des morales que semble vouloir nous transmettre Makoto Shinkai à travers le parcours de Suzume, héroïne de son dernier film éponyme. Suite à la rencontre mystérieuse de Sōta qui lui révèle l’existence d’un monde parallèle merveilleux scellé par des portes, l’adolescente quitte son île de Kyūshū pour traverser le Japon et tenter de préserver la coexistence des deux univers.
Coloré et visuellement ensorceleur, avec notamment des plans d’une précision et d’une poésie remarquables, sans oublier de très belles musiques, le film joue avec nos émotions sans nous submerger. Makoto Shinkai réussit ainsi à instiller de la nostalgie, de la tristesse, de la crainte, de la joie et de l’amour avec finesse ; tout ce que l’on peut vivre lors d’un voyage initiatique et ce que vit justement Suzume. L’héroïne, simple et touchante, se découvre et s’émancipe par étapes et grâce à ses rencontres : elle se fait des amis, elle côtoie des mondes différents, elle puise dans son passé pour mieux envisager son présent et son avenir.
Outre la métaphore de l’émancipation adolescente, Suzume incarne une jeune génération nippone porteuse des traumatismes et témoin de l’évolution de sa société. L’accent sur la sismicité de l’archipel (symbolisée par le Ver) et la référence explicite à la tragédie du Tōhoku et de Fukushima de janvier 2011 rappellent la vulnérabilité (malgré la préparation) du Japon aux tremblements de terre. La récurrence des ruines et des lieux abandonnés contraste avec l’hyper-urbanité de Tōkyō et illustre le déclin démographique japonais. Le fantastique n’est ainsi présent que pour sublimer l’environnement nippon.
« Suzume » se distingue aussi de « Your Name » et des « Enfants du Temps » en atténuant le côté romance de l’histoire (avec un Sōta devenant rapidement secondaire) et en insistant plus sur les liens relationnels amicaux et familiaux (avec une tante aimante à sa façon) et même religieux (avec un Daijin particulièrement kawaii et ambigu). Un film juste, réaliste et plutôt optimiste qui peut-être vous amènera à regarder d’un autre œil les petites chaises en bois…
Axel Chevalier
From ruins, everything can be rebuilt. That is one of the lessons Makoto Shinkai seems to want to convey through the journey of Suzume, the heroine of his latest movie of the same name. Following a mysterious encounter with Sōta, who reveals to her the existence of a wonderful mirror world sealed by doors, the teenager leaves her island of Kyūshū to cross Japan and try to preserve the coexistence of the two universes.
Colorful and visually bewitching, including shots of remarkable precision and poetry, not to mention beautiful music, the film brings out lots of emotions without overwhelming us. Makoto Shinkai succeeds in instilling nostalgia, sadness, fear, joy and love with finesse; everything that can be experienced during a journey of initiation and what Suzume is experiencing. The heroine, uncomplicated and charming, discovers herself and emancipates herself in various steps thanks to her encounters: she makes friends, she visits different worlds, she draws from her past to better consider her present and her future.
In addition to the metaphor of teenage emancipation, Suzume embodies a young Japanese generation that carries the traumas and witnesses the evolution of its society. The emphasis on the seismicity of the archipelago (symbolized by the Worm) and the explicit reference to the January 2011 Tōhoku and Fukushima tragedy remind us of Japan’s vulnerability (despite readiness) to earthquakes. The recurrence of ruins and abandoned places contrasts with the hyper-urbanity of Tōkyō and illustrates Japan’s demographic decline. The fantasy is thus only there to enhance the Nipponese environment.
“Suzume” also differs from “Your Name” and “Weathering with you” by toning down the romance side of the story (with Sōta quickly becoming secondary) and focusing more on the relational bonds of friendship and family (with a loving aunt in her own way) and even religion (with a particularly kawaii and ambiguous Daijin). A fair, realistic and rather optimistic film that may lead you to look at the little wooden chairs in a different way…
Axel Chevalier