Rsg Production

Acane

League of Legends

 
[TV]
Saisons/Seasons 1 & 2
 
Saison/season 1:
Outstanding Animated Program – Emmy
9 Awards – Annie
Saison/season 2:
7 Awards – Annie

2021-2024

FR                   EN

 

Ce bijou d’animation à moitié français qui vient tout juste de se conclure nous plonge dans une explosive fresque à la fois humaine & cosmique et politique & fantastique !

Arcane

Plus de six ans de travail, une centaine d’artistes à l’œuvre, un impressionnant budget de $250M, une reconnaissance aux Emmy Awards, et un public au rendez-vous mondialement, voilà l’une des séries de l’année et certainement l’un des plus gros projets diffusés sur Netflix. Dérivé de l’univers de « League of Legends », l’un des jeux vidéo les plus populaires de l’histoire, la série « Arcane » s’impose aussi bien comme l’une des toutes meilleures séries d’animation que comme l’une des meilleures adaptations de jeux-vidéo. Loin d’être réservée aux joueurs de la licence ou aux adeptes de fantasy, « Arcane » développe un scénario inédit basé sur le jeu vidéo mais parfaitement accessible aux néophytes. Jamais autant de temps et de moyens n’avaient été alloués à une série d’animation que pour cette production du studio américain Riot Games réalisée par le studio d’animation français Fortiche dont le choc esthétique la fait entrer dans la légende de l’animation au même titre qu’un « Spider-Verse » récemment !

Un style inoubliable …

Du début à la fin c’est du grand et pur spectacle grâce à une mise en scène absolument folle faite d’une animation époustouflante et d’une riche bande-son qui viennent créer une atmosphère et un style qui rendent cette série si singulière. Elle nous plonge en effet dans un univers hybride mêlant 2D et 3D avec des arrière-plans comme peints à la main et des personnages aux subtils designs dont l’expressivité des visages ressemble à de la ‘mocap’ (capture de mouvement sur acteurs) renforçant ainsi le doublage des acteurs et actrices dont le duo Hailee Steinfeld et Ella Purnell au centre du récit. On en prend plein les yeux des détails comme les tressaillements des pupilles aux plans larges mettant en scène l’univers steampunk de la série. Certains plans sont de vrais tableaux grâce à un rigoureux travail sur le cadre, les contrastes de lumières et la variété des décors.

Mais l’animation de « Arcane » ne s’apprécie pas que dans le dessin, mais aussi dans sa fluidité et son dynamisme, notamment lors des nombreuses scènes de combat qui restent toutes parfaitement lisibles malgré l’abondance de couleurs et de mouvements. Ce style très rythmé s’accompagne pour l’occasion d’une bande-son remplie d’artistes de renom aux chansons entraînantes et mémorables qui enrichissent non seulement les scènes en se fondant dans le style visuel et l’impact émotionnel, mais aussi les personnages en renseignant leur état d’esprit. Ce style très musical et pop rend certaines scènes encore plus inoubliables que ce soit lors des confrontations chorégraphiées entre champions ou lors des moments plus déchirants d’émotion. Mais elle se décline aussi selon les lieux avec un style riche en violons et orchestrations pour la ville haute de Piltover quand la ville souterraine de Zaun hérite de thèmes plus électro et rock.

… au service d’une riche histoire

Cette distinction musicale se retrouve dans l’architecture et renvoie aux thèmes principaux de la série qui se concentre sur un conflit territorial entre une ville aristocrate aux allures victoriennes autoproclamée ‘Cité du Progrès’ et sa ville basse, pauvre et dangereuse. « Arcane » c’est ainsi un récit de lutte des classes dans un cadre rétrofuturiste qui joue sur une double échelle humaine et sociétale. C’est un scénario soigné aux enjeux captivants et aux personnages attachants où les femmes détiennent plus d’une clé de l’intrigue. Dans un univers où règne la magie (c’est toute la base du jeu-vidéo), l’histoire est avant tout portée par les relations entre ses personnages avec deux intrigues en parallèle dans chaque ville, l’une familiale et révolutionnaire, et l’autre scientifique et politique. C’est finalement une histoire de familles et d’amitiés où les personnages sont développés, nuancés et évoluent toujours dans des zones grises moralement en commettant des erreurs et devant faire face à leurs différents choix. La série adopte ainsi un ton très mature bien qu’elle soit PG-13 (c’est-à-dire seulement déconseillée aux moins de 13 ans aux USA).

SAISON 1

La saison 1 sortie en 2021, nous plongeait donc dans cette rivalité opposant deux sœurs orphelines sur fond de conflit entre cités, d’oppositions de classes, et de quêtes technologiques et magiques avec trahisons et surprises au menu. Elle nous offrait un récit complexe aux multiples facettes qui questionnait aussi bien la direction (aux limites de la science) que doit et peut prendre le progrès technique en société et son (in)évitable passage par le domaine militaire, mais aussi la (nécessaire ?) répression qu’une nation dominante doit maintenir par peur de l’incontrôlable, ou encore la santé mentale en lambeaux d’une enfant en deuil et ses conséquences dévastatrices ! Mais si les sujets sont riches, la série s’attache à avant tout nous emmener auprès de ses personnages avant qu’une ellipse ne nous plonge véritablement dans tout ce maelström narratif.

Elle prend ainsi le temps dans son premier acte de développer la relation des sœurs et d’introduire les autres personnages qui ne seront ainsi jamais relégués seulement au second plan. Si le récit n’est pas non plus révolutionnaire et contient quelques éléments un peu convenus, il les exécute néanmoins parfaitement de sorte que la tension, l’émotion et les révélations soient au rendez-vous. Les enjeux et personnages sont cohérents, les dialogues (enrichis par les chansons) percutants et la narration visuelle de la série évite de nous bombarder de scènes d’exposition. C’est ainsi qu’on peut avoir des jeux d’alliances politiques sous couvert de paix et de progrès mêlés à des problématiques scientifiques et militaires qui poussent même les meilleurs personnages à ne pas véritablement tenir compte des retombées (sécuritaires, économiques, environnementales) sur les personnes vivant sous eux. Étonnamment, la série a beau adapter un univers réputé pour son abondance de magie, elle réussit à tisser une très belle histoire où cette dernière est bien au cœur de l’intrigue mais tout en étant peu présente à l’écran – comme un artefact réellement inatteignable …

SAISON 2

Alors que la saison 1 avait pris tout le monde par surprise, la seconde s’imposait logiquement comme un incontournable de l’année et générait donc d’immenses attentes visant pas moins que l’excellence pour une suite et conclusion d’une série qui avait tant réussi en première saison. Mais avec tant d’attentes et ce choix surprenant et risqué de Riot Games de clôturer cette série, la déception s’est invitée dans la bataille. Cette seconde saison perpétue pourtant nombre de qualités de la première, à commencer par une animation toujours aussi impressionnante, avec de nouveaux designs de personnages et de nouveaux lieux, mais aussi une B.O. encore et toujours rythmée, percutante et marquante.

C’est en revanche le bât narratif qui blesse avec une structure plus elliptique – les ellipses ne sont plus uniquement entre les actes mais aussi dans les épisodes au gré de beaux montages musicaux – et au tempo particulièrement soutenu ne laissant pas les personnages souffler. Les différents enjeux en pâtissent donc soit en étant précipités pour certains (escalade jusqu’à la guerre et unification de la cité contre un ennemi étranger), soit en n’étant pas introduits suffisamment en profondeur pour les nouveaux (rose noire), ou encore en étant carrément abandonnés pour certains (pollution des sols, idylle entre conseillers, instabilité de l’arcane elle-même). Le récit qui tournait autour d’un conflit d’idéaux et de territoires, vire rapidement dans cette seconde saison à un combat mystique pour l’humanité. L’histoire a alors du mal (en particulier dans le dernier acte) à continuer de jongler entre ses deux échelles (métaphysique & humaine) avec à la fois une multiplication des protagonistes, une montée en puissance des enjeux et un remplacement du social par le magique. On regrettera également un déséquilibre narratif pour certains personnages (Ekko) et une précipitation qui rend l’ensemble plus flou que mystérieux (Jayce), mais on appréciera néanmoins les dilemmes d’un scientifique devenu démiurge qui tente de guérir les souffrances au point d’en oublier le libre-arbitre, l’ivresse d’une réalité alternative, ou encore une histoire de sororité qui fait la part belle aux imperfections.

Conclusion

Si le plan d’origine de cinq saisons n’était peut-être pas viable, une troisième aurait donc clairement été judicieuse d’un point de vue narratif. Mais cette saison 2 reste néanmoins agréable pour sa remarquable maîtrise technique et ses moments épiques ou émouvants. On regrettera simplement qu’elle n’ait pas pris le temps de les rendre d’autant plus mémorables et harmonieux. Mais la saga de « League of Legends » n’est pas terminée avec une fin ouverte pour certains personnages ainsi que des pistes vers de potentielles futures autres séries dans l’univers. Quoi qu’il en soit, pour une première réalisation du studio Fortiche, l’exploit global de cette série qui a quand même réussi à créer des personnages qui vont cruellement nous manquer uniquement après deux saisons, est étourdissant … vivement leur prochain projet !

Raphaël Sallenave
 

This half-French animated gem, which has just come to a close, brings us into an explosive human & cosmic, yet political & fantasy epic!

Arcane

More than six years in the making, a hundred artists at work, an impressive budget of $250M, Emmy Award acclaim and a worldwide audience, this is one of the year’s top shows and certainly one of the biggest projects to hit Netflix. Based on the “League of Legends” universe, one of the most popular video games in history, the “Arcane” series has established itself both as one of the best animated series of all time and as one of the finest adaptations of video games. Far from being limited to players of the franchise or fantasy fans, “Arcane” features a brand-new storyline based on the video game, but entirely open to newcomers. Never before have so much time and resources been devoted to an animated series as for this production by the American studio Riot Games, created by the French animation studio Fortiche, whose stunning aesthetic has earned it legendary status in the animation world on a par with the recent “Spider-Verse”!

What a colorful style …

From start to finish, it’s pure spectacle, thanks to an absolutely insane style driven by breathtaking animation and a powerful soundtrack that give this series a unique atmosphere and style. In fact, it takes us into a hybrid world combining 2D and 3D animation, with hand-painted backgrounds and subtle character designs whose facial expressiveness looks just like mocap (motion capture on actors), thereby enhancing the dubbing of the actors and actresses, including the Hailee Steinfeld and Ella Purnell pair at the heart of the story. From details such as the twitching of pupils to wide shots featuring the series’ steampunk universe, we’re in for a real treat. Some shots are really like paintings, thanks to meticulous work on framing, light contrasts and the diversity of the sets.

But the animation of “Arcane” is not only outstanding in its drawing, but also in its fluidity and energy, particularly during the multiple battle scenes, all of which remain perfectly easy to follow despite the wealth of color and movement. This fast-paced style is complemented by a soundtrack featuring a host of well-known artists with catchy, memorable songs that not only enhance the scenes by blending in with the visual style and emotional impact, but also the characters by conveying their mental state. This highly musical, pop style makes certain scenes even more unforgettable, whether during the choreographed showdowns between champions or during the more heart-rending emotional moments. But it also varies from place to place, with a style full of violins and orchestrations for the upper town of Piltover, while the undercity of Zaun gets more electro and rock themes.

… for a fascinating story

This musical contrast is echoed in the architecture, reflecting the main themes of the series, which focuses on a territorial conflict between an aristocratic city with Victorian looks, self-proclaimed as the “City of Progress”, and its poor, dangerous lower town. “Arcane” is therefore a tale of class struggle in a retro-futuristic framework that draws on a dual human and societal perspective. It’s a carefully crafted scenario with captivating stakes and endearing characters, in which women hold more than one key to the plot. In a universe where magic reigns (it’s the whole point of the video game), the story is above all driven by the relationships between its characters, with two parallel plots in each city, one family and revolutionary, the other scientific and political. Ultimately, it’s a story of families and friendships, where the characters are developed, nuanced and always evolving in morally gray areas, making mistakes and having to face up to their different choices. The series thus takes on a very mature tone, even though it is only PG-13 (meaning not recommended for children under 13 in the US).

Season One

Season 1, released in 2021, thus took us into this rivalry between two orphaned sisters against a backdrop of inter-city conflict, clash of classes, and technological and magical quests, with betrayals and surprises along the way. It was a complex, multilayered tale that questioned the course (at the limits of science) that technical progress must and can take in society and its (in)avoidable path through the military realm, as well as the (necessary?) repression that a ruling nation must uphold for fear of the uncontrollable, as well as the crumbling mental health of a bereaved child and its ravaging consequences! But if the themes are deep, the series is above all focused on bringing us close to its characters, before a time jump brings us right into this narrative puzzle.

The first act therefore takes the time to develop the sisters’ relationship and introduce the other characters, who are never sidelined. While the story isn’t revolutionary either, and features a few somewhat conventional bits and pieces, it nonetheless executes them perfectly, so that tension, emotion and revelations shine through. The stakes and characters are consistent, the dialogue (supported by the songs) striking, and the series’ visual storytelling avoids bombarding us with exposition scenes. As a result, political alliances under the guise of peace and progress are interwoven with scientific and military issues, leading even the best characters to overlook the repercussions (security, economic, environmental) on the people living beneath them. Surprisingly, despite adapting a universe known for its magical nature, the series manages to weave a beautiful story in which magic is indeed at the heart of the plot, but with barely any presence on screen – like a truly unreachable artifact…

Season Two

While season 1 took everyone by surprise, the second was logically a must-see of the year, generating huge expectations for a sequel and conclusion to a series that had been so accomplished in the first season. But with such high expectations and Riot Games‘ surprisingly risky decision to bring the series to a close, disappointment invaded the battlefield. However, this second season carries on many of the qualities of the first, starting with an animation that is as breathtaking as ever, with new character designs and locations, as well as a soundtrack that is as vibrant, striking and powerful as ever.

However, it’s the storytelling that suffers, with a more elliptical structure – the time jumps are no longer limited to the acts themselves, but are also found within the episodes, in a variety of delightful musical clips – and a particularly fast-paced tempo that doesn’t allow the characters to take a breath. As a result, the various stakes suffer either by being rushed for some (escalation to war and unification of the city against a foreign enemy), or by not being introduced deeply enough for the new ones (black rose), or even by being abandoned altogether for some (soil pollution, romance between councilors, instability of the arcane itself). The story, which revolves around a conflict of ideals and territory, quickly shifts in this second season to a mystical battle for humanity. The story then struggles (especially in the third act) to juggle its two scales (metaphysical & human), with a proliferation of protagonists, rising stakes and a substitution of the social by the magical. We will also regret a narrative imbalance for certain characters (Ekko) and a haste that makes the story more vague than mysterious (Jayce), but we will nevertheless value the dilemmas of a scientist turned demigod who tries to cure suffering to the point of neglecting free will, or the ecstasy of an alternate reality, as well as a story of sisterhood that highlights the beauty of imperfections.

Conclusion

While the original five-season plan may not have been sustainable, a third season would clearly have been wise from a narrative standpoint. Nevertheless, season 2 remains delightful for its outstanding technical prowess and its epic or moving moments. We only regret that it didn’t take the time to make them all the more memorable and seamless. But the “League of Legends” saga isn’t over yet, with an open ending for some characters and clues to potential future series in the universe. Be that as it may, for a Fortiche studio debut, the overall achievement of this series, which has still managed to create characters we’ll sorely miss only after two seasons, is nothing short of mind-blowing… eagerly awaiting their next project!

Raphaël Sallenave
Spider-Man Across the Spider-Verse
Star Wars Visions - V2