Gladiator II
2024
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Vingt-quatre ans après le succès du premier « Gladiator », Ridley Scott est de retour dans cette suite du péplum aux cinq Oscars devenu depuis iconique pour toute une génération. Comme toutes les suites produites ces dernières années par Hollywood prolongeant une histoire vieille de plus de deux décennies (Top Gun ; Beetlejuice ; Ghostbusters ; Indiana Jones etc.), « Gladiator II » joue avant tout sur le facteur nostalgique – peut-être même trop – ce qui aura pour effet de créer différents niveaux d’attentes chez le public en fonction de sa propre nostalgie/appréciation du premier film. Certains seront alors voués à être déçus …
Le principal objectif d’un tel film n’est autre que le pur spectacle et vu sous cet angle il est indéniable que « Gladiator II » nous sert un grand divertissement spectaculaire dès sa scène d’introduction (moins mémorable probablement que celle du premier parce qu’elle joue sur une émotion qui ne peut pas être déjà présente) mais qui fonctionne particulièrement bien pour nous plonger dans la dimension épique de ce film. Ridley Scott démontre une nouvelle fois qu’il sait admirablement bien filmer et particulièrement les séquences d’action en multipliant les scènes ahurissantes de bataille et reconstituant magnifiquement la Rome antique autour du Colisée (bien que le rythme du film ne laisse peut-être pas assez de temps pour profiter de tous ces décors).
D’un point de vue technique (photo, vfx, décors, costumes) c’est donc globalement très réussi, à l’exception des musiques qui sont clairement moins mémorables que celles du premier dont c’était l’un des gros points forts. Le fait est que cette fois-ci, Hans Zimmer a refusé de continuer son travail sur le premier, et c’est donc Harry Gregson-Williams (Narnia ; Shrek ; Kingdom of Heaven) qui le remplace et opte pour un mélange entre des compositions du premier (qui sont toujours aussi fortes mais jouent sur la nostalgie) et quelques nouvelles musiques qui encadrent plus les scènes qu’elles ne les élèvent – un peu à la manière d’une suite comme « Avatar 2 ».
Mais comme souvent chez Ridley Scott, c’est avant tout le visuel et le spectacle qui priment sur le scénario … ce n’est pas nouveau. Sans être non plus un copié/collé, c’est inévitablement une intrigue qui ne prend pas trop de risques et fait beaucoup de parallèles avec le premier, probablement trop, alors qu’elle aurait pu plus se concentrer sur les enjeux romains qui y sont décrits sans toujours les relier aux personnages du premier film. Les personnages souffrent de manière générale de sous-développement. D’une part pour le personnage de Connie Nielsen qui est de retour, justement, parce qu’elle ne sert qu’à connecter l’histoire du 1 et du 2 sans beaucoup d’autre intérêt. Et d’autre part, parce que le scénario de cette suite a tout simplement dédoublé les personnages de Maximus et de Commode. Le rôle principal de Russell Crowe dans le premier est ainsi un peu divisé en deux avec le personnage de Pedro Pascal en général romain et celui du nouveau rôle principal Paul Mescal – dont c’est le premier blockbuster après des productions indépendantes (Normal People ; Aftersun ; Sans jamais nous connaître) – en gladiateur revanchard capturé en Afrique du Nord. Et il en va de même pour le personnage de Joaquin Phoenix, qui est ici divisé en deux empereurs fous. Cela rend chacun de ces quatre personnages un peu plus creux et occupe deux fois plus de temps d’écran pour une histoire assez similaire sur ces personnages-là.
Mais si ce dédoublement peut sembler répétitif, il apporte aussi quelques nouveautés notamment avec l’opposition entre les deux ennemis secrets de Rome. L’ajout d’une dimension plus politique avec le personnage de Denzel Washington est également un changement vraiment intéressant qui prend même le pas sur l’intrigue principale. C’est donc une histoire proche du premier, mais qui réussit néanmoins à nous captiver jusqu’à la fin malgré le fait qu’elle manque un peu de vivant et d’émotion par rapport au premier.
« Gladiator II » remplit donc correctement sa mission avec des visuels convaincants et un scénario satisfaisant. Mais arrive enfin la vraie question : cette mission était-elle nécessaire ? Narrativement, non. Le premier n’avait pas besoin d’une suite et encore moins d’une suite qui fait globalement la même chose. Et commercialement ? Oui et non, car il est sûr qu’il va remplir des salles de par le monde, mais avec son budget encore une fois gigantesque, il sera difficilement rentable. Ce n’est donc pas une suite inintéressante et ennuyante mais son utilité n’apparaîtra évidente ni au public ni au studio.
Raphaël Sallenave
Twenty-four years after the success of the first “Gladiator”, Ridley Scott is back with a sequel to the five-Oscar-winning peplum that has since become iconic for an entire generation. Like all Hollywood productions extending a story more than two decades old in the last few years (Top Gun; Beetlejuice; Ghostbusters; Indiana Jones etc.), “Gladiator II” plays above all on the nostalgia card – perhaps even too much so – which will lead to different levels of expectation among audiences, depending on their own nostalgia/esteem for the first film. Some are then bound to be let down…
The main goal of such a film is pure spectacle, and in this respect there’s no denying that “Gladiator II” delivers spectacular entertainment right from its opening scene (probably less breathtaking than the first, because it draws on an emotion that can’t already be there), but which works particularly well to throw us into the film’s epic dimension. Ridley Scott once again proves that he knows how to film admirably well, especially action sequences, with multiple astonishing battle scenes and a splendid recreation of ancient Rome around the Colosseum (although the pace of the film perhaps doesn’t leave enough time to enjoy all these sets).
From a technical point of view (photography, vfx, sets, costumes) it’s therefore very well done overall, with the exception of the score, which is clearly less memorable than in the first film, where it was one of the highlights. This time around, Hans Zimmer declined to come back, so Harry Gregson-Williams (Narnia; Shrek; Kingdom of Heaven) replaced him, opting for a mix of compositions from the first film (which are as strong as ever, but rely on nostalgia) and some new music that supports the scenes rather than elevates them – a bit like for a sequel like “Avatar 2”.
But as is often the case with Ridley Scott, it’s the visuals and spectacle that take precedence over the script… nothing really new there. Without being a copy/paste either, it’s unavoidably a plot that doesn’t take too many risks and draws a lot of parallels with the first film, probably too many, when it could have focused more on the Roman issues that are described without always connecting them to the first film’s characters. The characters generally lack development. On one hand, for Connie Nielsen’s character, who is back, it’s precisely because she only brings the story of 1 and 2 together, without much other purpose. And on the other hand, it’s because the script for this sequel has simply split up the characters of Maximus and Commodus. Russell Crowe’s lead role in the first is thus split in two, with Pedro Pascal’s character as a Roman general and new lead Paul Mescal – whose first blockbuster after independent productions (Normal People; Aftersun; Without Ever Knowing Us) – as a vengeful gladiator captured in North Africa. And the same goes for Joaquin Phoenix’s character, who is here divided into two mad emperors. This makes each of these four characters a little emptier, and takes up twice as much screen time for a fairly similar story.
But while this doubling-up may seem repetitive, it also brings a few new developments, especially with the opposition between Rome’s two secret enemies. The addition of a deeper political dimension with Denzel Washington’s character is also a really interesting change that even overshadows the main plot. So, it’s a story that’s close to the first, but nevertheless manages to captivate us right to the end, despite the fact that it lacks a little of the vibrancy and emotion of the first.
“Gladiator II” therefore fulfills its mission properly, with compelling visuals and a satisfying storyline. But then comes the real question: was this mission necessary? Story-wise, no. The first film didn’t need a sequel, and even less so a sequel that does essentially the same thing. And commercially? Yes and no, because it’s sure to fill cinemas all over the world, but with its once again gigantic budget, it will hardly be profitable. So, it’s not an uninteresting or boring sequel, but its value won’t be obvious to either the public or the studio.
Raphaël Sallenave