Revoir Paris
(Paris Memories)
Meilleure Actrice – Césars
Meilleure Actrice – Magritte
2022
FR EN
Deux mois après les verdicts du procès des attentats du 13 novembre 2015, « Revoir Paris » s’impose comme un film cathartique pour la capitale française. Après avoir survécu à l’attaque dans une brasserie, Mia fait face à son trou noir et revient à Paris remontant la piste de ses propres souvenirs et des témoignages de survivants pour tenter de se reconstruire. C’est donc un film sur la mémoire de cet événement, à la différence de « Novembre » qui sort dans deux semaines il ne se concentre pas sur notre réaction collective mais sur la fragilité de l’existence et la force du collectif dans un esprit résilient très cyrulnikien.
Après son très beau « Proxima », la scénariste et réalisatrice française Alice Winocour signe une magnifique œuvre de reconstruction après sa propre expérience personnelle. Comme le fait remarquer son interprète « c’est un film très intime et non généralisé ou historique. C’est une fracture personnelle ». Elle en tire une émouvante et délicate cicatrice qui évite tout sensationnalisme, plein de sensibilité et de retenue à l’exception d’une seule révélation à mon sens quelque peu superflue. Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2022, « Revoir Paris » s’impose comme du cinéma féminin de grande qualité sans jamais insister ou pointer du doigt cette dimension.
Le film réussit une remarquable symphonie de sa belle photographie, à sa B.O. et son casting au diapason avec Benoît Magimel et Grégoire Colin aux côtés de Virginie Efira. L’actuelle tête d’affiche du cinéma français délivre ici une performance tout en finesse et justesse. Elle est de toutes les scènes et porte véritablement le film comme son trauma : dans tout son être. Elle ne quitte jamais son armure de motarde avant de trouver une voie de sortie viable. Face à cette forme de dissociation selon laquelle elle n’appartient plus véritablement au même monde, sa reconstruction passe par une mise à distance de l’extérieur, ceux qui n’ont pas connu, et un rapprochement avec sa communauté : celle des victimes. Finalement qu’est-ce que la résilience sinon le fait de se tenir la main …
Raphaël Sallenave
Two months after the verdicts in the trial of the November 13, 2015 attacks, “Paris Memories” stands out as a cathartic film for the French capital. After surviving the attack in a cafe, Mia faces her black hole and returns to Paris tracing her own memories and the testimonies of survivors in an attempt to rebuild herself. It is therefore a film about the memory of this event, unlike “Novembre” which will be released in two weeks, it does not focus on our collective reaction but on the fragility of existence and the strength of the collective in a resilient spirit very much from Boris Cyrulnik.
After her beautiful “Proxima”, the French writer and director Alice Winocour delivers a wonderful piece of recovery from her own personal experience. As her actress points out, « It’s a very intimate film, not generalized or historical. It is a personal fracture ». It is a moving and delicate scar that avoids any sensationalism, full of sensitivity and restraint except for one revelation that I feel is somewhat unnecessary. Selected for the Directors’ Fortnight at the 2022 Cannes Film Festival, “Revoir Paris” stands out as high-quality feminine cinema without ever insisting or pointing out this dimension.
The film achieves a remarkable symphony from its beautiful photography, to its soundtrack and its cast in tune with Benoît Magimel and Grégoire Colin alongside Virginie Efira. The current headliner of French cinema gives here a performance full of sensitivity and authenticity. She is in every scene and really carries the film like her trauma: in all her being. She never leaves her biker armor until she finds a sustainable road out. Faced with this form of dissociation, according to which she no longer truly belongs to the same world, her reconstruction involves distancing herself from the outside world, from those who have not experienced it, and getting closer to her community: that of the victims. In the end, what is resilience if not holding hands…
Raphaël Sallenave