Rsg Production

L’Amour Ouf

 
(Beating Hearts)
 
Meilleur Acteur dans un second rôle – Césars

2024

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Quelle claque !
 

Après « Le Grand Bain » (2019), son premier long-métrage très réussi, Gilles Lellouche revient avec « L’Amour Ouf ». On y suit la rencontre entre deux ados que tout oppose, qui vont pourtant s’unir et vivre en parallèle de leur histoire d’amour des expériences d’une rare intensité tout au long de leur vie dans le nord de la France. Présenté cette année au Festival de Cannes en compétition officielle, le film remonté et raccourci (atteignant tout de même les 2h40) est sorti mercredi 16 octobre 2024. Au moment d’écrire ces lignes, il s’agit du troisième meilleur démarrage de l’année au box-office en France avec déjà plus d’un million de spectateurs !

Et à nouveau, c’est une réussite sensationnelle ! Un véritable carton. Porté par un casting XXL, « L’Amour Ouf » se distingue par sa beauté, sa photographie sublime, sa musique entraînante, ses dialogues poignants et l’émotion vive qu’ils transmettent au spectateur. Les personnages sont extrêmement attachants, véritable prouesse vu leur profil, souvent antagonistes, violents, brutaux.

Le film propose une construction en deux arcs narratifs principaux. Nous suivons d’abord les protagonistes pendant leur adolescence (une grosse première moitié du film), avant de les retrouver plus tard, adultes, pour la suite et fin. Jackie et Clotaire sont donc d’abord incarnés par Mallory Wanecque et Malik Frikah, puis par Adèle Exarchopoulos et François Civil. Alors que ce sont ces deux derniers qui ont largement participé à promouvoir le film auprès du grand public, c’est plutôt le premier duo d’acteurs qui porte le film. Tous deux nés en 2006, ils sont impressionnants de maturité et font oublier leur jeunesse. Ce sont véritablement eux deux qui interprètent le mieux cet amour inconditionnel, tantôt impossible, tantôt si fusionnel, qui émeut le public parfois jusqu’aux larmes. Déjà hâte de les retrouver prochainement (aux Césars ?).

Mais la magie de ce film, c’est d’avoir su conserver cet élan jusqu’au bout du film, même dans le deuxième acte. Vous lirez ailleurs qu’il y a ‘deux films dans le film’ (y compris au sein de notre rédaction, ndlr), ou bien que le rythme ‘s’essouffle à mesure que l’intrigue avance’. De mon point de vue, il n’en est rien. Gilles Lellouche réalise un coup de maître avec une réalisation pointue qui fait parfaitement le lien entre deux personnages, que tout attire et oppose à la fois, à deux époques différentes de la vie. Ce qui permet de faire le lien entre ces deux arcs, ces deux temps dans le film, c’est la notion de choix, qui est le véritable fil conducteur. En effet, « L’Amour Ouf » n’est pas qu’un film d’amour, il va bien au-delà. Il traite de la construction des individus au travers de leur vie, de leurs expériences, et de la façon de se forger une identité. La notion de choix de vie est centrale et déterminante, en témoignent les scènes de début et de fin (no spoil, vous découvrirez ça en salles !).

Mais ce qui caractérise aussi « L’Amour Ouf », c’est bien la violence qu’il présente. En effet, les personnages en sont tous à leur manière gangrenés. Benoît Poelvoorde incarne un baron de la pègre représentant la violence physique (les coups, le sang…). Karim Leklou, un père très dur et parfois sinistre représentant la violence familiale et infantile. Vincent Lacoste, un mari violent psychologiquement avec sa femme. Néanmoins, on ne peut pas dire que cette violence soit pour autant ce que l’on retient du film. Elle a beau être partout, elle est toujours secondaire et sert plutôt de support au développement des autres sentiments explorés (l’amour évidemment, le doute, l’allégresse…).

C’est en tout cas un immense plaisir de voir que le cinéma français est capable de produire et réaliser de tels films. Proche du chef-d’œuvre, « L’Amour Ouf » fera date à coup sûr et s’inscrit dans une belle lignée de sorties françaises ces derniers mois. Cocorico !

Pierre Armengaud
 

What a blast!

After his highly successful feature debut “Sink or Swim” (2019), Gilles Lellouche returns with “Beating Hearts” (literally ‘Crazy Love’ in the original title). The story follows two teenagers who are at odds with each other, but who come together to live out their love story in parallel with experiences of rare intensity throughout their lives in northern France. Presented at this year’s Cannes Film Festival in official competition, the reedited and shortened film (still clocking in at 2 hours 40 minutes) was released on October 16, 2024. At the time of writing, this is the third-best box-office opening of the year in France, with already over a million spectators!

And once again, this is a sensational success! A real box-office smash. Carried by a five-star cast, “Beating Hearts” stands out for its beauty, sublime cinematography, lively music, poignant dialogue and the vivid emotion it conveys to the viewer. The characters are extremely engaging, which is a real feat given their often antagonistic, violent, or even brutal personalities.

The film is built around two main story arcs. First, we follow the protagonists through their teenage years (basically the first half of the film), before meeting them again later, as adults, for the continuation and ending. Jackie and Clotaire are thus played first by Mallory Wanecque and Malik Frikah, and then by Adèle Exarchopoulos and François Civil. While the latter two played a major role in promoting the film to the general public, it’s actually the first pair of actors who really drive the movie. Both born in 2006, they are impressively mature and make us forget their youth. It’s really the two of them who best portray this unconditional love, at times impossible, at others so fusional, that moves audiences to tears at times. We’re already very much looking forward to see them again soon (who knows? at the Césars?).

But the magic of this film lies in this momentum which it carries right to the end, even in the second part. You may read elsewhere that there are ‘two films within one’ (even in our own writing team, editor’s note), or that the pace ‘slows down as the plot goes on’. From my point of view, this is not the case. Gilles Lellouche pulls off a masterstroke with a sharp direction that perfectly connects two characters, who are both attracted to and opposed to each other, at two different times in their lives. What connects these two arcs, these two times in the film, is the notion of choice, which is the real thrust. Indeed, “Beating Hearts” is not just a film about love, it goes far beyond that. It deals with the building of individuals through their lives, their experiences, and the way they forge an identity. The notion of life choices is central and key, as shown by the opening and closing scenes (no spoilers, you’ll find out in theaters!).

“Beating Hearts” is also characterized by its violence. Indeed, the characters are all, in their own way, plagued by it. Benoît Poelvoorde plays an underworld kingpin representing physical violence (beatings, blood…). Karim Leklou, a harsh and sometimes sinister father, represents family and child violence. And Vincent Lacoste, a psychologically violent husband to his wife. However, this violence is not what we remember about the film. It may be everywhere, but it’s always peripheral, instead providing a framework for the exploration of other feelings (love, of course, but also doubt, joy…).

In any case, what a great pleasure to see that French cinema is able to produce and make such films. “Beating Hearts” is quite simply very close to a masterpiece, and will definitely make history as it adds to a wonderful list of French releases in the last few months. Vive la France !

Pierre Armengaud

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