Rsg Production

La Femme de Tchaïkovski

 
Жена Чайковского – Jena Tchaïkovskogo
(Tchaikovsky’s wife)

2022/2023

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Reconnu à l’international pour l’excellent « Leto » qui raconte l’émergence d’un groupe de rock dans le Leningrad des années 1980, Kirill Serebrennikov tisse un cinéma audacieux qui explore de façon sous-jacente les ruines de l’Union soviétique. Avec « La Femme de Tchaïkovski », le réalisateur russe pousse la noirceur qui habite ses films à son plus haut degré. Ni l’espoir ni la tendresse ne se frayent un chemin dans ce drame épais et solitaire.

Au 19e siècle Antonina Miliukova, une jeune compositrice brillante et membre du conservatoire, tombe éperdument amoureuse du compositeur Piotr Tchaïkovski. Après un premier refus, le compositeur accepte le mariage. Mais cet amour qu’elle lui porte au-delà de ne pas être réciproque, se confond en une puissante obsession. En acceptant de tout endurer pourvu qu’elle soit à ses côtés, la jeune femme bascule dans la folie, et s’oublie au cœur d’une société malade.

En dépeignant une Russie prérévolutionnaire, Kirill Serebrennikov nous entraîne dans une fresque morbide, un film où le ciel est absent et les rayons du soleil ne traversent que mal les fumées et les brouillards constants. Dans cette atmosphère étouffante, le morbide prend le pas sur absolument tout et le film penche presque dans le noir et blanc, dans cette absence de couleur dont on ne retient peut-être que le rouge de la robe. Mais le réalisateur de « La fièvre de Petrov » ne s’arrête pas aux simples codes du film historique et propose une mise en scène audacieuse, troublante et bien évidemment irrévérencieuse. Que dire de ces décors qui n’en sont pas, de ces ruelles macabres et de cette boue omniprésente. Kirill Serebrennikov nous installe dans un théâtre, il se débarrasse de toute profondeur de champ et ce n’est pas le montage qui opère la temporalité, mais les décors qui se métamorphosent par un sublime jeu de lumière.

« La femme de Tchaïkovski » est une prouesse cinématographique portée par une Aliona Mikhaïlova renversante. Oubliez la romance, ici ne règne que le désespoir et la folie. C’est un film à la noirceur indigeste, mais à la chorégraphie remarquable où le réalisme se confond en un cauchemar intérieur.

Sacha Garcia
 

Known internationally for the excellent “Leto”, which tells the story of the emergence of a rock band in Leningrad in the 1980s, Kirill Serebrennikov crafts an audacious cinema that explores the ruins of the Soviet Union in an underlying manner. With “Tchaikovsky’s Wife”, the Russian director pushes the darkness that inhabits his films to its highest degree. Neither hope nor tenderness finds its way into this dense and lonesome drama.

In the 19th century Antonina Miliukova, a brilliant young composer and member of the conservatory, falls madly in love with composer Pyotr Tchaikovsky. After a first rejection, the composer accepts the marriage. But the love she bears him, beyond being mutual, becomes a powerful obsession. By accepting to endure everything as long as she is by his side, the young woman falls into madness and forgets herself in the heart of a sick society.

By depicting a pre-revolutionary Russia, Kirill Serebrennikov takes us into a morbid epic, a film where the sky is absent and the sun’s rays do not shine through the constant smoke and fog. In this stifling atmosphere, the morbid takes precedence over absolutely everything and the film almost leans towards black and white, in this absence of color from which we perhaps only recall the red of the dress. But the director of “Petrov’s Flu” does not stop at the mere conventions of the historical picture and offers a daring, disturbing and obviously irreverent mise en scène. What can we say about these settings that never really were, about these macabre alleys and this omnipresent mud? Kirill Serebrennikov brings us into a theater, he gets rid of any depth of field and it is not the editing that operates the temporality, but the sets that are transformed by a beautiful light display.

“Tchaikovsky’s wife” is a cinematographic feat led by a stunning Aliona Mikhailova. Forget the romance, here reigns only despair and madness. This is a film of unbearable darkness, but with a remarkable choreography where realism merges into an inner nightmare.

Sacha Garcia
La Grâce
Compartiment N°6