Bien loin du roman de Rosa Liksom, Juo Kuosmanen nous entraîne au cœur d’une Russie enneigée habitée par de surprenants petits êtres.

Laura une jeune Finlandaise à Moscou décide d’entreprendre un long trajet à travers la Russie pour découvrir un site archéologique composé de Pétroglyphes, des pierres sur lesquelles figurent des dessins ancestraux. Dans le train qui la mène vers cette recherche d’un passé ancestral, elle va faire la rencontre d’un personnage insaisissable.

Au début du film, Laura est hébergée chez Irina, une intellectuelle moscovite qu’elle envie et dont elle tombe amoureuse. Elle vit alors le début de son voyage comme un déchirement social qui la sépare d’un groupe auquel elle aurait voulu appartenir. Dans le compartiment de son train en partance vers l’arctique, elle rencontre Ljoha, un russe alcoolique qui cherche du travail dans l’est. L’enfermement et l’obligation d’une intimité partagée entraînent les deux protagonistes à sceller une relation puissante portée par l’humour et les fêlures d’une pudeur dissimulée.

« Compartiment n°6 » est donc habité par Seidi Haarla et Yuriy Borisov, un duo remarquable qui porte les silences aussi bien que les mots et nous entraîne jovial dans un voyage que l’on voudrait sans fin.

Si le long-métrage se concentre sur cette traversée interminable du continent russe c’est que le trajet supplante l’arrivée et se place comme une construction personnelle de nos deux protagonistes. Le plus intéressant n’est pas l’arrivée, c’est la quête, ces moments de l’instant partagé qui forge les marques d’un bonheur éphémère et pourtant imprégné.