Rsg Production

The Girls on the Bus

 
[TV]
Saison / Season 1
 

2024

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A quelques mois de la présidentielle américaine la plus rincée de l’histoire entre un méga-fou et un giga-sénile où le vote le plus logique pour toutes et tous semblerait sans équivoque n’être autre que le vote blanc (au risque de se voir traiter de raciste) ; HBO Max nous proposait ces dernières semaines une nouvelle série politique sur quatre femmes journalistes entre concurrence et amitié sur la route de la primaire démocrate.

Le titre fait référence à l’essai de Timothy Crouse paru en 1973 « The Boys on the Bus » qui documentait les coulisses du travail des journalistes suivant la campagne électorale de 1972 (qui vit Nixon être réélu avant de démissionner suite au scandale du Watergate). Parmi eux se trouvait Hunter S. Thompson, le chef de file du journalisme gonzo (mouvement défiant la sacro-sainte objectivité journalistique au profit d’une approche plus immersive). La mythologie de cette campagne et de ce questionnement journalistique se retrouve dans « The Girls on the Bus » qui prend acte de la féminisation de la profession autour de ce quatuor plutôt archétypal avec en tête notre plume nerveuse d’un grand quotidien new-yorkais, littéralement hantée par la fantôme de Thompson ; une reporter chevronnée, cynique et héritière ; une présentatrice afro-américaine d’une chaîne TV conservatrice type Fox News : et enfin une jeune influenceuse moderne et novice en politique.

Développée par la scénariste Julie Plec (Vampire Diaries) et la journaliste Amy Chozick, la série s’inspire de l’expérience de cette dernière en tant que journaliste ‘embarquée’ auprès d’Hillary Clinton. « The Girls on the Bus » mélange alors la politique, l’humour, le drame voire le thriller, et la romance. Elle s’impose ainsi comme une série politique aux airs de soap opera, au ton assez léger et pétillant, tout en maintenant un cap ne l’empêchant pas de prendre son sujet au sérieux. C’est dans l’ensemble un hymne à la sororité et au dialogue qui aurait probablement gagné à approfondir son cadre et ses personnages.

La force du récit réside en effet dans sa plaidoirie de la dépolarisation idéologique et des vertus du dialogue en construisant progressivement une solidarité naissante entre les quatre journalistes rivales de bords politiques extrêmement différents. Elles ne font ainsi qu’un lorsqu’il s’agit d’affirmer leurs ambitions à la barbe de leurs patrons ou de s’entraider lorsqu’elles se heurtent à des restrictions professionnelles ou aux lois de certains Etats. La série joue alors sur une guerre des sexes et des générations et montre que les divisions dans notre culture actuelle du clash sont parfois solubles dans la relation humaine. Avec un bon casting crédible dans l’ensemble, la série fonctionne bien quand elle met en scène ses protagonistes dans leur cheminement contrasté mais collectif.

En revanche, les intrigues individuelles s’avèrent plus faibles, en particulier pour l’influenceuse et la présentatrice afro-américaine d’une chaîne ouvertement affublée de racisme (ce qui est en soi un concept très intéressant sur l’image que veut et doit donner le média). Mais les profondes divergences de points de vue entre cette dernière et ses collègues sont traités trop en surface, comme des simples désaccords, pour être facilement outrepassés par la force de l’entraide et de l’amitié. On passe malheureusement plus de temps sur son mariage que sur ses véritables positions politiques et économiques. Dans l’ensemble, c’est la dimension politique qui semble trop en surface et qui manque de profondeur. Alors, certes, la série cherche à proposer une intrigue légère et amusante dans un cadre politique, plus que véritablement plonger dans les méandres de la politique, mais en pleine campagne présidentielle 2024, l’environnement s’y prête mal et on en attend donc plus de ce côté-là (même si elle y fait astucieusement quelques références à l’image du ‘vieux’ candidat).

En tant que comédie féminine sur le journalisme de campagne, la série se révèle donc assez bonne, en tant que récit journalistique également (bien qu’elle ajoute une dimension thriller un peu à contre-courant), mais c’est bien dans sa dimension politique qu’elle pêche. Bien qu’insuffisante, cette première saison reste louable mais le parcours de ces ‘femmes du président’ s’arrêtera là puisque Max a décidé de ne pas renouveler la série !

Raphaël Sallenave
 

With just a few months to go before the most screwed-up U.S. presidential election in history, between a mega-crazy man and a super-senile man, where the most sensible vote for everyone would seem to be none of the above (at the risk of being branded a racist), HBO Max released a new political series over the past few weeks about four female journalists on the road to the Democratic primary, navigating between rivalry and friendship.

The title refers to Timothy Crouse’s 1973 essay “The Boys on the Bus”, which documented the behind-the-scenes work of journalists following the 1972 election campaign (which saw Nixon re-elected before resigning in the wake of the Watergate scandal). Among them was Hunter S. Thompson, the leader of gonzo journalism (a movement challenging the sanctity of journalistic objectivity in favor of a more immersive approach). The mythology of this campaign and this journalistic questioning are captured in “The Girls on the Bus”, which reflects the feminization of the profession around this rather archetypal quartet, headed by our nervous writer from a major New York City daily, literally haunted by Thompson’s ghost; a seasoned reporter, cynical and heiress; an African-American anchorwoman from a conservative Fox News-type TV channel; and finally, a young, modern influencer and political novice.

Developed by screenwriter Julie Plec (The Vampire Diaries) and journalist Amy Chozick, the series is based on the latter’s experience as a journalist ‘on the bus’ with Hillary Clinton. So, “The Girls on the Bus” blends politics, humor, drama and even thriller, with romance. In this way, it establishes itself as a soap opera-like political series with a light, playful tone, while still taking its subject matter seriously. Overall, it is a tribute to sisterhood and dialogue that would probably have benefited from a more in-depth setting and characters.

The strength of the story lies in its championing of ideological depolarization and of the merits of dialogue, gradually building a budding solidarity between the four rival journalists from extremely different political backgrounds. They become one when it comes to asserting their ambitions in the face of their bosses, or helping each other out when they come up against professional constraints or the laws of certain states. The series then explores a war between the sexes and between generations, showing that the divisions in today’s clash culture are sometimes solvable in human relationships. With a good, credible cast on the whole, the series works well when it shows its protagonists on their contrasting but collective paths.

However, the individual storylines are weaker, especially for the influencer and the African-American anchorwoman of a network openly labeled as racist (which is in itself a very interesting concept about the image the media wants and needs to convey). But the profound differences of opinion between the latter and her colleagues are treated too superficially, as mere disagreements, to be easily overridden by the strength of mutual support and friendship. Unfortunately, more time is spent on her marriage than on her real political and economic stances. Overall, it’s the political dimension that seems too much on the surface and lacks depth. Admittedly, the series aims to offer a light, fun plot within a political framework, rather than really delving into the intricacies of politics, but in the midst of the 2024 presidential campaign, this environment doesn’t lend itself well to this, and so we expect more from it (although it cleverly makes a few references to it as with the ‘old man’ candidate).

As a women’s comedy about campaign journalism, the series proves to be quite good, and as a journalistic story as well (although it adds a thriller dimension that goes a little against the tide), but it’s in its political dimension that it fails. Although lacking in substance, this first season remains commendable, but the journey of these ‘President’s women’ will come to an end here, as Max has decided not to renew the series!

Raphaël Sallenave
The Apprentice
La Fièvre - S1