Rsg Production

Horizon

Une saga américaine, chapitre 1

 
Horizon: An American Saga – Chapter 1

2024

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Sorti pour la fête nationale américaine, ce western porte en effet les valeurs fondatrices de la nation avec l’exploration du territoire, la liberté, l’indépendance, et l’inexorable course vers une richesse rêvée qui aboutit sur une violence collective. Cette fresque de près de trois heures vise aussi à redorer le blason d’un genre typiquement américain qui s’est quelque peu éteint de lui-même ces dernières décennies. Pour cela, et surfant sur la vague « Yellowstone » qui l’a remis sur le devant de la scène, Kevin Costner mise sur le pouvoir de fascination du western et la force de ses images en tentant d’associer un style très classique dans sa mise en scène et son ton à une modernité dans son approche thématique et narrative … pour un résultat plus que mitigé !

L’une des marques de fabrique du genre reste évidemment les visuels avec ses grands espaces, et c’est un élément caractéristique du western particulièrement mis à l’honneur ici avec ses paysages montagneux et désertiques nous transportant du Montana à l’Arizona. Mais un western c’est aussi souvent une histoire de violence et d’action, et cette dynamique est également réussie grâce à une très belle scène de massacre Apache et de piège asphyxiant dans un souterrain. Le film se structure ainsi par une forme de parallélisme débutant et se clôturant par un massacre, tissant ainsi des liens entre les groupes de personnages : tout le monde y perd des proches, doit faire des choix de route, ainsi que d’alliés. Si le film débute sous un point de vue très fordien, il s’équilibre peu à peu pour finalement filmer les cow-boys et les Indiens sur un plan d’égalité où chaque camp s’opposant est également divisé par un conflit intérieur. Le souci ne vient donc pas du point de vue de l’intrigue, mais plus de son développement.

Le terme “saga” utilisé dans le titre (un peu à rallonge) fait référence à l’ampleur de ce projet en quatre films qui s’apparente bien plus à une série qu’à un format cinéma. Le premier volet, du haut de ses trois heures, se limite ainsi uniquement à une introduction : ce n’est qu’une très (et trop) longue présentation des personnages qui multiplie les intrigues et les protagonistes pour finir sans vraie conclusion simplement sur un éclatement narratif. Ce « Chapitre 1 » ouvre beaucoup de pistes mais n’en exploite vraiment aucune en réussissant à faire à la fois traîner l’intrigue en passant d’un groupe à l’autre sans les connecter, et précipiter son développement avec des ellipses qui n’approfondissent pas les personnages ou leurs relations.

Le personnage principal que joue lui-même Costner n’arrive d’ailleurs qu’après 1h30 pour n’avoir au final que deux séquences (une d’introduction et une de fuite) avec deux scènes chacune entrecoupée d’ellipses qui font que non seulement on pourrait s’y perdre mais surtout on n’est absolument pas investi dans le parcours de ces personnes pourtant très variées. A l’image de tout cela, le film conclut sur ni plus ni moins qu’une (encore une fois, trop longue) bande-annonce de sa propre suite, avec un montage mettant en scène les enjeux qui attendent toute cette myriade de personnages. En tant qu’introduction (certes trop longue, mais néanmoins vaste et intrigante), ce « Chapitre 1 » pourrait donc tout à fait convenir, mais ce « Horizon » ne fonctionne tout simplement pas en tant que film à part entière.

C’est bien simple, il est loin d’être palpitant en s’éparpillant sans cesse et en ne parachevant pas le développement de ses multiples groupes de personnages. On a un peu l’impression de voir une succession de quêtes secondaires sur « Red Dead Redemption ». En somme c’est un lourd échec narratif, d’autant que les scènes sont régulièrement trop longues souvent dues à des dialogues qui traînent et ne facilitent pas un jeu d’acteur qui s’avère assez inégal sur l’ensemble (sans compter, mais c’est un choix assumé, que la petite focale ne nous rapproche pas de ces personnages).

Conjuguant les formats cinéma et série, « Horizon, chapitre 1 » est une œuvre difficile à juger en elle-même car elle n’est pas une entité finie. Ce qui est sûr, c’est qu’il s’agit d’un récit ample et ambitieux bien que trop long et trop lent, mais qui réussit étonnamment à nous donner envie de voir la suite, y compris grâce à son montage final (qui n’a, certes, rien à faire là). Verdict … au prochain volume ?

Raphaël Sallenave

 

Released to celebrate National Day, this Western embodies the nation’s founding values: exploration of the land, freedom, independence, and the relentless pursuit of a dream of prosperity that leads to collective violence. This nearly three-hour epic also aims to bring back to life a typically American genre that has somewhat died out on its own in the past few decades. To this end, and capitalizing on the “Yellowstone” success that put him back in the spotlight, Kevin Costner relies on the Western’s power of mesmerization and imagery, attempting to combine a classic style of direction and tone with a modern thematic and narrative approach… for a far from stellar result!

One of the trademarks of the genre is, of course, the visuals, with wide-open spaces, and this is a characteristic feature of the Western, particularly highlighted here with its mountainous and desert landscapes taking us from Montana to Arizona. But a Western is also often a story of violence and action, and this aspect is also brought to life in a beautiful scene involving an Apache massacre and a suffocating underground trap. The film is therefore built around a kind of parallelism that opens and closes with a slaughter, thus forging links between the groups of characters: everyone loses loved ones, has to make choices about their route and their allies. Although the film begins from a very Fordian point of view, it gradually balances out, eventually filming the cowboys and Indians on an equal footing, with each opposing faction equally divided by an inner conflict. The problem therefore lies not in the point of view of the storyline, but rather in its development.

The word « saga » in the title (which is a bit over-long) refers to the scope of this four-film project, which is much more akin to a series than a cinema production. The first part, at three hours long, is limited only to an introduction: it’s a very (and overly) long presentation of the characters, adding intrigues and protagonists before ending with no real conclusion, simply with a narrative fragment. This “Chapter 1” opens up many avenues but doesn’t really explore any of them, managing both to drag out the plot by switching from one group to another without connecting them, and also to rush its development with ellipses that don’t delve any deeper into the characters or their relationships.

In fact, the main character, played by Costner himself, only appears after an hour and a half, to end up with just two sequences (one introductory and one on the run), with two scenes each interspersed with ellipses that not only make it hard to keep up, but also leave you completely uninvested in the journey of these very diverse individuals. Mirroring all this, the film closes with no less than a (once again, too long) trailer for its own sequel, with a montage highlighting the stakes that await this plethora of characters. So, as an introduction (admittedly too long, but nonetheless vast and intriguing), this “Chapter 1” could be just fine, but this “Horizon” simply doesn’t work as a film in its own right.

Quite simply, it’s far from captivating, endlessly fragmenting and failing to develop its multiple groups of characters. It’s a bit like watching a series of side quests in “Red Dead Redemption”. All in all, this is a major narrative failure, all the more so as the scenes are regularly too long, often due to drawn-out dialogues that don’t help the acting, which turns out to be rather uneven throughout (not to mention – but this is a deliberate choice – that the short focal length doesn’t really connect us with the characters).

Combining film and series formats, “Horizon: Chapter 1” is difficult to judge on its own merits, as it is not a finite entity. One thing’s for sure: this is a wide-ranging, ambitious story, albeit too long and too slow, but one that surprisingly manages to make us eager to see the sequel, also thanks to its final montage (which, admittedly, has no business being there). So, let’s see what happens… in the next part?

Raphaël Sallenave
Jusqu'au bout du monde
Killers of the Flower Moon