La Gravité
(The Gravity)
2023
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La gravité, ce phénomène sidéral d’attraction mutuelle des corps, qui nous maintient voire nous retient dans un équilibre que parfois nous souhaiterions briser. Alors que les planètes de notre système solaire s’apprêtent à s’aligner et teintent le ciel de couleurs rougeoyantes, une nouvelle vie semble s’ouvrir pour les habitants d’une banlieue grise et bétonnée. Trois hommes liés par le destin se retrouvent ainsi attirés vers de nouvelles perspectives.
« La Gravité » est un long-métrage d’action tourné autour du mouvement et de sa perception. Le film alterne entre des scènes de courses (d’athlétisme, de motos, -poursuites) et des moments d’observation de ces trajectoires convergentes (les dialogues, la surveillance, les regards). La musique, composée par les excellents frères Galperine, nous accompagne tout au long de ce trou noir dans lequel s’engouffrent les personnages. L’évolution des couleurs de la voûte céleste offre par ailleurs une jolie panoplie chromatique, allant du rouge sang au noir profond, en passant par le jaune luminescent.
Traitant des quartiers difficiles et des trafics qui peuvent s’y tramer, « La Gravité » présente plusieurs approches innovantes : le film instille dans son intrigue un soupçon de science-fiction (ce qui le rapproche de « Gagarine », sorti en 2020), comprend un personnage-pilier paraplégique et, nouveauté très appréciée, nous absorbe dans les dérives sectaires. Mention spéciale pour le présumé chef des Rōnin (et plus globalement pour tous les jeunes membres du clan) dont les idées visionnaires quoique mystiques apportent de la fraîcheur face aux poncifs cinématographiques autour des cités et des banlieusards !
Le titre, le fond et la fin du film interrogent. Peut-être ce long-métrage traite-t-il de l’attraction gravitationnelle qu’a nécessairement la banlieue pour qui y a grandi et ce malgré cette envie de la quitter. Ou peut-être est-ce le monde de la banlieue qui est suffisamment grave pour que quiconque ait du mal à [s’]en sortir. Au demeurant, « La Gravité », comme les alignements de planètes, fascine.
Gravity, this sidereal phenomenon of mutual attraction of bodies, which maintains or even holds us in a balance that sometimes we would like to break. While the planets of our solar system are about to line up and tint the sky with glowing colors, a new life seems to be opening up for the inhabitants of a grey and concrete neighborhood. Three men bound by destiny find themselves drawn towards new horizons.
“The Gravity” is a feature-length action film focused on movement and its perception. The film alternates between scenes of races (athletics, motorcycles, and chases) and moments of observation of these converging trajectories (dialogues, surveillance, looks). The music, composed by the excellent Galperine brothers, follows us throughout this black hole in which the characters are drawn. The evolution of the colors of the sky offers a nice chromatic array, going from blood red to deep black, through luminescent yellow.
Dealing with difficult neighborhoods and the trafficking that can occur there, “The Gravity” offers several innovative approaches: the film instills in its plot a hint of science fiction (which brings it closer to “Gagarin”, released in 2020), features a paraplegic main character and, a much-appreciated novelty, takes us into the sectarian excesses. Special mention for the presumed leader of the Rōnin (and more globally for all the young members of the clan) whose visionary yet mystical ideas bring freshness in the face of cinematic clichés around housing estates and suburbia!
The title, the background and the end of the film both raise questions. Perhaps this film deals with the gravitational attraction that the suburbs have for those who grew up there, despite the desire to leave them. Or perhaps it is the world of the suburbs that is severe enough to make it difficult for anyone to get out. In any case, “The Gravity”, like the planetary line-ups, fascinates.