Rsg Production

Bones and All

 
Lion d’Argent (Réalisation) – Venise
Prix Mastroianni (Espoir) – Venise

2023

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“Une odeur métallique… Comme de la boue… Comme du vinaigre dans de la soupe…” C’est ce que sent Maren pour la première fois, initiée par un certain Sully, dans cette vieille maison, dont la propriétaire agonise en silence, à l’étage… Maren et Sully discutent et patientent ; l’heure du repas approche…

Maren (Taylor Russell), c’est au départ une adolescente qui déménage sans cesse. Constamment en cavale et surprotégée par son père, elle ne peut jamais se lier d’amitié avec les autres. Jusqu’à ce que son père l’abandonne dans le Maryland, la laissant seule, avec son acte de naissance et une cassette audio, face à ses pires démons. Maren prend alors la direction du Minnesota, à la recherche de sa mère qu’elle n’a jamais connue. Sur son long chemin, elle fera la rencontre de Sully (Mark Rylance), un « mangeur » comme elle quoique farfelu, puis de Lee (Timothée Chalamet), autre « mangeur » erratique dont elle tombera amoureuse et avec qui elle partagera sa route.

« Bones and All », c’est d’abord un film de voyage : un road movie qui nous fait traverser les États-Unis en pick-up via des petites routes et des endroits perdus dans des paysages infinis. Plus qu’un voyage, c’est une quête : Maren cherche sa mère, ses racines, un sens à son existence, mais aussi une tendresse que sa vie marginale et ses angoisses ne lui offrent pas. Elle trouve des réponses en la personne de Lee, dans cette romance inespérée qui lui fait accepter sa monstruosité.

De monstruosité, justement, il en est question dans ce film. Maren et Lee – mais bien d’autres, aussi – sont des cannibales. Ils se reconnaissent entre eux (voire se pistent) grâce à leur odorat supérieur ; ils sentent les mourants et doivent se nourrir de chair humaine régulièrement afin de calmer leurs pulsions. Cette anthropophagie, Maren la rejette et la subit, puis finit par l’accepter et s’accepter elle-même grâce à l’amour qu’elle porte pour Lee. Des cannibales aimants et aimés, en quête de normalité, sont-ils pour autant moins monstrueux ? À moins que l’amour lui-même les rendent plus monstrueux encore, puisqu’il peut les ronger, parfois voracement, jusqu’aux os…

Axel Chevalier
 

« A metallic smell… Like mud… Like vinegar in soup… » This is what Maren smells for the first time, guided by a certain Sully, in this old house, whose owner is silently dying upstairs… Maren and Sully chat and wait; dinner is about to be served…

Maren (Taylor Russell) starts out as a teenager on the move. Constantly on the run and overprotected by her father, she can never make friends with other people. Until her father abandons her in Maryland, leaving her alone, with her birth certificate and an audio tape, to face her worst demons. Maren sets off for Minnesota, in search of the mother she never knew. Along the way, she meets Sully (Mark Rylance), an eccentric « eater » like herself, and Lee (Timothée Chalamet), another erratic « eater » with whom she falls in love and shares her journey.

“Bones and All” is first and foremost a travel film: a road movie that takes us across the United States in a pickup truck across back roads and lost places in infinite landscapes. More than a journey, this is a quest: Maren is looking for her mother, her roots, a meaning to her own existence, but also the tenderness that her marginal life and her anxieties don’t offer her. She finds answers in Lee, in this unexpected romance that makes her accept her monstrosity.

Indeed, this film is all about monstrosity. Maren and Lee – and many others, too – are cannibals. They identify each other (or even track each other) by their superior sense of smell; they smell the dying and must feed on human flesh regularly to calm their drives. Maren rejects and endures this anthropophagy, but eventually accepts it and herself, thanks to her love for Lee. Are loving cannibals in search of normalcy any less monstrous? Unless love itself makes them even more monstrous, since it can gnaw them, sometimes voraciously, to the bone…

Axel Chevalier
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