Nous, Jeunesse(s) d’Iran
[Docu]
(We, the Youth(s) of Iran)
2024
FR EN
Ce documentaire nous offre une immersion inédite au sein de la société iranienne, et en particulier de sa jeunesse aux multiples visages. Le titre offre ainsi une lecture plurielle et singulière de cette jeunesse massive – près de 60% a moins de 30 ans –, très urbaine, et instruite – avec le niveau académique le plus élevé du Moyen-Orient – divisée selon des fractures religieuses, politiques ou culturelles mais unie par divers états de souffrance, d’espoir et de mutation. Un titre également à la première personne qui traduit la prise de parole de six jeunes d’Iran de moins de 25 ans. Ces témoignages éclairent ainsi les bouleversements que connaît la génération Z iranienne dans le sillage de la mort de Mahsa Amini en septembre 2022. Elle devient le symbole du mouvement étudiant ‘Femme, Vie, Liberté’ questionnant la culture de la tristesse et du martyr, l’instrumentalisation de la cause palestinienne, ou encore la violence (pour ou contre) la liberté.
Familière des zones de conflit et reporter en Afghanistan pendant 12 ans, Solène Chalvon-Fioriti propose toujours des récits très majoritairement portés par une lecture féministe des enjeux politiques qu’elle dépeint. Après l’excellent « Afghanes », la réalisatrice française nous embarque donc en Iran auprès de six jeunes femmes aux situations variées, comme Sarah la narratrice principale qui lui envoie ce qu’elle peut filmer de son quotidien ou des manifestations, après le refus de son visa de presse par la République Islamique d’Iran.
Le gouvernement iranien exclut en effet les tournages étrangers, et ne serait-ce que le fait de filmer en Iran peut, aujourd’hui, envoyer en prison. Gare au risque d’être filmé également. C’est pourquoi, pour protéger les femmes impliquées, le film a eu recours à l’intelligence artificielle. Une première pour un documentaire français. Pourquoi ne pas simplement flouter les visages ? Pour à la fois anonymiser les témoins tout en conservant leurs expressions ainsi que le décor alentour. Une technique pas toujours complètement réussie – nécessitant parfois quelques légers flous sur les plans de profil – et qui pose une vraie question déontologique. Mais le documentaire prend garde de toujours informer le spectateur quant à l’utilisation de l’IA.
This documentary provides an original insight into Iranian society, and in particular its multi-faceted youth. The title (literally “We, the youth(s) of Iran’) offers a plural and singular perception of this massive youth – nearly 60% of the population is under 30 – highly urbanized and educated – with the highest academic level in the Middle East – divided along religious, political or cultural lines, but united by various degrees of suffering, hope and change. The title, also written in the first person, features the voices of six young Iranians under the age of 25. These stories shed light on the upheavals experienced by Iran’s Z generation in the wake of Mahsa Amini’s death in September 2022. She became the symbol of the ‘Woman, Life, Freedom’ student movement, questioning the culture of sadness and martyrdom, the exploitation of the Palestinian struggle, and violence (for or against) freedom.
Solène Chalvon-Fioriti is no stranger to conflict zones, having worked as a reporter in Afghanistan for 12 years, and her stories are for the most part driven by a feminist approach to the political issues she tackles. After the remarkable “Afghanes”, the French director now brings us to Iran with six young women in a wide range of situations, like Sarah, the main narrator, who sends her what she can capture of her daily life or of the protests, after her press visa was denied by the Islamic Republic of Iran.
Indeed, the Iranian government prohibits foreign shooting, and even filming in Iran can now get you sent to prison. The risk of being filmed is equally high. That’s why, to ensure the safety of the women involved, the film relies on artificial intelligence. A first for a French documentary. Why not simply blur the faces? To anonymize the witnesses while still capturing their expressions and the surrounding setting. A technique that’s not always entirely successful – sometimes requiring slight blurring of profile shots – and which raises a real ethical question. But the documentary is careful to always keep the viewer informed about the use of AI.