Rsg Production

Sky Dome 2123

 
Müanyag égbolt (‘Silent Skies’)
(White Plastic Sky)

2024

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Moins de six mois après l’excellent « Mars Express », le cinéma d’animation pour adultes offre une nouvelle plongée dans l’inquiétant avenir de nos sociétés. Mais contrairement au film français, ce long-métrage hongro-slovaque ne ménage que peu de place à l’action ou à l’humour, privilégiant les rapports humains dans un récit intime et une exploration mélancolique d’un futur stérile.

En 2123, la Terre a en effet épuisé ses ressources, plus aucune vie végétale ou animale ne subsiste et l’humanité vit sous d’immenses dômes. L’extérieur n’est alors qu’un désert sans fin de roche dévasté par la pollution. L’avenir de l’espèce étant en jeu, l’être humain vit parqué comme du bétail portant une date de péremption : passé cinquante ans, son corps doit être rendu à la société … Dans ce contexte, l’intrigue suit un psychiatre qui aide la population à dépasser ces lois cruelles mais semble-t-il indispensables pour la survie humaine. Mais lorsque celles-ci viennent à menacer sa propre femme, il va tout risquer pour la sauver, mais aussi la comprendre !

Pour leur premier film, le duo de scénaristes et réalisateurs hongrois Tibor Bánóczki et Sarolta Szabó signent une œuvre d’anticipation poétique et sensible, une histoire d’amour post-apocalyptique centrée sur un couple dans sa traversée des ruines du passé – aussi bien le leur que celui de leur espèce. C’est un voyage visuellement hybride, fruit de sept années de travail mêlant des décors modélisés numériquement en 3D et des personnages animés en rotoscopie, à savoir incarnés d’abord par des acteurs avant d’être re-dessinés à la main pour les rendre plus réalistes. « Sky Dome 2123 » (titre original ‘Ciels Muets’) réinvente un univers dystopique déjà exploré par des classiques de la science-fiction comme « Soleil Vert » avec une esthétique assez unique, et des idées innovantes et parfois dérangeantes dans une société consacrée exclusivement à sa propre reproduction, où personne n’a par conséquent le droit de vieillir.

C’est une fable qui soulève de profondes questions sur la condition humaine, sa survie et les sacrifices qu’elle nécessite, mais aussi sur le rapport de domination de l’humain à la nature. Le film offre un regard alternatif sur l’avenir en interrogeant nos illusions d’éternité, la question de l’hybridité comme évolution de l’espèce, ou encore celle de l’euthanasie volontaire. Et si l’évolution se faisait sans les Hommes ? Doit-on se battre pour la survie de la planète ou celle de notre espèce ?

Voilà donc un film délicat qui plante les graines d’un futur à repenser dès aujourd’hui et s’avèrera encore plus touchant pour les parents. Un film dont le cadre et les questions sous-jacentes posées par cette vision de notre société futuriste sont finalement plus intéressants que son intrigue, bien qu’elle livre une belle réflexion sur l’amour, le temps et la vie.

Raphaël Sallenave
 

Less than six months after the outstanding “Mars Express”, the adult animated genre offers a new look into the worrying future of our societies. But unlike the French film, this Hungarian-Slovak feature leaves little room for action or humor, focusing instead on human relationships in an intimate narrative and a wistful exploration of a sterile future.

In 2123, the Earth has depleted its resources, no plant or animal life remains, and humanity lives under huge domes. The outside world is an endless desert of rock ravaged by pollution. With the future of the species at stake, human beings are herded like cattle with an expiration date: after fifty years, their bodies must be returned to society… In this setting, the plot follows a psychiatrist who helps the population to overcome these cruel but seemingly essential laws for human survival. But when those very laws threaten his own wife, he’s going to risk everything to not only save her, but also understand her!

For their first feature, the Hungarian writer-director duo Tibor Bánóczki and Sarolta Szabó deliver a poetic and sensitive work of anticipation, a post-apocalyptic love story centered on a couple’s journey through the ruins of the past – both their own and their species’. It’s a visually hybrid experience, seven years in the making, combining digitally modeled 3D sets and rotoscoped animated characters, i.e. first played by actors and then re-drawn by hand to make them more lifelike. “White Plastic Sky” (original title ‘Silent Skies’) reimagines a dystopian universe already explored by sci-fi classics such as “Soylent Green” with a rather unique aesthetic, and innovative and sometimes unsettling ideas in a society devoted exclusively to its own preservation, where no one is allowed to grow old.

This is a fable that raises far-reaching questions about the human condition, its survival and the sacrifices it requires, but also about the human domination over nature. The film offers an alternative view of the future, challenging our illusions of eternity, the question of hybridity in the evolution of the species, and that of deliberate euthanasia. What if evolution were to take place without humans? Should we fight for the survival of the planet or that of our own species?

This is a delicate film that sows the seeds of a future to be reconsidered from now on, and will prove even more poignant for parents. In the end, the setting and underlying questions raised by this vision of our future prove to be more interesting than the actual plot, although it does offer a lovely commentary on love, time and life.

Raphaël Sallenave
Mars Express
The Pod Generation