Daaaaaali !
2024
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Six mois après le génial « Yannick », Quentin Dupieux présente « Daaaaaali ! », son dernier opus avec, une fois n’est pas coutume, un casting XXL. Six “a” dans le titre comme le nombre d’interprètes (Edouard Baer, Gilles Lellouche, Pio Marmai, Jonathan Cohen, Didier Flamand et Boris Gillot) de l’excentrique et insaisissable peintre espagnol du siècle dernier.
Ni biopic, ni parodie, Dupieux signe un nouvel inclassable. Difficile de qualifier ce film qui tend autant vers l’hommage à l’artiste qu’à la satire. On nous emmène ici à la croisée des chemins, entre l’interview d’une journaliste (Anaïs Demoustier) à la peine, le rêve d’un prêtre qui se perd dans ses propres méandres (le spectateur avec), et le quotidien torturé d’un Salvador Dali loufoquement effrayé par le temps qui passe.
Obnubilé par son image et toujours à la recherche de l’improbable, le Dali de Dupieux est finalement très proche de l’artiste que l’on a connu au XXème siècle. Ou plutôt, les Dali ! Car c’est une petite ribambelle d’acteurs qui se succèdent pour l’incarner. Leur performance porte d’ailleurs le film ! On vous encourage à visionner des extraits d’interview du vrai Salvador Dali pour vous rendre compte de la justesse d’interprétation des comédiens (mentions spéciales aux très remarqués et au-dessus de la mêlée Edouard Baer et Jonathan Cohen).
Ne cherchez pas de sens, de rationalité ni d’intérêt historique à ce film. S’il peut apparaître un fil conducteur, ce n’est pas là l’essentiel. Et c’est bien là le génie de Dupieux qui ressurgit. En une heure et vingt minutes intelligemment remplies, excellement portées par une bande-originale signée Thomas Bangalter (rien que ça), le réalisateur parisien nous montre ce qu’est le vrai cinéma, dans toutes ses dimensions. Celui pour lequel on a envie d’aller en salles, celui qui est à l’avant-garde, celui qui propose et qui ne s’explique pas toujours, laissant libre court à notre imagination de faire le reste.
Quentin Dupieux s’impose avec « Daaaaaali ! » comme l’un des réalisateurs les plus incontournables de notre époque. Même s’il garde un lot de comédiens fidèles, tout le monde semble vouloir travailler avec lui. On n’a d’ailleurs probablement pas fini de le suivre en salles, vu sa production actuelle fulgurante. A très bientôt, chef !
Pierre Armengaud
Six months after the brilliant “Yannick”, Quentin Dupieux is back with “Daaaaaali!”, his latest film with, as usual, an all-star cast. Six « A »s in the title for the six actors (Edouard Baer, Gilles Lellouche, Pio Marmai, Jonathan Cohen, Didier Flamand, and Boris Gillot) that play the eccentric, elusive Spanish painter of the last century.
Neither biopic nor parody, Dupieux delivers another unclassifiable work. It’s hard to describe this film, which is as much a tribute to the artist as a satire. We’re taken to a crossroads, between an interview with a struggling journalist (Anaïs Demoustier), the dream of a priest who loses himself in his own meanderings (and the viewer along with him), and the tortured daily life of a Salvador Dali who is weirdly terrified by the passing of time.
Obsessed with his own image and always on the lookout for the improbable, Dupieux’s Dali is ultimately very close to the artist we knew in the 20th century. Or rather, the multiple Dalis as it’s a whole host of actors who play him one after the other. And their performances really bring the film to life! We suggest watching excerpts from interviews with the real Salvador Dali to appreciate the precision of the actors’ portrayals (with special mention for the outstanding Edouard Baer and Jonathan Cohen).
Don’t look for any kind of meaning, rationale or historical relevance in this film. It may appear to have a common thread, but that’s not the point. And that’s where Dupieux’s genius comes into its own. In one hour and twenty minutes, intelligently packed and excellently supported by an original soundtrack by none other than Thomas Bangalter, the Parisian director shows us what real cinema is, in all its dimensions. The kind we want to go to the cinema for, the kind that is ahead of its time, the kind that offers something new and doesn’t always explain itself, leaving our imagination free to do the rest.
With “Daaaaaali!”, Quentin Dupieux has established himself as one of the most exciting directors of our time. Although he keeps a loyal cast of actors, everyone seems to want to work with him. And we’re probably not done watching him in theaters, given his current dazzling output. See you soon, Mr. Ozio!
Pierre Armengaud