Rsg Production

Les Trois Mousquetaires : Milady

 
(The Three Musketeers: Milady)

2023

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Huit mois après la sortie du premier volet « D’Artagnan », Martin Bourboulon et les producteurs de chez Pathé concluent ce diptyque adapté du célèbre roman d’Alexandre Dumas. On retrouve donc nos mousquetaires après l’échec de l’attentat visant le Roi dans un contexte d’opposition entre factions catholiques et protestantes, laquelle serait soutenue par la couronne britannique. Au milieu de ces tensions politico-religieuses se trouvent deux personnages : D’Artagnan parti à la recherche de sa bien-aimée Constance Bonacieux et la malicieuse Milady, espionne de Richelieu jouant double jeu avec tout le monde …
 
Ce second volet remplit ses objectifs de blockbuster à la française avec une dimension épique, des duels et des combats variés y compris le captivant siège de La Rochelle, de beaux plans et un rythme soutenu et prenant. C’est un solide divertissement dont le récit riche en rebondissements ne tombe pas dans le manichéisme et se concentre plus sur le personnage de Milady auquel l’ensorcelante Eva Green apporte un charme vénéneux.
 
Oui mais voilà il y avait dans « D’Artagnan » un dosage particulièrement réussi entre épique, humour et émotions qui ne se retrouve pas ici. La faute en grande partie à une intrigue surchargée qui aurait soit mérité plus de temps soit dû être réduite car elle ne laisse tout simplement pas le temps aux personnages de vivre. Résultat, ce n’est pas que les acteurs jouent moins bien, c’est juste que les personnages n’ont pas le temps d’exister, d’être incarnés : ils ne servent que l’intrigue et ses péripéties au lieu d’être développés par l’intrigue. L’exemple le plus criant est ainsi le personnage de Porthos qui n’a presque aucune utilité dans l’histoire de ce second volet. Alors oui, le scénario prend des libertés dans l’adaptation du roman pour développer, humaniser et complexifier le personnage de Milady de Winter, mais cela se fait malheureusement au détriment des autres figures de l’histoire.
 
Romain Duris et Pio Marmaï sont moins présents et n’ont qu’un rôle annexe dans le déroulement de l’intrigue, de même pour Vicky Krieps et Louis Garrel dont la relation royale intéressante et comique reste présente mais très peu utilisée. De plus le cœur du premier volet était bien la relation entre D’Artagnan et Constance. Or, celle-ci ayant été capturée, le scénario fait le choix de ne presque pas la mettre en scène compromettant une bonne partie de la dimension émotionnelle du film.
 
Enfin, si ce second volet pâtit surtout de la structure de son scénario et l’écriture de ses personnages, le parti pris de la mise en scène lors des séquences d’action reste handicapant. La caméra bouge en effet beaucoup avec des plans portés très proches, et même si c’était déjà le style du premier volet, dans la mesure où il y a cette fois plus de combattants dans les scènes d’action, le résultat n’en est que moins lisible. D’autant que le dernier combat souffre d’une chorégraphie et d’un décor assez pauvres.
 
Bref, le premier était tellement une réussite dans son introduction des personnages et son dosage des tons, que ce second film déçoit en se focalisant aveuglément sur les différentes étapes de son intrigue alors que celle-ci pourrait être captivante en soi si elle laissait plus le temps à ses personnages de respirer.
 
Raphaël Sallenave
 
Eight months after the release of the first “D’Artagnan” installment, Martin Bourboulon and Pathé’s producers wrap up this two-part adaptation of Alexandre Dumas’ famous novel. The musketeers are once again back in action after the failed attempt on the King’s life, amidst fierce opposition between Catholic and Protestant factions, with the latter allegedly backed by the British monarchy. Two characters stand in the middle of these politico-religious tensions: D’Artagnan, searching for his beloved Constance Bonacieux, and the mischievous Milady, Richelieu’s spy who plays double games with everyone…
 
This second part fulfills its objectives as a French blockbuster, with an epic dimension, a variety of duels and battles, including the captivating siege of La Rochelle, beautiful shots and a fast, gripping pace. This is solid entertainment, with a story full of twists and turns that doesn’t fall into Manicheanism, and focuses more on the character of Milady, to whom the bewitching Eva Green brings a venomous spell.
 
Yes, but here’s the thing: in “D’Artagnan”, there was a particularly successful blend of epic, humor and emotion that’s nowhere to be found here. This is largely due to an overloaded plot that either deserved more time or had to be scaled down, as it simply doesn’t give the characters enough time to breathe. As a result, it’s not that the actors don’t play as well, it’s just that the characters don’t have time to exist, to be fleshed out: they only support the plot and its intricacies, rather than being developed by the plot. The most blatant example of this is the character of Porthos, who serves almost no purpose in the story of this second film. So, yes, the screenplay takes liberties with the novel’s adaptation to develop, humanize and complexify the character of Milady de Winter, but unfortunately this is done at the expense of the other characters in the story.
 
Romain Duris and Pio Marmaï are less present, and play only a minor role in the plot, as do Vicky Krieps and Louis Garrel, whose interesting and amusing royal relationship remains unchanged, but is hardly used at all. What’s more, the heart of the first part was definitely the relationship between D’Artagnan and Constance. Now that Constance has been captured, the script makes the choice of hardly featuring her at all, thus losing much of the film’s emotional dimension.
 
Finally, while this second installment suffers mainly from the structure of its script and the writing of its characters, the choice of direction during the action sequences remains a limitation. The camera moves a lot, with close-up shots, and although this was already the style of the first movie, this time there are more combatants in the action scenes, making the whole thing less clear. All the more so as the last fight suffers from rather poor choreography and scenery.
 
In short, the first film was so successful in its introduction of the characters and its balance of tones, that this second film disappoints by focusing blindly on the different stages of its plot, even though the latter could be captivating in its own right if it let its characters breathe.
 
Raphaël Sallenave
Jeanne du Barry
Le Comte de Monte-Cristo