Avant que les Flammes ne s’éteignent
(After the Fire)
2023
FR EN
Brûlant d’actualité, ce premier film de Mehdi Fikri met en scène le combat d’une famille et en particulier d’une sœur d’un jeune de banlieue mort lors de son interpellation par la police. Elle va alors se battre pour que justice soit rendue et qu’il y ait un procès pour son frère, au prix de l’équilibre de sa propre famille …
L’intrigue s’inspire évidemment de l’affaire Adama Traoré mais fait également écho aux autres affaires de délit de faciès et de violences policières récentes en France comme le montre un montage d’archives à la fin du film. « Avant que les flammes ne s’éteignent » nous emmène au plus près de la famille de la victime, de son deuil discret à son combat médiatique et met en scène une lutte pour faire admettre une bavure et allumer la mèche de la justice. Se développe alors une figure de femme héroïque de plus en plus dure portée par Camélia Jordana, pleine de nuances, aux côtés notamment de Sofian Khammes et Samir Guesmi.
Si ce trio est parfaitement convaincant, le reste du casting peine souvent à crédibiliser les scènes d’un tableau d’actualité percutant mêlant émotion et tension mais dans un discours malheureusement simpliste parfois assez didactique ou manichéen. Certaines scènes semblent ainsi plus vouloir montrer le problème que dévoiler les logiques de ce qui fait système. Par moments c’est juste gros, et à d’autres le film se veut plus fort qu’il ne l’est finalement.
En revanche d’un point de vue technique, l’ancien journaliste de L’humanité tente beaucoup de choses avec une grande variété de plans, de scènes et de tons, ce qui démontre une certaine audace et une grande maîtrise. Mais s’il y a bien de belles scènes et des ruptures de ton qui fonctionnent, certains choix n’apportent aucune plus-value et souligne alors uniquement la dimension technique du plan au lieu de renforcer le but de la scène (qu’il soit d’émouvoir ou de nous révolter).
A la fois politique et intime, « Avant que les flammes ne s’éteignent » est bien empathique et attachant mais pâtit de la comparaison avec « Nos Frangins » sorti il y a presque exactement un an (avec Reda Kateb, Lyna Khoudri, Raphaël Personnaz et également Samir Guesmi) qui traitait du même sujet mais dans une optique à la fois moins généralisée – plus précise – et plus globale également. Un premier film prometteur donc mais, in fine décevant.
Raphaël Sallenave
Mehdi Fikri’s searingly topical debut picture depicts the struggle of a family, and in particular the sister of a young man who died in police custody in the suburbs. She fights for justice and a trial for her brother, at the cost of her own family’s future…
The plot is obviously inspired by the Adama Traoré case, but also echoes other recent cases of racial profiling and police violence in France, as shown by an archive montage at the end of the film. “After the Fire” takes us up close and personal with the victim’s family, from their quiet mourning to their media battle, dramatizing a struggle to have a police brutality admitted and the fuse of justice lit. An increasingly tough heroic female figure then emerges, portrayed by the nuanced Camélia Jordana, alongside Sofian Khammes and Samir Guesmi.
While this trio is perfectly convincing, the rest of the cast often struggles to lend credibility to the scenes in a hard-hitting topical panorama mixing emotion and tension, but in an unfortunately simplistic narrative that is sometimes rather didactic or Manichean. Some scenes seem keener to show the problem than to reveal the logic behind the system. At times, it’s just too much, and at other points, the film appears stronger than it actually is.
On the other hand, from a technical point of view, the former L’humanité journalist tries a lot of things, with a wide variety of shots, scenes and tones, showing a certain audacity and a great command. But while there are some beautiful scenes and tonal shifts that do work well, some choices don’t add any depth, emphasizing only the technical dimension of the shot rather than strengthening the purpose of the scene (whether it’s to move or infuriate us).
Both political and intimate, “After the Fire” does have an empathetic and endearing quality, but suffers from comparisons with “Nos Frangins” released almost exactly a year ago (starring Reda Kateb, Lyna Khoudri, Raphaël Personnaz and also Samir Guesmi), which dealt with the exact same issue but from a perspective that was both less broad – more specific – and also more global. Overall, a promising first feature, but in the end a disappointment.
Raphaël Sallenave