L’Accident de Piano
(The Piano Accident)
2025
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Toujours avec son même ton ‘signature’ qui frôle l’absurde et la folie, le réalisateur Quentin Dupieux nous propose cette fois-ci un film légèrement plus terre-à-terre – du moins dans son message. Nous voilà donc en Haute-Savoie, quelque part entre Megève et Sallanches, où s’est très récemment installée Magalie, une femme a priori très riche et très connue – pour une raison que nous vous laisserons découvrir. Visiblement fermée à toute demande d’interview, Magalie se fait toutefois contacter par une journaliste qui, semblant en savoir un peu trop sur une mystérieuse affaire d’accident de piano dans laquelle la star paraît impliquée, lui fait du chantage pour obtenir un entretien exclusif. Magalie est alors contrainte d’accepter…
Assez déroutant en raison de la psychologie des personnages et de l’intrigue en elle-même, « L’accident de piano » l’est aussi pour certaines mises en scènes qui font à la fois très propres et très troublantes – par exemple un très gros plan sur la bouche de Magalie. À l’exception de certaines scènes aux effets spéciaux volontairement rétros, l’image demeure nette et précise, avec des couleurs neutres et froides qui renforcent le côté quelque peu aseptisé, sur le fil voire hypocrite des lieux (un vieux gymnase, un chalet luxueux, une voiture de riche…) et des protagonistes (une journaliste, une célébrité, un assistant, des fans…).
Les actrices et acteurs sont par ailleurs toutes et tous convaincants dans leurs rôles à la fois archétypaux et très justes : Sandrine Kiberlain en journaliste charismatique, Jérôme Commandeur en assistant dépassé, Karim Leklou et Gabin Visona en fans attardés et Adèle Exarchopoulos en star à part. Cette dernière est ainsi méconnaissable à interpréter un personnage aussi nonchalant, bête et immoral que cette Magalie, ce qui fait plaisir à voir !
Sans trop vouloir divulgâcher, « L’accident de piano », malgré son style très Dupieux, ne se veut pas sans fond. Il s’agit en effet avant tout d’une comédie noire à l’humour grinçant où les questions de la célébrité et de sa vanité dans nos sociétés contemporaines sont ouvertement dénoncées – et ça marche du tonnerre !
Axel Chevalier
As ever, with his signature tone on the edge of the absurd and the insane, director Quentin Dupieux delivers a slightly more down-to-earth film – at least in its theme. Here we are in Haute-Savoie, somewhere between Megève and Sallanches, where Magalie, a woman who is apparently very rich and very famous – for a reason we’ll let you discover – has very recently settled. Visibly unwilling to any interview requests, Magalie is nevertheless contacted by a journalist who, seeming to know a little too much about a mysterious piano accident in which the star seems to be involved, blackmails her to obtain an exclusive interview. Magalie is then forced to accept…
Quite disconcerting because of the psychology of the characters and the plot itself, “The Piano Accident” is also unsettling because of some of the framing, which is both very clean and very disturbing – for example, a very close-up on Magalie’s mouth. With the exception of certain scenes with deliberately vintage special effects, the picture remains sharp and precise, with cool, neutral colors that reinforce the somewhat sanitized, on-the-nose, even hypocritical feel of the locations (an old gym, a luxurious chalet, a rich man’s car…) and the protagonists (a journalist, a celebrity, an assistant, fans…).
The whole cast is very convincing in its archetypal yet very authentic roles: Sandrine Kiberlain as the charismatic journalist, Jérôme Commandeur as the overwhelmed assistant, Karim Leklou and Gabin Visona as the retarded fans and Adèle Exarchopoulos as the celebrity icon. She is unrecognizable playing a character as nonchalant, silly and immoral as Magalie, which is real fun to watch!
Without giving too much away, “The Piano Accident”, despite its very wtf-Dupieux-style, also proves very much to have substance. Above all, it’s a dark comedy with a wry sense of humor, in which the issues of celebrity and vanity in contemporary society are openly denounced – and it works like hell!
Axel Chevalier