28 ans plus tard
28 Years Later
2025
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Lindisfarne/Holy Island, Northumbrie, Royaume-Uni. 28 ans ont passé depuis l’arrivée d’un terrible virus qui a transformé en monstres une grande partie de l’humanité. Mais si elle a été éradiquée en Europe continentale, ce n’est pas le cas des îles britanniques, placées en quarantaine internationale et dont la population survivante est abandonnée à son triste sort. Mais une communauté insulaire, rattachée au « continent » par une digue submersible, semble bien s’autogérer. C’est là que Spike, douze ans, vit ; et sa première sortie sur le « continent » au milieu des infectés va changer sa perception du monde – et de la vie.
Bien qu’on ait beaucoup vanté le fait qu’il a été intégralement tourné à l’iPhone 15 Pro, « 28 ans plus tard » est surtout marquant non pas pour ses images – quoique certaines sont très belles –, mais pour sa patte visuelle et sonore très caractéristique. Le film est en effet monté d’une façon très souvent clippesque, hachée et saccadée, avec des plans très courts voire extrêmement courts (parfois plusieurs par secondes) et des « chocs » sensoriels par salves, en particulier lors des scènes d’action ou d’horreur. De fait, ce style violent, agressif et quelquefois hallucinatoire, même dans les séquences plus calmes et plus terre-à-terre, est assez difficile à assimiler durant les premières minutes tant il perturbe. Mais c’est aussi l’effet recherché : « 28 ans plus tard » veut transmettre au public la confusion, la panique et la folie viscérales qui habitent les personnages pour la plupart traumatisés par une brutalité qu’ils ont d’ailleurs intériorisée. Ainsi, outre une focalisation spasmodique sur les détails sanguinaires et écœurants, le film insère moult flashs cauchemardesques qui brouillent notre rapport à la réalité et à la temporalité.
« 28 ans plus tard » a par conséquent un rythme irrégulier, oscillant entre le percutant-haletant et le paisible-onirique, à l’instar des humeurs de la mère de Spike, en proie à une démence qui symbolise bien la fragilité et l’instabilité de l’espèce humaine dans ce palpitant long-métrage qui de surcroît porte une philosophie claire : memento mori.
Axel Chevalier
Lindisfarne/Holy Island, Northumbria, UK. 28 years have passed since the outbreak of a terrible virus that turned much of humanity into monsters. But while the virus has been eradicated in continental Europe, this is not the case in the British Isles, which have been placed under international quarantine and whose surviving population has been abandoned to its sad fate. But one island community, attached to the “mainland” by a submersible sea wall, seems to be managing just fine. This is where twelve-year-old Spike lives, and his first outing on the “mainland” among the infected will change his perception of the world – and of life.
Although much has been said about the fact that it was shot entirely on the iPhone 15 Pro, “28 Years Later” is best appreciated not for its cinematography – although some shots are very beautiful – but for its highly distinctive visual and sound design. The film is often edited in a clip-like, choppy, jerky way, with very short or extremely short takes (sometimes several per second) and sensory “shocks” in bursts, particularly during action or horror scenes. In fact, this violent, aggressive and sometimes hallucinatory style, even in the calmer, more down-to-earth sequences, is quite difficult to digest in the first few minutes, as it is so unsettling. But this is also the intended effect: “28 Years Later” wants to convey to the audience the confusion, panic and visceral madness that inhabit the characters, most of whom have been traumatized by a brutality they have, in fact, internalized. Thus, in addition to a spasmodic focus on bloody, sickening details, the film features many nightmarish flashes that blur our sense of reality and temporality.
As a result, “28 Years Later” features an irregular pace, oscillating between the hard-hitting and the peaceful-oniric, as do the moods of Spike’s mother, who is plagued by dementia, a fitting symbol of the fragility and instability of the human species in this thrilling feature film, which also conveys a strong moral: memento mori.
Axel Chevalier