2001 : L’Odyssée de l’Espace
2001: A Space Odyssey
[Dossier]
Best Visual Effects – Oscars
Best Art Direction – BAFTA
Best Cinematography – BAFTA
Best Sound – BAFTA
Donatello Best Foreign Film – Italy
1968
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Nous sommes en 1968, Stanley Kubrick sort son nouveau film après « Docteur Folamour », et signe ce qui restera sans aucun doute l’un des plus grands de l’histoire du cinéma.
Après un film de guerre, un drame psychologique, et une satire politique, le réalisateur britannique s’attaque donc à la science-fiction avec un scénario qu’il co-écrit avec Arthur C. Clarke (auteurs des deux nouvelles ayant inspiré le film « A l’aube de l’histoire » et « La sentinelle ») en parallèle du livre éponyme également publié en 1968. « 2001 : L’odyssée de l’espace » symbolise parfaitement le style Kubrick en s’attaquant à un nouveau genre, en relevant de nouveaux défis, et en combinant une incroyable précision technique avec un message fort aux nombreuses questions sous-jacentes. Pour son premier film en couleur, il se renouvelle donc une nouvelle fois et prend un risque considérable en proposant une œuvre de science-fiction très en avance sur son temps, une histoire sans synopsis véritablement apparent ou évident, et une expérience de cinéma qui pose in fine plus de questions qu’elle ne donne de réponses laissant le spectateur libre de se faire sa propre idée sur le sens du film. Comme l’indique le poster, « 2001 » est un “drame épique d’aventure et d’exploration” où l’on y suit donc une exploration spatiale mais le film lui-même en est aussi une tant il interpelle son public. Kubrick se détourna tout simplement des conventions cinématographiques et narratives, il innova et réalisa l’une des œuvres de SF les plus emblématiques de l’histoire. Il y a un cinéma pré et un cinéma post-2001.
C’est d’ailleurs le film qui permit à Kubrick de remporter son premier et unique Oscar de toute sa carrière pour ses impressionnants effets spéciaux dont les visuels étaient si inédits pour l’époque. Tout y est évidemment fait sans l’aide d’ordinateurs avec une incroyable minutie. Les vaisseaux sont tous d’immenses maquettes très soignées avec l’éclairage approprié pour donner l’impression d’avoir déjà servis et ainsi renforcer la suspension d’incrédulité du spectateur. Un décor en constante rotation fut créé pour défier les lois de la gravité dans les vaisseaux, c’était alors une vraie révolution technique. « 2001 » adapta de plus le procédé du slit-scan au cinéma pour la séquence de ‘Stargate’ et fut pionnier dans l’utilisation de la projection frontale pour les scènes sur la Lune ou en Afrique. En effet, pour l’anecdote, le film ne fut même pas nommé pour l’Oscar des meilleurs costumes pour son prologue nous plongeant plusieurs millions d’années en arrière avec une tribu d’Homini (chimpanzés) en Afrique qui était en réalité tourné en studio par des acteurs, avec ce qui ne pouvait être que des costumes tout simplement trop parfaits pour être vus comme tels. Cette séquence se conclut par ailleurs par ce qui reste sûrement comme le meilleur raccord de mouvement de l’Histoire résumant parfaitement l’évolution de l’humanité en un seul raccord qui ne sert alors pas que de transition mais devient aussi un élément de l’histoire, c’est une ellipse qui dit plus qu’un simple dialogue ne le pourrait.
Il donne également une voix à la musique du film – à des années-lumière des compositions épiques auxquelles nous sommes depuis habitués dans les aventures SF – avec des choix surprenants structurant les aspects narratifs et spéculatifs du film. Le poème symphonique de Richard Strauss « Ainsi parlait Zarathoustra » (Nietzsche) suggère ainsi la notion de progrès en introduction et conclusion du film quand le Requiem oppressant et déstructuré de György Ligeti évoque la dimension indiscernable et irrationnelle du monolithe, pièce centrale de l’intrigue. Ses décors rotatifs lui évoquent la valse du « Bean Danube Bleu » de Johann Strauss pour les scènes spatiales de gravité artificielle et la chanson « Daisy Belle » de Harry Dacre que chante un HAL agonisant renvoie à la toute première chanson ‘apprise’ par un ordinateur (un IBM) en 1961. Quant à la composition originale d’Alex North, elle existe bien puisque le studio MGM l’avait engagé pour composer la musique du film, mais Kubrick n’a tout simplement utilisé aucune de ses créations préférant ses choix plus riches de sens. S’il donne un sens à la musique, il laisse également les images parler par elles-mêmes et ose simplement recourir au silence pour exprimer l’inconnu de l’espace, ce qui s’est depuis révélé juste, car l’on sait maintenant qu’il n’y a en effet pas de son dans l’espace. Il faut se rendre compte que lorsque « 2001 » est tourné, il n’y avait pas encore de photographies de l’espace, personne n’avait encore marché sur la Lune, et on ne savait pas à quoi ressemblait la Terre vue depuis l’ISS.
Toutes ces décisions visuelles et musicales n’en sont que plus impressionnantes et démontrent l’incroyable indépendance artistique du réalisateur britannique et son souci du détail pour tous les aspects techniques. Pourtant, « 2001 » est loin d’être seulement un bijou d’orfèvre, c’est aussi une véritable mine d’or abordant plusieurs thèmes, parfois juste l’espace de quelques secondes, poussant constamment le spectateur à réfléchir à son propre monde et à son futur envisagé.
Le film évoque à la fois l’évolution de l’humanité, les voyages dans l’espace et l’influence extra-terrestre, ainsi que l’intelligence artificielle et le voyage à travers une autre dimension : l’espace-temps. C’est considérable pour un seul film (le tout en moins de 2h30) ! Toutes ces thématiques ne sont cependant pas traitées avec le même degré, le leitmotiv portant plutôt sur une interrogation sur l’humain à la fois sur nos origines et notre sort entre progression et régression. Mais le film inclut également des questions sous-jacentes abordées seulement dans une scène ou dans un court dialogue. C’est le cas notamment de l’uniformisation culinaire dans une scène où des astronautes américains choisissent des plats différents qui ont tous exactement la même couleur et la même consistance ; ainsi que des relations extérieures à double vitesse avec une opposition entre la coopération des astronautes pour la science et la recherche spatiale (ce qui est donc extérieur aux nations) et les tensions géopolitiques bien présentes sur Terre comme en témoigne le refus des Américains de révéler à leurs ‘collègues’ russes quoi que ce soit sur leurs opérations lunaires – le film est en cela également un produit de la guerre froide. Cette décision de l’exécutif américain démontre également comment les Humains gèrent ce qu’ils ne comprennent pas (ici le Monolithe, symbole même de l’énigme) : ils le cachent au reste du monde (y compris à leurs propres citoyens) et ne collaborent surtout pas.
C’est donc un film sur l’Homme, l’histoire de l’humanité et son parcours, d’un début hypothétique à une fin hypothétique en passant par des étapes auxquelles les spectateurs des années 1960 jusqu’à aujourd’hui s’identifieront. Très logiquement le prologue de cette épopée dans le temps démarre par la découverte de l’outil par le singe. Il se sert ainsi de l’os d’abord comme un outil, puis comme d’une arme contre les autres espèces dans le but de protéger la sienne, puis comme d’une arme contre sa propre espèce pour conquérir un territoire avant de lancer les progrès techniques dans le ciel jusqu’aux satellites orbitaux. Voilà donc l’histoire de l’humanité résumée sans aucun dialogue en un prologue d’un récit SF questionnant aussi bien nos choix que notre futur. L’un des choix remis en question dans cette progression de l’espèce est donc son recours à la technologie symbolisée par l’intelligence artificielle nommée HAL (Kubrick utilisant ainsi un décalage alphabétique pour mettre en lumière le développement de l’informatique à cette époque et en particulier de la célèbre marque IBM). Cette intelligence artificielle (IA) très avancée est d’ailleurs plus vue comme un membre d’équipage à part entière que comme un simple programme, ce qui est renforcé par sa scène d’agonie qui est la plus émouvante du film et contraste fortement avec les décès cliniques et froids des astronautes humains. Mais le comportement de HAL n’est jamais véritablement expliqué dans le film (contrairement au livre), Kubrick préférant – comme sur tous les autres sujets abordés – laisser le spectateur dans le doute comme face à ce mystérieux Monolithe noir dont la présence et la découverte structurent les chapitres. Un objet au design si simple qu’il en est devenu iconique et une véritable référence dans le monde de l’art. En effet quoi de plus simple et de plus symbolique pour représenter ce qu’on ne comprend pas et qu’on imagine tous différemment. Sa simple forme noire rectangulaire représente tout ce qu’il y a de plus banal, un écran noir qui n’indique rien, où l’on ne discerne rien, permettant à tous d’y apposer sa propre interprétation, qu’il s’agisse comme le suggère l’intrigue d’une espèce alien ou non. Le film suggère en effet plus qu’il ne représente dans la mesure où il est peu probable qu’une forme de vie extra-terrestre ait une quelconque ressemblance avec la vie sur Terre.
Pour revenir à la description du poster, « 2001 » est bien une véritable exploration pleine de questions et totalement libre d’interprétation. Si le livre explique certaines questions laissées en suspens dans le film, ce dernier gagne à ne rien expliciter, chaque spectateur sortant de la salle avec sa propre version de la même aventure (n’est-ce pas le sort de notre propre histoire in fine ?). Un long écran noir tel l’intermission d’un long film, symbolise le point de bascule où l’on quitte le commentaire social humaniste de l’œuvre SF pour rentrer dans sa dimension utopique plus onirique et spéculative lorsque Bowman traverse l’espace-temps (l’acte étant inimaginable, le spectateur expérimente son incompréhension). Cette séquence de couleurs psychédéliques contient de nombreux jeux d’images et de formes. On peut par exemple y voir les couleurs et formes d’un fœtus rouge avec une tache blanche en approche assimilant visuellement cette entrée dans le temps à une pénétration. L’on peut tout à fait voir l’entrée dans le temps aussi comme une naissance, qui donne une tout autre lecture de l’enfant des étoiles à la fin. Qu’est-ce que ce bébé-univers nous indiquerait-t-il alors ? Nous voyons-nous au centre de l’univers ou sommes-nous tout simplement l’univers ? A toujours chercher l’autre, jusqu’à l’au-delà on ne finirait que par se trouver soi-même ? C’est une interprétation plus philosophique que je fais de l’épilogue, mais l’interprétation cosmique selon laquelle une espèce extra-terrestre se consacrerait à l’évolution dans l’univers et aurait expérimenté avec la vie sur Terre est également parfaitement valable. « 2001 » s’apparenterait alors à un mythe nous transportant de la transition du singe à l’Homme jusqu’à celle de l’Homme au Surhomme, un être supérieur d’énergie pure, prochaine étape de notre évolution ?
D’innombrables films et autres œuvres lui ont depuis rendu hommage ou s’en sont inspirés à commencer par « Barbie » le récent succès box-office planétaire des studios Warner (avec qui Kubrick travailla après « 2001 ») dont tout le prologue est un hommage plan pour plan à celui de « L’odyssée de l’espace » remplaçant les singes par des fillettes et le Monolithe apportant le progrès humain par la Barbie stéréotypée de Margot Robbie. Le film de Kubrick a également été déterminant dans la création en 1977 du phénomène de George Lucas s’inspirant notamment de la séquence de ‘Stargate’ pour les visuels du passage en hyperespace dans Star Wars. Plus récemment, Christopher Nolan signait une nouvelle œuvre majeure de la SF avec « Interstellar » qui doit beaucoup à « 2001 » en termes de structure de l’intrigue et y fait référence dans ses séquences de traversée du trou noir proche de Jupiter et d’exploration de l’espace-temps, ainsi qu’à travers le personnage de TARS, une IA en forme de Monolithe métallique. Le questionnement de la technologie et plus spécialement de l’IA dans « 2001 » a depuis été repris par de nombreux films à commencer par « AI : Artificial Intelligence » de Steven Spielberg qui termina un projet inachevé de Kubrick sorti justement en 2001 ; mais aussi les films américains « Her » ou « Ex Machina » sur la question du remplacement de l’espèce humaine, ou récemment Mission Impossible « Dead Reckoning » sur les dangers d’une IA hors de sa boucle, ainsi que « Oblivion » et « Wall-E » des studios Pixar pour le design devenu emblématique.
« 2001 : L’odyssée de l’espace » est au final une œuvre assez inclassable sur l’humain et l’humanité, un film extrêmement riche, particulièrement précurseur (il y a un Ipad en 1968 !), et profondément intelligent. C’est une expérience visuelle intensément subjective conçue directement pour notre inconscient sans véritable grille de lecture. Telle une symphonie, ce n’est pas une œuvre qui doit être expliquée – ce serait l’émasculer – mais doit juste amener le public à y réfléchir et se questionner. Un vrai chef d’œuvre à voir en salles …
Raphaël Sallenave
The year is 1968, Stanley Kubrick releases his new film after “Doctor Strangelove”, and delivers what will undoubtedly go down as one of the greatest in the history of cinema.
After a war film, a psychological drama and a political satire, the British director turns to science fiction with a screenplay he co-wrote with Arthur C. Clarke (who wrote the two short stories that inspired the film “Encounter in the Dawn” and “The Sentinel”), concurrently with the book of the same name also published in 1968. “2001: A Space Odyssey” epitomizes the Kubrick style, tackling a new genre, taking on new challenges, and combining incredible technical precision with a strong message and many underlying questions. For his first project in color, Kubrick once again takes a considerable risk, presenting a work of science fiction far ahead of its time, a story with no real clear or explicit plot, and a cinematic experience that ultimately raises more questions than it provides answers, leaving the viewer free to make up their own thoughts about the film’s meaning. As the poster indicates, “2001” is an « epic drama of adventure and exploration », in which we do follow an exploration of space, but the film itself is also one of its own, as it constantly challenges its audience. Quite simply, Kubrick refused to acknowledge there were any rules he had to play by in terms of narrative, he broke new ground and created one of the most iconic science-fiction piece in history. There is a cinema before and a cinema after “2001”.
In fact, this is the movie that won Kubrick his first and only Oscar of his entire career for its impressive special effects, as the visuals were so unprecedented at the time. Everything, of course, is done with incredible meticulousness and without the use of computers. The ships are all huge, carefully crafted models, with the right lighting to give the impression of having been used before, and thus enhance the viewer’s suspension of disbelief. A constantly rotating set was created to defy the gravity laws in the spaceships which represented a true technical revolution. “2001” also adapted the slit-scan process to cinema for the ‘Stargate’ sequence, and pioneered the use of front projection for scenes on the Moon or in Africa. Indeed, for the record, the film wasn’t even nominated for an Oscar for Best Costume Design for its prologue immersing us several million years in the past with a tribe of Homini (chimpanzees) in Africa, which was actually shot in the studio with actors in what could only be costumes simply too perfect to be seen as such. The sequence concludes with what is surely the best match cut of all time, perfectly summarizing the evolution of mankind in a single cut that not only acts as a transition but also becomes part of the story, an ellipsis that says more than dialogue ever could.
He also gives a voice to the film’s music – far, far away from the epic scores we’ve become accustomed to in sci-fi adventures – with surprising choices structuring the film’s narrative and speculative aspects. Richard Strauss’s symphonic poem “Thus Spoke Zarathustra” (Nietzsche) suggests the notion of progress in the film’s introduction and conclusion, while György Ligeti’s oppressive, unstructured Requiem evokes the indiscernible, irrational dimension of the monolith, the plot’s centerpiece. His rotating sets evoked to him Johann Strauss’s waltz “The Blue Danube” for the space scenes of artificial gravity, and Harry Dacre’s song “Daisy Belle”, sung by an agonizing HAL, referred to the very first song ‘learned’ by a computer (an IBM) in 1961. As for Alex North’s original composition, it does exist, since the MGM studio hired him to compose the film’s music, but Kubrick simply didn’t use any of his scores, favouring his more meaningful choices. While he gave meaning to the music, he also let the images speak for themselves, and dared to use silence to express the unknown of space, which has since been proven right, as we now know that there is indeed no sound in space. Remember that when “2001” was shot, there were no photographs of space yet, no one had walked on the Moon, and we didn’t know what the Earth looked like from the ISS.
All these visual and musical decisions are all the more impressive, and demonstrate the British director’s incredible artistic freedom and attention to detail in every technical aspect. And yet, “2001” is far from just a craftsman’s jewel; it’s also a real goldmine, dealing with several themes, sometimes in the space of just a few seconds, constantly pushing viewers to ponder their own world and imagined future.
The film deals with the evolution of humanity, space travel and extraterrestrial influence, as well as artificial intelligence and the journey through another dimension: space-time. That’s quite a lot for a single movie (under 150 minutes)! However, not all these themes are dealt with to the same extent, with the leitmotif being a questioning of the human being, both in terms of our origins and our fate between progression and regression. But the film also includes a number of underlying issues that are only touched on in one scene or in a short piece of dialogue. These include the standardization of food in a scene in which American astronauts choose different kinds of dinner, all of which have exactly the same color and consistency; as well as double-edged foreign relations, with the opposition between the astronauts’ cooperation in science and space research ( i.e. external to the nations) and the geopolitical tensions present on Earth, as evidenced by the Americans’ refusal to reveal anything about their lunar operations to their Russian ‘colleagues’ – in that respect, the film is also a product of the Cold War. This decision by the American executive also demonstrates how humans deal with what they don’t understand (in this case, the Monolith, the very symbol of the enigma): they hide it from the rest of the world (including their own citizens) and, above all, do not work together.
It’s a film about humans, the history of mankind and its journey, from a hypothetical beginning to a hypothetical end, passing through stages with which viewers from the 1960s to the present day will relate to. Logically, the prologue to this epic journey through time begins with the discovery of the tool by the ape. He first used the bone as a tool, then as a weapon against other species in order to protect his own, and then as a weapon against his own species in order to conquer a territory, before launching technical progress into the sky, culminating in orbital satellites. This is the history of mankind, summed up with no dialogue in a prologue to a sci-fi tale that questions both our choices and our future. One of the choices called into question in this progression of the species is its reliance on technology, represented by the artificial intelligence known as HAL (Kubrick uses an alphabetical shift to highlight the development of computing at the time, and in particular the famous IBM brand). This highly advanced artificial intelligence (AI) is seen more as a full-fledged crew member than as a mere program, a point emphasized by its agony scene, which is the most moving in the whole film and contrasts sharply with the cold, clinical deaths of the human astronauts. But HAL’s behavior is never really explained in the film (unlike in the book), Kubrick preferring – as with all other issues – to leave the viewer in doubt, as with the mysterious black Monolith whose presence and discovery structure the chapters. An object of such simple design that it has become an iconic reference in the art world. Indeed, what could be simpler and more symbolic to represent what we don’t understand and what we all imagine differently? Its simple rectangular black shape represents all that is most ordinary, a black screen that indicates nothing, where nothing can be seen, allowing everyone to draw their own interpretation on it, whether, as the plot suggests, it’s an alien species or not. Indeed, the film suggests more than it depicts, since it is unlikely that any alien life-form would bear any resemblance to life on Earth.
To get back to the poster’s tagline, “2001” is a real exploration, full of questions and totally open to interpretation. If the book explains some of the questions left unanswered in the film, the latter is better off not spelling anything out, with each viewer leaving the theater with their own version of the same adventure (isn’t that the fate of our own history in the end?). A long black screen, reminiscent of the intermission of a long movie, symbolizes the tipping point where we leave the humanist social commentary of the sci-fi work to enter its more dreamlike, speculative utopian dimension when Bowman crosses space-time (the act being unimaginable, the viewer experiences his puzzlement). This sequence of psychedelic colors features numerous patterns of images and shapes. For example, the colors and shapes of a red fetus with an incoming white spot can be seen, visually assimilating this step into time with a penetration. This entry into time can also be seen as a birth, which gives a completely different perspective on the star child at the end. So, what does this baby-universe tell us? Do we see ourselves at the center of the universe, or are we simply THE universe? By constantly searching for the other, all the way to the beyond, do we only end up finding ourselves? This is my more philosophical interpretation of the epilogue, but the cosmic one, in which an extraterrestrial species devoted itself to evolution in the universe and experimented with life on Earth, is also perfectly valid. Could “2001” be a myth, taking us from the transition from ape to man, to the transition from man to superman, a superior being of pure energy, the next stage in our evolution?
Since then, countless films and other works have paid tribute to or been inspired by this movie, starting with “Barbie”, the recent worldwide box-office smash from Warner Studios (with whom Kubrick worked after “2001”), whose entire prologue is a shot-for-shot homage to that of “A Space Odyssey”, replacing the apes with little girls and the Monolith bringing human progress with Margot Robbie’s stereotypical Barbie. Kubrick’s film was also instrumental in the creation of George Lucas’s 1977 phenomenon, with the ‘Stargate’ sequence providing the inspiration for the Star Wars hyperspace jump visuals. More recently, Christopher Nolan created a new sci-fi gem with “Interstellar”, which owes a great deal to “2001” in terms of plot structure and references it in its sequences of crossing the black hole near Jupiter and exploring space-time, as well as through the character of TARS, an AI in the shape of a metallic Monolith. The questioning of technology, and AI in particular, in “2001” has since been taken up by numerous movies, starting with Steven Spielberg’s “AI: Artificial Intelligence”, which completed Kubrick’s unfinished project and was released in 2001; as well as the American films “Her” and “Ex Machina” on the question of the replacement of the human species, or more recently Mission Impossible “Dead Reckoning” on the dangers of the AI out of its loop, or “Oblivion” and Pixar Studios‘ “Wall-E” for the AI iconic design.
In the end, “2001: A Space Odyssey” is a rather unclassifiable work about humans and humanity, an extremely rich film, particularly visionary (there’s an iPad in 1968!), and profoundly intelligent. It’s an intensely subjective visual experience designed directly for our subconscious, with no real interpretation framework. Like a symphony, it’s not a work that needs to be explained – to do so would strip its essence – but should simply lead the audience to ponder and question. A true masterpiece to be seen in cinemas…
Raphaël Sallenave